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Torchwood – Les Enfants de la Terre

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La première saison de cette série dérivée de Doctor Who, consacrée à une organisation secrète étudiant les activités extra-terrestres depuis son siège de Cardiff, ne m’avait pas convaincue malgré quelques bons épisodes sur la fin. On sentait que la série se cherchait, maladroitement, et tentait trop activement de prendre le contre-pied de Dr Who en se revendiquant « série adulte ». Ce qui se traduisait essentiellement par des relations assez malsaines entre les personnages et une tendance à parler de sexe à tout bout de champ, d’une manière souvent gratuite. Par ailleurs, le personnage ambigu du capitaine Jack Harkness et les conséquences de son immortalité y étaient sous-exploités. Pour donner une deuxième chance à la série, mon entourage me conseillait de manière assez unanime de sauter la saison 2 pour passer directement à la troisième, Les Enfants de la Terre, mini-feuilleton de cinq épisodes considéré par beaucoup comme le sommet de Torchwood. Ils avaient raison.

 

Un jour, tous les enfants de la Terre s’immobilisent au même moment pour réciter à l’unisson le même message : « We are coming. » Les services secrets britanniques identifient l’intervention d’une espèce extra-terrestre surnommée « les 456 », du nom de la fréquence sur laquelle ils communiquent avec l’humanité. Une première rencontre avait eu lieu soixante ans plus tôt ; un pacte avait été conclu. Les traces ont été effacées, mais il reste des témoins. Pendant que l’équipe de Torchwood cherche à percer le mystère, le gouvernement s’efforce de gérer la crise sans que ne soit dévoilé un pan très noir de son histoire.

 

Ce qui frappe quand on compare ce mini-feuilleton avec la première saison à moitié ratée, c’est la maîtrise acquise entre temps. Le scénario est d’une précision diabolique et exploite parfaitement tout le potentiel des idées développées. Et surtout, Les Enfants de la Terre s’aventure sur des territoires interdits à Dr Who, considéré en Grande-Bretagne comme une série pour enfants. Ici, tout est très noir, mais pas de la noirceur forcée des premiers épisodes. Il est question de dilemmes moraux d’une grande violence. Dans les deux camps, des décisions impossibles doivent être prises. Certaines vont l’être par lâcheté, d’autres par nécessité, d’autres encore par amour. Le scénario explore avec finesse les différentes réactions humaines possibles face à l’horreur, et la façon dont l’être humain se conditionne lui-même pour accepter l’inacceptable, jusque dans le choix du langage employé. Un crime est-il encore un crime aux yeux de celui qui y participe, s’il lui donne un autre nom et le justifie au nom de l’intérêt général ? L’une des meilleures idées est de ne pas avoir versé dans le manichéisme. Il n’y a pas d’un côté les héros vertueux en quête de vérité, de l’autre un gouvernement retors et prêt à tout. Il n’y a que des humains guidés par des priorités différentes. L’une des forces de cette saison est d’avoir placé au cœur des enjeux un personnage ordinaire : John Frobisher, membre des services secrets, choisi pour communiquer avec les « 456 ». Un Anglais moyen, plus très jeune ni très dynamique, qui aime sa famille et son travail et se trouve confronté à des choix difficiles. Face à lui, dans l’autre camp, des héros qui sont parfois contraints de devenir des monstres. Personne ne sort indemne de cette histoire. Le spectateur non plus.

 

L’intensité va crescendo au fil des cinq épisodes. D’un point de départ prenant et intriguant, on bascule dans quelque chose de beaucoup plus dérangeant. Quelques scènes sont à la limite du soutenable d’un point de vue émotionnel. Mais toute la réflexion sous-jacente est particulièrement juste. De manière générale, le soin apporté à tous les aspects en renforce l’impact. Jack Harkness dévoile enfin toute son ambiguïté, la galerie de personnages secondaires est particulièrement soignée, et l’aspect des extra-terrestres, suggéré avec une grande habileté, est glaçant. Par ailleurs, le personnage de Gwen Cooper, fliquette galloise ordinaire devenue un des éléments centraux de Torchwood, est toujours d’une poignante humanité au milieu de la noirceur ambiante.

