Pour fêter la rédaction d’une nouvelle conçue en un temps record, ainsi que l’arrivée des Utopiales, un petit numéro musical. Trois acteurs de Dr Who (David Tennant, Catherine Tate et John Barrowman) rendent hommage en chanson aux producteurs Russell T. Davies et Julie Gardner. Pour en saisir tout le sel, les paroles figurent sur la page Youtube.
Je repensais à cette vidéo hier soir en commençant la lecture de The Writer’s Tale de Russell T. Davies et Benjamin Cook (sur l’air classique de « Allez, encore une page » avant de s’obliger à reposer le bouquin une heure et demie plus tard). Le livre est né d’un échange de mails censé déboucher sur un article consacré à Russell T. Davies et à la création de Dr Who dont il était alors producteur et scénariste. Deux ans de correspondance plus tard, c’est devenu un pavé passionnant. Outre la curiosité liée au fait de découvrir les coulisses de la série, j’ai été frappée par la sincérité avec laquelle Davies parle de ses difficultés d’écriture et de ses pannes d’inspiration. (Voir le pastiche qu’en fait David Tennant dans la vidéo ci-dessus.) J’aime sa manière de décrire la création d’une histoire non pas comme un processus linéaire, mais comme une suite de déclics qu’il est bien en peine de provoquer volontairement. J’y reconnais forcément beaucoup mon propre rapport à l’écriture. La partie que j’ai lue hier concernait plus particulièrement la genèse de la saison 4 et la création d’une nouvelle compagne pour le Docteur, qu’on voit Davies développer au fil des mails. Personnage finalement remplacé par celui de Donna Noble, que Catherine Tate avait déjà interprété dans un épisode de Noël. C’est amusant et touchant à la fois de voir Davies avouer en substance qu’au lieu d’être en train de développer une intrigue avec des monstres et des rebondissements, il se réjouit d’avoir enfin trouvé le nom de la mère de son héroïne. Car les noms ont une influence non négligeable sur le rapport qu’on entretient avec ses personnages, comme il l’explique très justement : un jour où un producteur a subitement fait changer le nom de l’héroïne d’une autre série sur laquelle il travaillait, il n’a plus jamais été capable de la développer correctement.
D’après ce que j’en ai lu pour l’instant, le livre parle tout autant de ce qui a été créé que de ce qui a été envisagé puis abandonné, car comme le souligne Davies, la création est avant tout une question de choix successifs. Bref, un pavé passionnant qui devrait bien m’occuper demain pendant les deux heures du trajet Paris-Nantes. Rendez-vous aux Utopiales, pour ceux qui y seront !