Tic, tac, tic, tac… D’ici quelques semaines à peine, un projet auquel j’ai souvent fait allusion ici ces derniers mois verra le jour : un recueil de six nouvelles inédites de Lisa Tuttle que j’ai sélectionnées, traduites et présentées pour Dystopia. Le titre est maintenant arrêté : Ainsi naissent les fantômes. Un extrait de la préface est disponible sur le blog de Dystopia. Et la couverture signée Stéphane Perger vient d’être dévoilée :
J’ai hâte que ce projet qui nous a occupés une bonne partie de l’année 2010 commence enfin à vivre sa vie. Il y a quelques nouvelles en particulier que je suis vraiment impatiente de faire connaître aux lecteurs français. J’espère qu’ils seront aussi secoués que je l’avais été en les découvrant il y a des années.
En attendant, ma deuxième semaine de vacances touche à sa fin. Une alternance de chouettes moments et de petits passages à vide, comme souvent quand on a tellement rêvé de vacances et qu’on ne sait pas vraiment comment en profiter le moment venu, alors que les jours défilent à toute vitesse. Parmi les meilleurs moments, des verres pris avec des amis, quelques heures de lecture aux terrasses de café ensoleillées, et des soirées DVD. Si Good Morning England était un peu en dessous de mes attentes (sympathique mais pas inoubliable), les trois autres films vus cette semaine ont été de belles surprises.
Morse, tout d’abord. Je ne suis pas spécialement fan de la figure du vampire, et je le suis encore moins des histoires de vampires qui se conforment aux règles les plus classiques du genre, un peu désuètes à notre époque. D’où mon admiration pour Morse, qui réussit à frapper fort tout en revenant aux bases : le vampire qui ne peut entrer que si on l’invite, qui terrorise les chats, ce genre de choses. La force du film repose sur son contexte ultra réaliste, et sa vision très dure de l’enfer ordinaire que peut être l’adolescence. Les jeunes acteurs qui incarnent Oskar, l’ado solitaire malmené par ses camarades de classe, et son étrange voisine Eli, qui ne sort que la nuit et se nourrit de sang, sont saisissants.
Beaucoup plus inattendu, Breakfast Club aussi a été une jolie surprise. J’ai toujours plus ou moins snobé les films de John Hughes, sans doute à tort, jusqu’à ce que je lise certains commentaires enthousiastes sur ce film juste après le décès du cinéaste. Un film qui a apparemment marqué pas mal de gens à l’adolescence, ce que je peux comprendre. C’est plutôt classique et prévisible, et la morale finale est assez attendue. Mais l’histoire de ces cinq ados coincés en retenue tout un samedi et qui vont apprendre à se connaître au-delà des apparences est finalement assez subtile et bien vue. Le genre de film capable d’appuyer pile là où il ne faudrait pas, l’air de rien, même lorsque l’époque des questionnements adolescents est loin derrière nous, et qui laisse une impression mêlée d’euphorie et de mélancolie. Les personnages sont attachants et celui de la petite goth un peu barrée incarnée par Ally Sheedy est assez savoureux.
Et puis Pique-nique à Hanging Rock que j’attendais de voir depuis longtemps et qui m’a envoûtée. Difficile en le voyant de ne pas penser à certains films récents qui s’en sont sans doute inspirés : Créatures célestes, Virgin Suicides pour l’ambiance éthérée du début et le mystère planant autour de ces jeunes filles disparues, ou encore La Leçon de piano pour la confrontation pittoresque entre la société victorienne et la nature australienne. L’intrigue tient en quelques mots : en 1900, en Australie, les élèves d’une institution de jeunes filles s’en vont pique-niquer autour d’un intriguant rocher. Trois d’entre elles partent l’explorer ; elles n’en reviendront pas, et le mystère ne sera jamais résolu. Tout dans ce film est intense et marquant. L’ambiance onirique soulignée par le jeu des lumières et des couleurs, ainsi que par un thème obsédant à la flûte de pan. La galerie de personnages campés par des acteurs tous extraordinaires, depuis la directrice acariâtre et brutale qui se cramponne aux apparences même lorsque tout se délite, incarnée par Rachel Roberts, jusqu’à la jeune Miranda (Anne Lambert) au physique « d’ange de Botticelli » qui traverse le film comme un météore. Je crois pouvoir dire sans trop me tromper que c’est le plus beau film que j’aie vu depuis longtemps. Un des plus fascinants, en tout cas.