 

J’ai cru comprendre que la saison suivante, Miracle Day, avait beaucoup déçu. S’il n’y a qu’une saison à conserver de Torchwood, il semblerait donc que ce soit celle-ci. Elle atteint, dans ses deux derniers épisodes, une intensité quasi identique à celle des meilleurs moments de Dr Who. Ceux qui connaissent mon attachement aux aventures du Docteur comprendront ce compliment à sa juste mesure.

 

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Contes du Tardis et de fusées

 

Il y a toujours quelque chose d’improbable à débarquer un beau matin chez Gallimard pour y signer une soixantaine de services de presse. Ça ne fait pas partie des choses auxquelles on s’attend quand on commence à publier, à plus forte raison quand on se spécialise dans la littérature de genre. Le compte à rebours pour la sortie en poche d’Arlis des forains est lancé : il sera en librairie le 2 septembre. En attendant, le rendu de la couverture signée Bastien L. est magnifique. J’ai vu aussi un très bel essai de couverture pour Notre-Dame-aux-Ecailles, signé par le même. Neuf jours après Arlis, le 11 septembre, paraîtra chez Ad Astra l’anthologie Contes de villes et de fusées dirigée par Lucie Chenu, qui contient entre autres choses ma nouvelle « Swan le bien nommé ».

 

 

 

Deux semaines que j’ai plongé dans l’univers de Doctor Who et j’ai du mal à ordonner mes réactions pour en parler. Je sais seulement une chose, une évidence : j’ai trouvé ma nouvelle série préférée. J’adore quand une véritable rencontre se produit avec une série, comme avec Buffy il y a quelques années, comme avec X-Files plus loin dans le temps. J’adore retrouver ce sentiment d’addiction, ce moment où l’on termine sa journée de boulot en se préparant à savourer les épisodes du soir. Plus que les séries construites sur le modèle du feuilleton, j’adore celles qui commencent par poser un concept de base (une lycéenne qui traque les vampires, un bureau des affaires non classées, un extraterrestre qui voyage dans le temps et l’espace) et définir des règles pour mieux s’en éloigner ensuite. Je n’avais jamais fait le rapprochement, mais c’est quasiment le même plaisir que la lecture d’un recueil de nouvelles : chaque début d’épisode ouvre sur un nouvel univers, une nouvelle variation possible.

 

nullDe fait, Doctor Who n’est jamais meilleur que quand il s’aventure loin de la formule de base. Un scénariste semble particulièrement doué pour l’exercice : Steven Moffat, qui ne signe dans un premier temps qu’un ou deux épisodes par saison – mais ce sont ceux que tout le monde se rappelle. Il prendra ensuite les commandes de la saison 5, mais je n’en suis pas encore là. J’ai déjà mentionné son épisode « The Empty Child », histoire d’un enfant mutant particulièrement inquiétant sur fond de bombardement de Londres. On lui doit aussi « The Girl in the Fireplace », peut-être mon épisode préféré pour l’instant, celui qui m’aura fait pleurer à chaudes larmes pendant dix bonnes minutes. Tout repose sur deux idées, l’une simple et très belle, l’autre tellement absurde qu’elle en devient géniale. On y croise Madame de Pompadour et de splendides robots muets, on y voyage dans le temps, et l’on regarde des histoires entremêlées s’acheminer vers une conclusion qu’on devine tragique. Je crois que c’est ce que j’ai vu de plus beau dans une série depuis longtemps. Et puis une saison plus loin, il y a l’indescriptible « Blink » à l’ambiance étrange et à la construction assez osée. J’attends impatiemment les prochains épisodes signés Moffat. Encore un point qui me renvoie à Buffy et X-Files : là aussi, j’avais mes chouchous parmi les scénaristes, respectivement Jane Espenson pour la finesse psychologique de ses histoires et Darin Morgan à l’univers sérieusement barré.

