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Et pendant ce temps, Paris au mois d’août

 

C’est toujours bizarre, le mois d’août à Paris, surtout quand tout le monde est parti en vacances. Déjà que j’ai une très nette tendance cyclothymique ascendant introspective, cette période n’arrange pas les choses. Je suis rentrée chez moi hier et j’ai hâte de repartir mercredi passer quelques jours dans le Tarn. Je tourne un peu en rond, même si j’ai eu la chance de pouvoir voir coup sur coup deux amies pas recroisées depuis un bail (l’une parce qu’on s’était perdues de vues un moment, l’autre parce qu’elle a déménagé il y a quelques années).

 

Pour l’instant, j’ai envie de voir des amis qui sont partis en vacances et que je n’ai pas vus autant que j’aurais voulu ces derniers temps – j’étais trop occupée, eux aussi sans doute. Je ne peux pas passer chez Scylla taper la discute, la librairie étant fermée tout le mois d’août. J’ai envie de profiter de ce qui reste de l’été sans trop savoir comment. C’est curieux, mais moi qui n’avais, pendant longtemps, aucune envie de faire « comme les autres », je commence à en revenir. Après avoir découvert que je ressentais vraiment le besoin de faire relâche le dimanche, alors que je travaillais tous les jours de la semaine auparavant, je m’aperçois que j’envie les salariés qui prennent leurs vacances, surtout ceux qui partent à l’étranger ou dans des coins qu’ils ne connaissent pas, enfin de « vraies » vacances d’été dépaysantes. Vous me direz, je n’ai pas à me plaindre, j’ai eu droit à dix jours à Houston cette année. Mais quand on part en mars, il manque une coupure pendant l’été.

 

Plus bizarre encore, moi qui ai toujours été une solitaire, je m’aperçois depuis quelques semaines que l’idée de passer toute une journée sans voir personne, ou toute une semaine sans voir d’amis, me fait vraiment flipper. Je ne reste que quatre jours à Paris avant de repartir mais j’ai hâte de changer d’air et de voir du monde. Je me faisais la réflexion, il y a quelques jours, qu’on mesure le passage du temps aux amis qu’on s’est faits pendant une période donnée, à ceux qu’on a perdus de vue, ceux dont on s’est simplement éloignés et ceux avec lesquels on s’est brouillés. C’est une idée que je trouve plus déprimante qu’autre chose. Je me suis demandé également dans la foulée s’il n’y a pas un moment, vers la trentaine, où l’on commence à regarder par-dessus son épaule plutôt que devant soi. On commence à dresser des bilans, à compter « le nombre d’années depuis que » − onze ans que j’habite Paris, dix ans que j’ai écrit mon premier texte publié, huit ans que je suis entrée dans le milieu SF et que ma vie telle qu’elle est actuellement a commencé à prendre forme, X années depuis que je connais telle ou telle personne (et sur une note plus futile, deux ans que je me laisse pousser les cheveux et ce n’est pas fini, mais j’aurais cru que ça pousserait beaucoup plus vite). C’est un peu vertigineux. J’ai l’impression que c’est entre vingt et trente ans qu’on pose les bases de notre vie d’adulte et qu’on est ensuite plus ou moins sur des rails. Ça devrait être rassurant une fois qu’on s’y trouve mais ça ne l’est finalement pas tant que ça. C’est plus motivant de courir après des rêves et des projets, même sans certitude d’y arriver, que de se demander « Et maintenant ? » J’espère que c’est juste une phase et qu’on repart ensuite sur autre chose.

 

À part ça, bilan de la semaine garantie 100% sans boulot. Je n’ai pas tout à fait lu ni glandé autant que j’aurais voulu (même si j’ai enfin réussi à finir le Firestarter de Stephen King), et j’ai redécouvert les joies des grosses insomnies qui vous tombent dessus la première nuit où vous pouvez rattraper le sommeil en retard accumulé depuis des semaines – heureusement, j’ai bien récupéré ensuite. Après le séjour à Gand dont j’ai déjà parlé ici, une balade au Touquet pour admirer une expo de sculptures sur sable assez bluffante (la preuve en images), marcher dans le sable et choper le premier et seul coup de soleil de la semaine, puisque c’était le seul jour de beau temps. Et les traducteurs, c’est comme les plantes, ça a besoin de soleil pour s’épanouir. J’ai fini la saison 2 de Desperate Houseviwes que j’avais reçue pour mon anniversaire en novembre dernier (il était temps), fait tourner en boucle le DVD des Dresden Dolls que je n’avais pas encore eu le temps de regarder (surtout une inédite intitulée Pierre qui prend la forme d’un dialogue assez rigolo), feuilleté un ou deux Astérix et globalement pas vu passer le temps.

 

Reprise des activités hier : je replonge dans l’univers de Graham Joyce pour la première fois depuis la traduction des Limites de l’enchantement il y a deux ans et je tâtonne un peu pour y retrouver mes marques. Mais c’est toujours un plaisir de retrouver son style. J’ai aussi une idée de nouvelle qui se précise peu à peu pour un appel à textes qui prend fin vers mi-septembre. Si j’arrive à la mener à terme, ce sera ma quatrième nouvelle de l’année, ce qui est plutôt pas mal compte tenu de mon rythme habituel (même si « Emily », vu sa brièveté, ne compte peut-être pas vraiment). Le gros du texte est en place mais l’un des personnages centraux refuse curieusement de se laisser développer, ce qui pose problème pour une partie de l’intrigue.

 

Et sinon, mon portefeuille fait la gueule. J’ai commencé à recenser les concerts intéressants à voir à la rentrée, entre les places que j’ai déjà achetées et les dates qui me font de l’œil, et c’est assez impressionnant. J’ai déjà la certitude d’aller voir les Kills, Amanda Palmer, Calexico (groupe que j’ai vu pour la première fois il y a tout juste dix ans, j’en reviens aux bilans), Suzanne Vega et deux dates du festival Fargo All Stars une pour Jesse Sykes, une pour My Brightest Diamond, tout ça rien qu’en octobre, et je suis potentiellement intéressée par dEUS, Laetitia Shériff et Phoebe Killdeer/21 Love Hotel, sans compter que les annonces de concerts ne vont pas s’arrêter là. Ça va finir par me revenir cher, tout ça, en plus de ne pas aider à se concentrer sur le boulot.

 

En attendant, je délocalise mon bureau de traductrice quelques jours dans le Tarn à partir de mercredi, histoire de changer d’air et de voir des amis. Y aura la campagne et deux chats à embêter. Je ne sais pas trop si j’appréhende la rentrée – pas envie de reprendre le rythme soutenu de ces derniers mois, pas tout de suite en tout cas – ou si j’attends impatiemment le moment où la plupart des gens seront rentrés de vacances. Dieu sait que j’adore Paris, mais c’est un peu sinistre au mois d’août.

 

  

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