J’espère que vous me pardonnerez ce jeu de mots douteux pour commencer l’année, mais je n’ai pas pu résister. Tout ça pour annoncer une dédicace à laquelle je participerai ce samedi 8 à la Fnac Vélizy à partir de 15h avec une partie de l’équipe de Kadath (Raphaël Granier de Cassagnac et Nicolas Fructus). D’autres signatures/salons/interventions en bibliothèque sont prévues pour 2011 mais j’attends qu’elles soient confirmées officiellement pour les annoncer ici.
Lors des derniers jours de 2010, je vous entretenais ici de mon intérêt tout nouveau pour les jeux sur PS3. J’ai réussi depuis à me débloquer un dimanche et quelques soirées pour en tester un qui m’intriguait particulièrement. J’ai cru comprendre que Heavy Rain était loin de faire l’unanimité. Certains lui reprochent son gameplay trop directif et un scénario non dépourvu de clichés ; d’autres s’extasient sur son côté immersif. Je me range de ce côté-là, même si je comprends les réserves émises sur ce jeu : les personnages sont effectivement assez archétypaux, et quelques points de scénarios m’ont fait tiquer. Moi qui ai toujours eu une fascination pour les jeux d’aventure où le personnage se balade dans un décor en 3D, manipule les objets qui l’entourent, etc, j’étais déjà ravie d’en avoir un sur PS3 – en réalité, j’ai joué à très peu de jeux de ce genre, et le dernier remonte à Phantasmagoria il y a une dizaine d’années. Mais là où Heavy Rain se distingue (en tout cas à mes yeux de novice qui connaît encore très mal le domaine), c’est par son côté « film interactif ». Les cadrages, l’ambiance sombre et pluvieuse, la musique lancinante, le générique, tout y est. On incarne tour à tour quatre personnages lancés sur la piste d’un tueur en série qui enlève de jeunes garçons par temps de forte pluie, et dont on retrouve ensuite les victimes noyées, un origami dans la main. L’un des personnages est le père du dernier garçon enlevé, embarqué dans un jeu de pistes mis en scène par le tueur. Ils n’ont que quelques jours pour le retrouver. Et chacun des choix effectués par les personnages peut influer sur le cours de l’intrigue. Chaque partie, m’a-t-on dit, est un film différent. Vu le fiasco qu’a été ma première partie (trois personnages morts et le tueur en liberté), je me suis empressée de rejouer le tout début. Pour constater effectivement que même sur une scène anodine entre père et fils, la tonalité change totalement selon les interactions choisies.
Le jeu est vendu comme étant avant tout une expérience émotionnelle. J’étais sceptique au départ, tant le personnage d’Ethan Mars, le bon père de famille marqué par un premier drame puis par l’enlèvement de son fils, me paraissait agaçant. Trop classique, trop hollywoodien pour permettre la moindre identification de ma part. Sauf que les scènes les plus impressionnantes à jouer (voire les plus stressantes) sont les siennes. Et qu’on finit par réellement se prendre au jeu et l’accompagner dans sa descente aux enfers. J’ai lu une critique qui rapprochait Heavy Rain de Seven ; personnellement, j’ai plutôt pensé à Dexter, notamment la première saison. Moins pour l’enquête sur un tueur en série que pour la tristesse ambiante, un côté tragique qui imprègne tout le jeu. On peut mener les personnages dans la bonne direction et l’histoire vers un dénouement heureux, ça n’enlèvera rien au fait qu’il s’est passé des événements terribles. La pluie qui baigne le jeu tout du long ne cesse de nous le rappeler.
Je comprends qu’on puisse trouver le jeu frustrant dans la mesure où les actions qu’il permet restent assez limitées, et le rythme assez lent ; on est amené à jouer pas mal de gestes anodins (prendre une douche, préparer le repas, nouer une cravate), mais j’ai trouvé ça plutôt amusant. En réalité, l’action porte moins sur le gameplay lui-même que sur les conséquences de nos choix (encore qu’il y ait des scènes cruciales que j’ai ratées pour n’avoir pas appuyé sur la bonne touche au bon moment). Moi qui m’intéresse finalement plus aux histoires qu’à la partie purement technique, j’ai adoré l’expérience, qui m’a très curieusement rappelé le diptyque Smoking/No smoking d’Alain Resnais que j’avais trouvé très ludique à l’époque. Il ne me reste plus qu’à recommencer du début en essayant de mieux comprendre comment s’enclenchent les événements – et de ne pas tuer tout le monde, cette fois-ci. D’autant que certaines scènes doivent prendre un tout autre sens lorsqu’on connaît l’identité du tueur.
Dans un monde moins virtuel, c’est cette semaine que sort la version poche de Notre-Dame-aux-Écailles, qui devrait être en librairie à l’heure où vous lisez ces lignes. Cette semaine aussi que paraît chez Rivière Blanche le Carnaval sans roi de Francis Berthelot, qui fait suite aux autres romans de son cycle du « Rêve du démiurge ». Les romans sont liés entre eux par les personnages mais chacun est une intrigue indépendante ; tous sont beaux et poétiques, et infiniment recommandables. J’attends de lire celui-ci avec d’autant plus de curiosité qu’on y retrouve Kantor, l’un des personnages de Nuit de colère qui m’avait beaucoup marquée. Si vous ne connaissez pas encore les romans de Francis Berthelot, c’est l’occasion de les découvrir.