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La dernière séance, et l’avant-dernière aussi

 

L’un des (nombreux) avantages que présente mon quartier, c’est la proximité de Bastille et de ses trois cinémas. J’avais des envies de ciné, The Dark Knight ne sort que mercredi, je n’arrivais pas à trancher entre deux films et j’ai donc décidé sur un coup de tête de m’accorder une double séance, ce que je n’avais pas fait depuis une éternité. Ça m’a rappelé l’époque où je squattais les Arcades de Dunkerque dès 11h du matin pendant la Fête du cinéma (il faut savoir qu’entre 16 et 20 ans, j’étais très geek, j’avais très peu d’amis et je m’emmerdais beaucoup à Dunkerque).

Meilleur film de la soirée, haut la main, la séance de 20h alias Bons baisers de Bruges dont Fabrice Colin disait récemment beaucoup de bien sur son blog. J’ai tendance à aller voir la plupart des films dans lesquels joue Ralph Fiennes, même dans des seconds rôles, et j’étais curieuse de voir ce que pouvait donner un film noir se déroulant à Bruges dont je connais surtout l’aspect touristique. Ça m’éclatait encore plus de le voir une semaine après un passage à Gand, qui lui ressemble beaucoup. Le film est une très chouette surprise. On y suit un duo de tueurs britanniques dont l’un a commis une énorme boulette et qu’on envoie se planquer en Belgique. Ils font du tourisme, des rencontres, attendent les instructions de leur patron qui tardent à venir. L’intrigue progresse par sauts constants du coq à l’âne, au point qu’on ne sait jamais à quoi s’attendre, mais le tout finit par former une histoire cohérente. Le réalisateur Martin McDonagh a le sens du détail incongru qui donne tout son sel à une scène : toutes les figures imposées du film noir sont là, mais il en prend presque toujours le contre-pied, ce qui donne des situations assez cocasses. Ça m’a un peu rappelé Quentin Tarantino et ses tueurs discutant de McDo et de Madonna, mais dans un registre différent. Et puis le trio d’acteurs est savoureux, Colin Farrell en tête. Ralph Fiennes, qui n’est jamais meilleur que quand il joue les tordus, est teigneux à souhait même si Farrell et Brendan Gleeson lui volent la vedette. Le film est très drôle de bout en bout, y compris lorsque les choses prennent une tournure plus sombre – on sait dès le départ qu’on est dans un film noir et une impression de tragédie imminente plane tout du long, mais rien ne s’y passe jamais comme prévu.

 

Bilan un peu plus mitigé pour Dorothy, même si le film est prenant. Je ne savais pas trop, en y allant, s’il relevait du fantastique ou du psychologique, et une partie de l’intérêt que j’y ai porté venait de là. Le film hésite longtemps entre les deux, et lorsqu’il tranche, c’est de manière logique mais un peu décevante – j’avais entrevu une autre explication possible qui me semblait cent fois plus glaçante. Mis à part ce détail et le fait que les personnages et situations soient parfois un peu stéréotypés, on se laisse vraiment prendre au jeu. Déjà, parce que le personnage de Dorothy – une adolescente accusée du meurtre d’un bébé et chez qui on soupçonne des troubles de la personnalité – est vraiment poignant, ne serait-ce que par l’étendue de la souffrance que lui fait porter toute une communauté. C’est là que le film frappe le plus fort. Sans compter qu’il aborde des thèmes dont je suis généralement assez cliente : la communauté qui protège ses secrets enfouis, le mystère dont la clé se trouve dans l’étude d’un cas psychiatrique, ce genre de choses. Dommage que la fin parte un peu en vrille avec des effets trop appuyés. J’ai été surprise d’apprendre que ce film tourné en Irlande et en langue anglaise était réalisé par Agnès Merlet dont je me rappelle avoir vu le premier long-métrage Le fils du requin il y a une bonne dizaine d’années.


And now, for something completely different (insérer générique du Monty Python’s Flying Circus)…
Je viens de voir que le site www.mondedulivre.com a mis en ligne une interview qui date de juin dernier et qui a la particularité d’être ma toute première interview vidéo, du moins de ce côté de la caméra. Parce que de l’autre, j’ai déjà donné une fois en cuisinant Eleni Mandell pour le Cargo et j’avais adoré l’expérience au point de vouloir recommencer, sauf que l’occasion ne s’est pas encore présentée. Pour la petite histoire, juste avant d’arriver dans les locaux de Bragelonne pour cette interview, je m’étais précipitée acheter un dictaphone pour enregistrer Amanda Palmer le lendemain – interview qui a failli être filmée, qui ne l’a finalement pas été, mais l’enchaînement des deux aurait été rigolo. Tout ça pour dire que maintenant que j’ai pris l’habitude de m’entendre parler, après avoir participé à des émissions de radio, je m’aperçois que c’est encore autre chose de se voir en images qui bougent. Ça fait quand même un peu bizarre. Pour info, le site compte également une interview de mon camarade Pierre Pevel, avec qui j’ai fait pas mal de signatures ces derniers temps.

Autre chose encore : je ne sais pas si vous avez remarqué, mais j’ai l’impression que le spam qu’on reçoit ces temps-ci, surtout quand on sent le passage au traducteur automatique, prend une tournure que je ne saurais qualifier que d’insolite et/ou de poétique. Sérieusement, des fois, c’est à la limite du haiku. Ça fait un moment que je me promets de recenser les perles et j’oublie à chaque fois. J’ai juste noté aujourd’hui les spécimens suivants, je cite : « Les problèmes avec la puissance ? Dès à présent ils vont disparaître » « Toujours plus d’ouverture et toutes les pilules » « Maintenant Le Cas! Enormes Penis! Ce Gros! » et mon préféré (authentique) : « Lumineux, Plein de Vin! La lutte, C’est en Vain! » Et encore, ce ne sont pas les meilleurs que j’aie vus. Si vous trouvez mieux, ça m’intéresse, je sens que je vais commencer une collection.


Je terminerai cette entrée assez décousue en signalant que dans la série des camarades qui désertent MySpace pour investir Over-blog, c’est au tour de mon collègue auteur et traducteur Lionel Davoust de s’y coller. Et ça se passe ici.

 

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