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Evelyn, Evelyn, le printemps, la trentaine et le reste

 

 

Reprise des concerts après une pause d’un an, et pas d’humeur à rédiger un compte-rendu hyper détaillé. D’abord parce que j’ai déjà dit ici, et souvent, tout le bien que je pense d’Amanda Palmer, de sa musique, de ses concerts, de son rapport au public et de sa vision des choses en général. Et d’autre part, parce que ce qui faisait tout le sel du concert d’Evelyn Evelyn tenait moins à la musique (assez jubilatoire par ailleurs) qu’aux mimiques ahuries d’Amanda Palmer et Jason Webley incarnant des sœurs siamoises à demi sauvages qui ne connaissent du monde que le cirque où elles ont grandi. Une robe pour deux, qu’on croirait taillée dans une vieille paire de rideaux, un clavier ou un accordéon que chacun joue d’une seule main, et des dialogues sans queue ni tête où chacun prononce un mot sur deux. Ces deux-là sont complètement cinglés, dans le meilleur sens du terme. On ne sait jamais trop à quoi s’attendre, et c’est pour ça qu’on les suit d’un projet à l’autre. (Quoique je ne me sois pas encore penchée sur la discographie de Jason Webley, qui m’a pas mal impressionnée les deux fois où je l’ai vu en live.) Au concert d’Evelyn Evelyn a succédé un set très bref où Jason et Amanda alternaient les morceaux de manière plus classique – l’occasion d’entendre un Runs in the family toujours aussi grandiose et un Mrs O. qui m’a filé la chair de poule, alors que cette chanson ne me plaît pas plus que ça sur disque. Puis un final où Amanda fait monter les fans sur scène tandis que Jason entonne une chanson à boire et nous fait tourner sur nous-mêmes pour être saouls sans avoir bu (le pire, c’est que ça marche).

 

C’était l’occasion de tester mon reflex en concert, après avoir hésité à le sortir pendant une bonne demi-heure – c’est nettement plus bruyant que mon G9, ce bestiau-là. Pas hyper convaincue du résultant, dans le sens où la marge de progression par rapport à l’autre appareil n’est pas flagrante (la faute à la photographe qui manque d’expérience, pas au matériel). Mes photos préférées, finalement, sont celles des dédicaces d’après concert dans le hall de l’Européen. (Le reste de la série est visible sur Flickr.)

 

Evelyn et Evelyn (ou l’inverse ?)

 

 

 

 

 

 

C’était déjà dans une salle de concert que j’avais, pour la première fois, vraiment pris conscience du passage des générations – une soirée où se succédaient les Libertines et PJ Harvey, et où le public de chacun était bien marqué. Les vingt ans et moins venaient pour les Libertines, les trente ans et plus pour PJ Harvey (devinez de quel côté je me trouvais ?). J’avais compris ce jour-là qu’une nouvelle génération arrivait et que je faisais désormais partie des « plus si jeunes ». Mardi soir, à l’Européen, une autre évidence m’a sauté à la figure en regardant les fans défiler devant Amanda Palmer : on n’est clairement plus le même fan à trente ans qu’à vingt. Face à l’enthousiasme des plus jeunes, je me suis revue dix ans en arrière, à l’époque où aller parler aux groupes après un concert était un exploit et où je collectionnais les dédicaces, setlists et autres reliques. Je ne sais pas quand m’est venue cette sorte de pudeur qui m’empêche d’aller dire aux artistes à quel point leur musique me touche – ou de le leur dire de manière convaincante, quand je décide quand même de franchir le pas. Depuis, d’autres ont pris ma place. La roue tourne, je ne peux pas dire que je le regrette mais ça m’inspire un genre de nostalgie diffuse.

 

Notez le T-shirt « Fuck the ashcloud » offert par une fan.

 

 

Avec Sylvia, adorable fan italienne que j’ai croisée à plusieurs concerts.

 

Pour la petite histoire, un concours de circonstances improbable m’a fait atterrir en toute fin de soirée dans le taxi qui ramenait Amanda Palmer et l’adorable Holly Gaiman (la fille de Neil) vers l’endroit où elles logeaient pour la nuit. Motif : Amanda, comme souvent, avait demandé sur Twitter qui pouvait l’héberger ainsi que son équipe lors de leur passage à Paris. Un ami qui avait répondu à l’appel hébergeait Amanda et Holly mais ne pouvait assister au concert – et voilà comment je me retrouve à jouer les escortes à une heure du matin. Quand je vous dis que je vieillis : j’étais amusée, mais même pas impressionnée.

 

Et pendant ce temps, c’est le printemps, les traducteurs fleurissent aux terrasses et les projets bourgeonnent. De manière un peu surprenante, parfois. Aux traductions en cours s’ajoutent des projets dont je ne peux encore parler qu’à demi-mot, et qui ne sont pas de ma propre initiative. D’abord un projet de traduction un peu particulier qui me tient vraiment à cœur, puisqu’il s’agit de textes que j’ai moi-même sélectionnés. J’expliquerai le pourquoi du comment quand tout ça sera officiel, mais si tout va bien, le livre en question devrait paraître en début d’année prochaine. Et depuis peu, un projet d’écriture sous la forme d’un ouvrage collectif auquel j’apporterai une contribution. Ça ne ressemble à rien de ce qu’on m’ait demandé jusqu’à présent, ça m’intimide autant que ça m’amuse et ça touche à des thèmes qui me parlent depuis longtemps. Moi qui avais sérieusement envie de reprendre l’écriture mais qui n’arrivais pas encore à ordonner les idées qui me tournaient dans la tête, je crois que j’ai trouvé la bonne occasion pour m’y remettre. Le printemps sera studieux. Mais tant qu’on peut être studieux aux terrasses des cafés…

 

 

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