Une légende urbaine veut qu’une amie à moi, propriétaire d’un deux pièces dans le 18ème, dans le quartier Marx-Dormoy, ait trouvé cet appartement du premier coup, dès la toute première visite (et je comprends son coup de cœur, l’appart est vraiment très classe). Une légende urbaine similaire veut que j’aie flashé sur le troisième des cinq appartements que j’ai visités depuis fin décembre, toujours dans le quartier Marx-Dormoy. Peut-être pas assez pour que je me dise aussitôt que je voulais cet appart-là et pas un autre, mais assez pour que je sache immédiatement que je voulais le revisiter au plus vite accompagnée d’une tierce personne. On y est retournées le lendemain. Je m’attendais à ce que cette personne trouve à l’appart plein de défauts qui m’avaient échappé. Au lieu de quoi elle l’a approuvé en disant qu’elle m’y voyait très bien et a même commencé à le meubler virtuellement (« ici il y a de la place pour un meuble, là tu pourrais mettre ton bureau… »). Je crois que c’est là que ma décision a pris forme. La semaine qui a suivi a été assez intense, entre les cogitations permanentes, les moments de pure trouille, les bouffées d’exaltation, la visite des parents et les longues discussions avec la famille (mes parents fournissant un apport qui représente une grosse partie de la somme). J’ai signé le compromis de vente cet après-midi. Reste à obtenir le prêt. Si tout se passe bien, je m’installe dans le 18ème vers fin avril/début mai.
Est-ce que cet appart est vraiment le bon, est-ce que je ne vais pas regretter l’achat à un moment ou un autre ? Je me suis beaucoup posé la question. J’ai une certitude en tout cas : j’aurais regretté de ne pas avoir tenté le coup. Au pire, je peux le revendre dans quelques années, et il est de toute façon beaucoup plus agréable que le studio où je vis en location depuis neuf ans. Reste que c’est une étape marquante et que la signature des papiers est intimidante. Le plus flippant dans l’affaire, c’est de savoir que j’engage l’argent de mes parents en espérant ne pas m’être trompée.
L’appartement n’est sans doute pas parfait. Je lui vois deux défauts mineurs, pas rédhibitoires à mes yeux en tout cas : la salle de bains n’est pas très grande (mais j’en ai vu de plus petites, et la douche est sympa), et la chambre non plus (mais elle peut contenir sans problème l’essentiel : une armoire, un bureau ou meuble informatique, et surtout un lit deux places – j’en avais ras-le-bol de dormir sur ma mezzanine ou mon canapé). Le point fort qui m’a fait flasher : j’adore l’ambiance de la pièce principale avec son coin salon et sa cuisine américaine. La pièce est claire – c’est flagrant sur les photos que j’ai prises pour mémoriser la disposition des lieux – et dès la première visite, je me suis rendu compte que je me voyais très bien cuisiner et recevoir des amis dans cet espace. J’ai visité au moins un appartement plus spacieux, plus récent et globalement mieux foutu mais qui ne me donnait pas cette impression de convivialité. La propriétaire actuelle, qui a grosso modo le même âge que moi, l’a meublé dans un style assez proche de mes goûts pour que je me rende bien compte de ce que je pourrai en faire. Je m’interroge beaucoup sur l’espace de rangement et la place disponible pour installer des meubles, mais a priori, ce sera nettement plus pratique que mon studio actuel. Sans compter qu’il y a plusieurs murs nus où il me semble possible d’installer des étagères si nécessaire.
Reste à espérer que je ne découvrirai pas à l’usage de défauts cachés vraiment gênants. Une chose est sûre, j’aime beaucoup ce que j’ai vu du quartier – et j’y ai fait pas mal d’allers-retours ces dix derniers jours. Le coin du marché de l’Olive est mignon comme tout. Et je me suis aperçue après coup que je connais pas mal de gens qui habitent ou ont habité vers Marx-Dormoy et m’en ont tous dit le plus grand bien. (Parenthèse publicitaire : parmi les anciens résidents du quartier, il y a Gudule alias Anne Duguël, auteur entre autres du génial Club des petites filles mortes et de plein d’autres bouquins formidables, et qui vient d’ouvrir un blog tout neuf que je comptais justement mentionner ici).
C’est maintenant que vient la partie la plus rock’n’roll du processus, à savoir l’obtention du prêt. Je ne m’inquiète pas trop a priori, dans le sens où la somme à emprunter sera inférieure à mes estimations initiales – l’appartement était moins cher que ce que je pensais payer, au point que j’ai failli ne pas voir l’annonce car le prix était inférieur aux critères que je regardais habituellement. Mais bon… sait-on jamais. En attendant, il faudrait peut-être que j’arrête de passer mon temps sur les sites de meubles et de déco et que je me remette à bosser plus pour gagner plus.
Pour ceux qui se poseraient la question, les photos qui illustrent cette entrée ont été prises dans mon hypothétique futur quartier, sur un trajet qui mène au métro Marx-Dormoy depuis la station Marcadet-Poissonniers.