 

Que dire d’autre sinon que David Tennant succède magnifiquement à Christopher Eccleston, que les personnages de Rose et Jackie Tyler me manquent déjà, que j’aime la façon dont la série convoque une imagerie fantastique (fantômes, sorcières et loups-garous) en les justifiant par des explications de SF, que les questionnements sur l’humanité, le devoir ou la solitude sont particulièrement touchants, que j’ai hâte de finir chaque saison pour mieux percevoir la série dans son ensemble… Outre les épisodes atypiques dont je parlais, j’ai un faible pour les épisodes historiques souvent savoureux. Celui sur la Reine Victoria à qui l’on essaie de faire dire « We are not amused » pour gagner un pari, et surtout celui sur Shakespeare que je conseille particulièrement à mes amis traducteurs : on ne peut pas pratiquer ce métier sans développer un « radar à citations », et cet épisode devrait les amuser. Si l’élément SF de cet épisode est un peu tiré par les cheveux, la théorie sur la puissance du langage me rappelait furieusement le roman de José Carlos Somosa, La Dame n°13. Et comment ne pas être fan d’une série qui réussit à citer Harry Potter en plein milieu d’un épisode sur Shakespeare ?

 

   

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Are you my mommy ?

 

La vidéo indescriptible du jour, que d’aucuns auront sans doute vue passer sur Facebook et ailleurs. Je crois que ça se passe de commentaires.

 

 

 

En postant l’entrée précédente, j’ai eu l’intuition que je m’y prenais trop tôt et que mon opinion sur Dr Who allait pas mal évoluer les jours suivants. En fait, ça s’est produit dans les heures qui ont suivi. Le hasard m’a fait visionner coup sur coup les trois épisodes les plus impressionnants de la saison 1. Et là, d’un coup, on commence à entrevoir tout le potentiel de ce qui n’était encore qu’une série « juste » distrayante (ce qui est déjà beaucoup). J’étais déjà bien remuée par « Father’s Day », histoire de paradoxe temporel classique mais particulièrement émouvante où Rose rencontre le père qu’elle n’a jamais connu, quand j’ai abordé un épisode dont le titre m’intriguait pas mal : « The Empty Child ». (Avouez, ça claque.) Première partie d’un diptyque qui a visiblement marqué les fans de la série et qui touche à la perfection.

 

À Londres, pendant le blitz, une jeune fille aide les orphelins à survivre et tente de les protéger d’un enfant mutant vraiment flippant qui cherche partout sa mère. L’épisode m’a furieusement rappelé « Hush », un des classiques de Buffy. Même ambiance sinistre construite autour d’éléments effrayants car improbables : ici, l’éternel masque à gaz de l’enfant mutant remplace le sourire inamovible des terrifiants Gentlemen. Même soin apporté aux personnages, à l’écriture, à la réalisation – avec en prime une résolution particulièrement ingénieuse, là où on s’attendait à être déçu par les explications finales. Les épisodes suivants, y compris le final de la saison, pâlissent un peu en comparaison. Mais ces trois épisodes-là donnent l’impression de voir soudain la série prendre son envol et devenir bien plus que ce qu’elle annonçait au départ.

 

C’est là que me revient le parallèle avec Buffy. Dans les deux cas, on commence dans la légèreté et le second degré pour voir se déployer ensuite toute une palette d’ambiances et d’émotions à mesure qu’évolue la formule de départ. Comme dans Buffy, on est guidé par des personnages auxquels on s’attache contre toute attente. Je n’aurais jamais cru apprécier autant Rose et sa mère qui s’éloignent peu à peu de la caricature initiale. Comme dans Buffy, toujours, on devine un réel amour de la culture populaire, la vraie, celle qui sait distraire et frapper en plein cœur et qui ne s’abaisse jamais à prendre le spectateur pour un crétin décervelé. Je n’ai plongé dans Dr Who que depuis quelques jours mais je retrouve l’immense plaisir que j’avais pris à découvrir l’univers de Joss Whedon, passée ma réticence initiale. C’est avec un pincement que j’ai vu David Tennant succéder à Christopher Eccleston tout à la fin de la saison. Maintenant, je guette l’arrivée de la saison 2 dans ma boîte aux lettres pour découvrir ce nouveau Docteur. Le préféré de pas mal de gens, semble-t-il. Il paraît que je ne suis pas au bout de mes surprises.

