Je parlais récemment de l’exposition « La nostalgie appliquée », qui met en parallèle des photos de mon amie Vinciane Verguethen prises à Belgrade et du photographe serbe Nebojša Babić prises à Paris. L’idée étant que chacun des photographes capture dans la ville de l’autre des images qui lui rappellent la sienne, de sorte que les deux séries se répondent en écho. J’ai enfin pu passer voir cette expo hier, en compagnie de Vinciane qui m’en a fait la visite guidée. Une impression m’a frappée en arrivant, pendant que j’attendais que Vinciane me rejoigne : face à certaines de ses photos, une impression d’évidence sur laquelle j’aurais du mal à mettre des mots. Je ressens ça régulièrement quand je découvre ses photos sur Flickr ou sur le Cargo, je l’ai ressenti de nouveau hier, par exemple quand je suis tombée en arrêt devant une photo pourtant toute simple : deux bancs, un pigeon, une étendue d’herbe, et il se passe quelque chose de très fort sans que j’arrive à expliquer quoi. Il y a vraiment quelque chose qui me touche profondément dans son travail de photographe, un regard particulier, un travail sur les couleurs, une lumière, une douceur, difficile à expliquer. Je crois qu’elle fait très clairement partie des gens qui ont fait évoluer mon regard sur la photo depuis l’an dernier. J’aime particulièrement ses portraits, et notamment ses photos posées de musiciens (quelques-unes de mes préférées – Alina Simone, Brisa Roché, Vic Chesnutt entre autres – figurent dans cette série pour vous en donner une idée).
Pour en revenir à l’exposition, la mise en parallèle des deux séries est particulièrement intéressante. Des lieux, des portraits, qui se répondent parfois de manière assez troublante. Je pense notamment à deux passants photographiés devant des murs couverts de graffitis, et aussi à deux portraits placés côte à côte, un homme photographié par hasard dans la rue à Paris, une femme en train de faire des photos de mode à Belgrade. On s’amuse à chercher des échos d’une photo à l’autre, certains sont surprenants, d’autres un peu plus superficiels, mais c’est toujours ludique. Pour l’anecdote, il semblerait que les photos de Nebojša Babić aient été prises au G9, mon appareil à moi que j’ai. Je crois que je ne me rends pas encore bien compte de ce dont cet appareil est capable.
L’exposition se tient jusqu’à début décembre au Centre Culturel de Serbie, 123 rue Saint-Martin, juste en face de Beaubourg. Vous pouvez déjà avoir un aperçu de l’exposition sur ce site – mais c’est forcément beaucoup mieux en vrai.