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Bal populaire à Silent Hill

Je dois la découverte musicale la plus inattendue de la semaine à mes amis Michelle et Claudio, traducteurs sudistes chez qui j’ai passé quelques jours en villégiature. Un groupe de bal populaire toulousain qui fait danser le public sur une base de danses classiques (mazurkas, scottish) aussi bien que de rondes et de farandoles : sur le papier, ce n’était pas trop ma came. Quelques morceaux écoutés sur disque ne m’avaient pas totalement convaincue. La surprise n’en fut que plus belle dimanche soir, où j’ai vu Bombes 2 Bal jouer en plein air dans le village médiéval de Castelnau-de-Montmiral. J’ai toujours une légère méfiance vis-à-vis des groupes qui cherchent à impliquer activement le public : ça peut très vite sonner faux et plomber un concert. Mais rien de ça ici. C’est un spectacle populaire dans le meilleur sens du terme : convivial, festif et chaleureux, avec une vraie qualité musicale pour soutenir le tout. Le groupe a une sacrée énergie, vraiment communicative, et l’une de leurs meilleures idées consiste à laisser un couple de danseurs évoluer dans le public tout au long du spectacle pour guider les pas de danse. Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas facile à faire danser – non que je n’aime pas ça, mais il faut que je tombe sur la bonne musique au bon moment, et j’ai une sainte horreur des tubes des années 80 censés faire danser les foules. Mais ce bal populaire-là est franchement irrésistible (deux jours plus tard, mes mollets s’en ressentent encore douloureusement). Si vous voyez Bombes 2 Bal passer près de chez vous un de ces jours, foncez. Sans hésiter.

 

 

 

Quelques mots sur Silent Hill 3 pour poursuivre la saga, en attendant de recevoir The Room. Plus j’avance dans la série, plus je comprends pourquoi les fans parlent d’une mythologie interne au jeu. C’est particulièrement flagrant dans Silent Hill 3 qui fait directement suite au premier et continuer à développer le mythe d’Alessa Gillespie, cette fillette dotée de pouvoirs paranormaux, brûlée vive lors d’un rituel occulte orchestré par sa propre mère, puis plongée dans un cauchemar sans fin – une figure indissociable de l’histoire de la ville et de sa monstrueuse apparence. Si le début du jeu tranche avec les précédents, grâce à des décors différents (métro, centre commercial) et à un gameplay plus souple et moins répétitif, la dernière partie nous ramène sur les pas de Harry Mason, héros du premier jeu. Sa fille adoptive Heather, ayant progressivement découvert son histoire et accepté sa propre nature, refait en partie le chemin de son père, depuis un impressionnant combat contre le souvenir d’Alessa sur un inquiétant manège, jusqu’à l’exploration d’une sinistre chapelle où réapparaissent certains lieux mythiques du premier jeu : la chambre d’enfant d’Alessa avant le drame, mais aussi sa chambre d’hôpital. J’ai été frappée, dans cette dernière partie, par l’imagerie quasi christique associée à Alessa : les décors renvoient régulièrement aux images de son martyre, depuis les murs en flammes de la chapelle jusqu’aux fauteuils roulants et lits d’hôpital abandonnés dans les endroits les plus improbables. Sans parler de cette photo d’Alessa à sept ans, la première image que l’on découvrait dans le générique du premier Silent Hill et qui prend valeur d’icône à force d’apparaître dans le jeu. Si Silent Hill 3 souffre d’un scénario un peu long à se mettre en place et ne déploie toute sa richesse que dans la dernière partie, il se caractérise par une mise en scène inventive : dans la manière de filmer les combats (celui du manège est de toute beauté), mais aussi dans l’aspect visuel des lieux les plus cauchemardesques du jeu. Vers la toute fin, j’ai traversé plus d’une fois des pièces en courant tellement la vision des murs en train de se transformer et de se dissoudre à vue d’œil était oppressante. Une magnifique vision de l’enfer, mise en scène par une équipe qui considère le jeu vidéo comme un art à part entière plus que comme un simple divertissement (il suffit de regarder le making of disponible sur Youtube pour s’en convaincre).

 

Pour vous donner un aperçu de l’ambiance, voici une des scènes les plus marquantes du jeu, par son côté totalement improbable. Je l’ai vue reprise dans la bande-annonce de Silent Hill : Revelations, l’adaptation cinématographique du jeu qui sortira l’an prochain (avec notamment Malcolm McDowell dans le rôle de l’inquiétant Leonard Wolf). Et je me prends à rêver d’une adaptation qui bénéficierait cette fois d’un véritable scénario (quoique le travail nécessaire pour raccorder le scénario du premier film avec celui du troisième jeu relève du grand écart). Je reste persuadée qu’un grand film sur Silent Hill reste à faire.