 

 

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Breakfast in the Tardis

 

Millennium, suite et fin : verdict toujours mitigé. (Je rappelle que je ne parle ici que du premier livre, Les hommes qui n’aimaient pas les femmes alias The Girl with the dragon tattoo puisque je l’ai lu en anglais, à la fois à cause de la mauvaise réputation de la traduction française et parce que je voulais le lire en format poche.) Drôle de roman dont l’intrigue policière commence quasiment comme du Agatha Christie – le mystère d’une disparition élucidé quarante ans plus tard, et dont tous les suspects sont les membres d’une même famille – et se termine du fond de piratage informatique à grande échelle. Une ambiance un peu désuète enrobée d’un habillage qui se veut moderne et n’y arrive pas toujours. Cela dit, c’est extrêmement prenant. Ce qui ne rend qu’encore plus agaçants les défauts du roman. Le principal, comme je le disais dans l’entrée précédente, tient aux personnages. On a le plus grand mal à s’intéresser au journaliste Mikael Blomkvist, que je vois ’ai vu quasiment comme un cas d’école de personnage raté : on comprend ce que l’auteur cherche à en faire, mais ça ne prend pas. Ce n’est pas tout de le décrire comme un héros surdoué, intelligent, idéaliste et qui tombe toutes les femmes, encore faudrait-il que l’auteur nous fasse ressentir tout ça. Or, Blomkvist est totalement inexistant, ce qui pose quand même un peu problème. On a du mal à comprendre pourquoi c’est lui, plutôt que n’importe qui d’autre, qui réussit à percer la carapace de la quasi-autiste Lisbeth Salander – même si, pour le coup, leur interaction fonctionne plutôt bien.

 

Mais le plus grand mystère de Millennium, pour moi, c’est la façon dont Stieg Larsson réussit à donner vie au personnage de Salander. Elle est le seul personnage qu’il ait réussi à doter d’une vraie personnalité et à rendre attachante et crédible – ce qui m’intrigue d’autant plus qu’on a le sentiment, contrairement à la plupart des autres personnages, qu’elle lui est totalement étrangère. Il la décrit comme une bête exotique fascinante, mais qu’il ne comprend pas vraiment – alors qu’il réussit à rendre parfaitement crédible son mode de fonctionnement et son décalage essentiel avec le monde qui l’entoure. Un détail, pour moi, illustre plus que tout ce paradoxe : l’insistance à décrire ses tatouages comme une preuve absolue de bizarrerie, un symbole de sa marginalité. Jamais la moindre remarque d’ordre esthétique concernant ces tatouages, jamais d’indices quant à leur histoire (et Dieu sait que l’histoire d’un tatouage est essentielle, je parle en connaissance de cause). Quand il est question de ses tatouages et piercings, ils sont systématiquement mis sur le même plan que ses bizarreries de comportement et tout ce qui la dit « autre ». Pour un roman publié en 2005, à une époque où les tatouages se sont quand même largement répandus, c’est quand même étonnamment vieux jeu.

 

Je me suis suffisamment laissée prendre à l’intrigue pour dévorer le roman en quatre jours (avec l’aide de quelques nuits d’insomnie), mais je ne suis pas sûre d’avoir très envie de lire la suite. Pas dans l’immédiat en tout cas.

 

Ma grande découverte de la semaine passée sera plutôt la saison 1 du nouveau Doctor Who. Enfin, pas vraiment une découverte puisque je suis intriguée par cette série depuis des années. Au départ, plutôt par la série originale des années 60 à 80, dont j’avais appris l’existence à travers mon boulot de traductrice – c’est le genre de phénomène culturel auquel on trouve régulièrement des références dans les films ou livres britanniques. Notamment dans la biographie de Douglas Adams que j’avais traduite il y a quelques années (il en avait scénarisé quelques épisodes). Cela dit, la série d’origine ne m’a jamais tentée – surtout que j’ai le souvenir d’un vieux film vraiment pas terrible mettant en scène le Docteur et les Daleks. La nouvelle série, en revanche… Disons que je suis entourée de fans de plus en plus nombreux et de plus en plus convaincants, et que j’allais forcément tomber dedans à un moment donné.