 

 

 

 

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There’s always something in the air

Y a-t-il meilleur moyen de fêter l’ablation de deux points de suture un peu pénibles, et ma liberté de mouvement retrouvée, que d’aller danser, chahuter et pogoter à un concert de dEUS en compagnie de copines tout aussi fans ? J’ai un peu décroché des albums du « meilleur groupe belge du monde » depuis Pocket revolution, mais la bande à Tom Barman reste un fabuleux groupe de scène, de ceux qui savent happer le public pour mieux le déchaîner. Le concert à la Flèche d’Or ressemblait à un best-of de dEUS. Tous mes morceaux préférés y sont passés : Fell off the floor man qui me met systématiquement en transe, For the roses, Theme from Turnpike, Instant Street, Morticiachair, Little arithmetics et l’incontournable Suds & Soda.

 

 

 

 

Un autre grand moment pour moi a été de réentendre Sun Ra en live. Lors de mon concert de dEUS précédent, qui remonte à quelques années, j’avais décroché quelques secondes en entendant Tom Barman répéter « Here comes, here comes the night train ». Je venais d’avoir l’image d’un genre de train fantôme qui s’appellerait le « train de nuit ». Ceux qui ont lu Notre-Dame-aux-Ecailles reconnaîtront la nouvelle qui est née de cette image. Je regrette qu’ils n’aient pas conclu le concert par Serpentine comme l’annonçait la setlist, ça aurait bouclé la boucle – c’est en partie de là que venait le nom de ma boutique de tatouage.

 

dEUS sur scène, c’est grand, c’est fort, ça défoule et ça fait un bien fou.

 

Le lendemain, bouclage de valises pour cause d’Imaginales d’Epinal. J’y serai de vendredi midi à dimanche soir, et mon programme de tables rondes est le suivant :

 

– Vendredi à 15h : « Le fantastique » avec Anne Fakhouri, Sire Cédric, Sophie Loubière, Loïc Le Borgne et Jacques Sadoul.

 

– Vendredi à 17h :  « Work in progress – Blogs, Twitter et autres » avec Emmanuel Chastellière, Lionel Davoust et Maïa Mazaurette.

 

– Samedi à 16h : « Les coups de coeur du festival, que sont-ils devenus ? » avec Jérôme Camut, Jean-Philippe Jaworski et Sire Cédric.

 

– Dimanche à 17h : « Lectures à haute voix, par les auteurs ou en leur présence » avec Francis Berthelot, Ellen Kushner et Jean-Philippe Jaworski.

 

Je serai sans doute également présente le samedi à la remise du prix Imaginales, puisque Kadath y recevra le prix spécial. (Insérer danse de la joie sur un air de dEUS.) Et pendant les dédicaces du samedi et du dimanche, comme je l’avais annoncé, je présenterai le recueil de Lisa Tuttle Ainsi naissent les fantômes en même temps que mes propres livres.

 

 

 

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The West’s asleep

 

Et la fangirl en moi de se demander s’il sera très judicieux, le mois prochain, d’arpenter les rues de Londres vêtue d’un T-shirt qui annonce « Let England Shake ». Avouez que c’est tentant. Vous noterez au passage sur la gauche une tentative féline de sabotage de séance photo.

 

Parlons-en, de Let England shake. Quasiment chaque fois que PJ Harvey sort un nouvel album, je prends des leçons de créativité. Sa capacité à partir expérimenter là où on ne l’attend pas m’impressionne de plus en plus. Et fait souvent écho aux questions que je peux me poser sur mon rapport à l’écriture et les moyens d’éviter de tourner en rond. Pour un avis plus détaillé concernant ce très bel album, voir la chronique que j’ai postée sur le Cargo (lequel a été récemment relifté grâce à un site tout beau tout neuf). J’ai aussi eu la chance, ces deux dernières semaines, d’entendre trois fois ces chansons-là sur scène. D’abord dans le cadre hyper intimiste de la Maroquinerie, un concert de toute beauté. Puis deux soirs de suite à l’Olympia, pour un résultat plus inégal. Ayant l’impression d’avoir déjà beaucoup écrit ailleurs sur le sujet, je vous renvoie aux compte-rendus également postés sur le Cargo (cliquer sur les liens ci-dessus).

 

Bientôt un mois que je n’avais rien posté ici : je n’ai quasiment pas vu passer février. De début de crève qui s’éternisait en semaines chargées, la nouvelle que j’évoquais récemment a fini de s’écrire par petits bouts. Je n’ai encore aucune idée du résultat. Tout ce que je sais, c’est qu’après une phase où mes nouvelles paraissaient de plus en plus concises, je viens de rédiger mon texte le plus long depuis des années. Et je suis encore incapable, à ce stade, de dire dans quelle mesure il explore des territoires familiers ou s’aventure sur de nouveaux. Il faudra du recul et quelques regards extérieurs pour m’en faire une idée.

 

En attendant, je participerai ce samedi au salon « Encres vives » de Provins, pour ceux qui souhaiteraient venir y faire un tour.

 

 

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Sur une note moins joyeuse

 

J’avais posté l’entrée précédente depuis quelques secondes à peine quand est tombée une nouvelle que j’ai encore du mal à digérer : le décès ce matin de Trish Keenan, chanteuse du groupe Broadcast, des suites d’une pneumonie. Vous aurez donc aujourd’hui deux entrées pour le prix d’une.

 

Le plus triste, c’est qu’on ne peut jamais savoir quand un concert sera le dernier. La dernière fois que je les ai vus sur scène, j’espérais réellement revoir bientôt Lhasa, Grant McLennan des Go-Betweens, ou bien Broadcast. Un groupe que je voulais tellement aimer, au départ, sans y parvenir vraiment, emballée par une poignée de singles merveilleux mais déroutée par des albums un peu arides sur la longueur. Fascinée par le timbre et le phrasé uniques de Trish Keenan, qui aurait pu être énervant mais qui était souvent magique. Et puis en insistant un peu, le miracle s’est produit : un album parfait de bout en bout, baptisé Tender Buttons. Un concert électrisant comme on en voit peu, alors que le premier m’avait déçue, avec une Trish Keenan charismatique au possible – j’ai souvenir d’avoir dansé à en perdre haleine sur Michael : A Grammar. Je ne savais bien sûr pas que ce serait le dernier.

 

Peut-être les artistes qu’on a vus en live sont-il ceux qu’on arrive le mieux à se représenter comme des personnes réelles ; ce sont en tout cas, me semble-t-il, ceux dont on fait le deuil le plus personnel.

 

 

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Un soir d’été au Batofar

 

 

C’est toujours un immense plaisir de revoir sur scène John Parish et son groupe. J’étais particulièrement curieuse d’assister au concert d’hier au Batofar, qu’on annonçait surtout axé sur ses musiques de films – pas l’aspect le plus connu de son travail, mais sans doute un des plus intéressants. La BO de Rosie, film belge de Patrice Toye passé inaperçu chez nous en 1999, est de toute beauté. Si j’avais revu John l’an dernier aux côtés de PJ Harvey, la dernière tournée avec son groupe devait remonter à trois ou quatre ans. Au casting habituel – Marta Collica au clavier, Giorgia Poli à la basse, Jean-Marc Butty à la batterie – s’ajoutait le guitariste Jeremy Hogg, que je me rappelais avoir vu lors de la tournée Is this desire de PJ Harvey dont je garde un souvenir particulièrement ému.

 

 

 

L’intérêt de suivre un groupe sur la longueur, c’est celui de le voir évoluer, tester de nouvelles choses, trouver une formule ou bien s’en éloigner. Ce qui m’a frappée hier soir, ainsi que d’autres fans, c’est la dynamique particulière qu’insuffle le choix de la setlist, et l’énergie qui en résulte ou non. J’ai vu des concerts de John Parish un poil trop sages malgré la qualité des morceaux ; celui d’hier était tout simplement parfait. Équilibre idéal entre des morceaux inconnus qui savent immédiatement happer le spectateur (comme ce Spring ritual tiré d’un autre film de Patrice Toye, (N)iemand, inédit en France) et les classiques qui produisent toujours leur effet (Pretty Baby tiré de Rosie, joliment interprété par Marta Collica). Entre ceux qu’on connaît bien pour les avoir souvent entendus sur scène (Westward Airways ou mon préféré Sea defences) et ceux qu’on est tout ému d’entendre pour la première fois « en vrai ». Le grand moment de la soirée, pour moi, ce fut l’instrumental final de Rosie. Tout commence très doucement par une reprise du thème fragile et poignant qui parcourt la BO – j’avoue que ça m’a presque filé les larmes aux yeux – et puis le morceau s’emballe sur fond de guitares saturées, l’ensemble monte en puissance, le sol du Batofar se met à vibrer, et le moment est absolument parfait. J’ai toujours eu une tendresse particulière pour ce morceau sur disque ; le groupe a réussi à en rendre l’esprit tout en le revisitant différemment. Chapeau bas.

 

 

 

Cerise sur le gâteau, l’ambiance était particulièrement chaleureuse – et pas seulement à cause de la température un poil trop estivale (qui en poussa d’aucuns, dont je fus, à se réfugier sous un ventilateur près de la scène). Le public était très réactif, le dialogue avec le groupe s’est installé très vite, les amis parisiens de John et du groupe étaient venus en nombre (parmi lesquels Jesse Vernon et Kate Stables de Morningstar et This is the kit, qui firent une arrivée remarquée avec leur bonne humeur habituelle). S’y ajoutait le plaisir de retrouver les copains de concert, ceux qui suivent les mêmes groupes et avec qui on tisse un lien particulier à force de les côtoyer depuis dix ans dans les mêmes salles. En fin de soirée, tout ce beau monde s’attardait sur les quais en attendant le départ, discutant avec les musiciens autour de bières ou de mojitos. C’est toujours un plaisir trop rare de parler avec John Parish, Jean-Marc Butty ou Marta Collica, que j’apprécie autant en tant que personnes qu’en tant que musiciens. C’était un de ces moments simples et parfaits où tout est à sa place dans le monde, et où on est heureux d’être là, de suivre ces gens-là, d’avoir vu ce concert-là et partagé cette soirée avec eux.

 

(Et pour finir sur une anecdote totalement inutile : saviez-vous qu’au Batofar, quand vous entrez sur invitation, vous tamponne un Hello Kitty sur le bras ? On va dire que c’est très rock’n’roll.)

 

 

 

 

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