 

Sept épisodes plus tard, je me sens devenir progressivement accro. Tout est fait pour : générique addictif, personnages attachants et barrés comme il faut, scénarios encore assez classiques mais très inventifs dans les détails, et une manière ludique de faire de Londres un terrain de jeu – mannequins qui prennent vie dans un grand magasin de la ville, émetteur extraterrestre planqué dans la grande roue du London Eye, et j’en passe. Sans parler d’un goût de l’absurde qui rappelle d’autres séries britanniques classiques comme Chapeau melon et bottes de cuir. J’ai cru comprendre que la nouvelle série mettait un moment à trouver son rythme et que les scénaristes s’y lâchaient progressivement. Pour l’instant, c’est déjà jubilatoire. J’aime assez l’idée de faire incarner un même personnage par différents acteurs au fil du temps. Christopher Eccleston est loufoque à souhait et j’ai hâte de voir de quelle manière David Tennant lui succède dans la saison suivante. C’est toujours amusant en tout cas de se plonger dans une série dont on connaissait déjà la mythologie de base – l’histoire du Docteur, le Tardis, les Daleks – et de trouver le résultat à la hauteur de ce qu’on espérait.

 

D’ailleurs, devinez quoi, j’y retourne.

 

 

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L’année commence, la chasse est ouverte

 

Nous voici donc de l’autre côté du réveillon, en l’an neuf (j’aime bien dire « l’an neuf », c’est un peu comme 2000, une année qui paraît promettre plein de changements) et il fait un froid à ne pas mettre un canard punk dehors. Ça tombe bien, j’ai de quoi occuper mes longues soirées d’hiver. En ce moment je les passe en compagnie de Dexter Morgan, flic et tueur en série, et je remercie ma frangine d’avoir eu la bonne idée de m’offrir la saison 1 en DVD. Encore une que je découvre longtemps après tout le monde, mais quelle claque. Quand j’ai commencé à regarder, je ne m’attendais pas du tout à ça. Je pensais que l’ambiance serait sombre et glauque, compte tenu du sujet, et voilà que je me retrouve face à une série plus mélancolique qu’autre chose. Il y a une tristesse sous-jacente, tout du long, qui est pour beaucoup dans mon attachement à la série. Et surtout, il y a ce personnage : Dexter qui est un monstre et qui n’y peut rien, mais à qui son père adoptif a appris à canaliser ses pulsions et à ne tuer que d’autres monstres, des criminels qui ont échappé à la justice. Mais surtout, Harry Morgan lui a appris à feindre la normalité à tout prix – et c’est là que la série devient passionnante. Dexter ne désire rien tant que devenir comme les autres, ressentir enfin des émotions qu’il est obligé de simuler constamment. Ça le rend extrêmement touchant. C’est un vrai tour de force que de faire éprouver une telle empathie pour un personnage de tueur en série. Il y a en plus quelque chose d’universel dans ses interrogations : on ne peut que s’y reconnaître. Lors des premiers épisodes, j’ai souvent eu l’impression que Dexter s’adressait à moi personnellement pour soulever à sa façon des questions sur lesquelles j’ai cogité, des choses que j’ai vécues, pensées ou ressenties, voire sur lesquelles j’ai écrit (je pense à ma nouvelle « Fantômes d’épingles » dans Notre-Dame-aux-Ecailles) – et je crois que c’est ça le plus fort, dans l’histoire, cette impression de proximité. Pourtant, je vous assure que je n’ai jamais tué personne, enfin pas que je me rappelle.

 

J’ai vu neuf épisodes, il m’en reste trois pour boucler la première saison, et je suis de plus en plus impressionnée. Notamment par la subtilité du propos et l’attention aux détails. Il m’a fallu un moment avant de remarquer de quelle façon le générique, qui montre simplement Dexter en train de s’habiller et de déjeuner, fait référence au traitement qu’il inflige à ses victimes. Un détail en particulier me fait froid dans le dos : quand on le voit enfiler un T-shirt, l’image renvoie à celle du plastique dont il les enveloppe avant la mise à mort. Je suis frappée aussi par la façon dont la série joue sur des échos extrêmement discrets. L’épisode neuf, que je viens de voir, est assez brillant de ce point de vue : le spectateur vient d’apprendre l’identité du tueur qui défie Dexter depuis le début de la saison en lui adressant des messages à travers les meurtres qu’il commet. Mais Dexter n’en sait encore rien. Une tension s’installe pendant tout l’épisode, simplement parce que les deux personnages s’y côtoient tout du long. On sait qu’il va se passer quelque chose et qu’un troisième personnage va sans doute en souffrir. On attend. Il n’y a pas d’effets particuliers, pas de musique inquiétante, rien de tout ça, mais on est scotché. Tout est au diapason, des intrigues secondaires à la progression des personnages. J’aime particulièrement la relation qui unit Dexter à son père adoptif – la seule personne à connaître sa nature –, dévoilée à travers des flashbacks récurrents.

 

Je suis impatiente de voir la fin de la saison et la résolution de l’intrigue. Je connais déjà une partie des révélations à venir, pour avoir lu un spoiler en cherchant des infos sur la série – mais je m’en fous, d’une part parce que j’avais un peu anticipé le truc, d’autre parce que l’essentiel n’est pas là. À tout hasard, parmi les gens qui passent ici et que je suis amenée à croiser à Paris, quelqu’un aurait la saison 2 à me prêter ?

 

Et pour bien commencer l’année, j’ai enfin ouvert la saison de la chasse aux appartements. Deux visites pour l’instant et trois programmées dans les jours à venir. Les deux premiers ne convenaient pas, je m’en étais doutée mais je voulais les visiter pour me faire une idée. C’étaient deux cas de figure totalement opposés. Chacun faisait 31m², ce qui me paraît une surface correcte. Évidemment, je ne cracherais pas sur un appartement plus grand, mais je doute de trouver ça à un prix abordable. Premier appartement : immeuble plutôt sympa, bonne surface et j’aimais assez la disposition de la chambre. Par contre, j’ai été dissuadée d’emblée par l’entrée, un couloir hyper étroit donnant sur une cuisine et une salle de bains microscopiques. Tout ça rendait un peu claustro, même si le reste était correct. Et globalement, feeling mitigé, d’autant que le papier peint beige et la décoration strictement fonctionnelle donnaient une ambiance tristounette (j’ai encore du mal à faire abstraction de la déco quand je visite, même si je sais très bien que je peux y remédier). La deuxième appart correspondait déjà un peu plus à mes attentes, mais comportait deux gros défauts que l’agence m’avait signalés. D’une part, l’immeuble était vraiment très mal entretenu. Pas forcément crade, mais plutôt délabré. D’autre part, l’appart donnait sur une cour avec vue sur un grand mur. Et c’est là que je me rends compte qu’après neuf ans passés dans un studio où la vue est inexistante, ce sera un critère déterminant. À part ça, j’aimais bien la pièce principale, un peu moins la chambre, l’ensemble était assez mignon (et décoré dans un style proche de mes goûts) mais ce n’était clairement pas le bon non plus. Je suis assez curieuse de voir celui que je visite demain, quoique je me demande s’il ne sera pas un peu petit (28m²). Je ne me rends pas encore bien compte des surfaces.

 

Je continue à tourner en boucle sur les mêmes questions existentielles – est-ce que je monte jusqu’au tarif maximal fixé avec le courtier, est-ce que je vise plus bas pour multiplier mes chances d’obtenir un prêt, est-ce que je trouverai un quartier qui me plaise autant que le 11ème, quel critère est prioritaire ou non, etc, etc – mais je suis contente d’avoir enfin commencé la chasse. En attendant, tout ça me donne une pêche pas possible. Un dimanche qui commence par un excellent épisode de Dexter (pléonasme) au petit déjeuner et se poursuit par un grand ménage de printemps en écoutant de la musique à fond et en réfléchissant à des questions sur la déco, l’ameublement et autres sujets liés aux déménagements, c’est plutôt chouette. Pourvu que ça dure.

 

  

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