J’avais envie depuis quelques jours de poster une entrée détaillée pour parler livres et musique, mais je repoussais pour cause de flemme et d’une vague angine combinées (la seconde n’étant sans doute pas étrangère à la première). J’allais me contenter des sons et des images, et puis une fois lancée, comme d’hab, l’entrée s’est rédigée toute seule.
Côté bouquins, je m’interroge sur le phénomène qui pousse à recommencer les achats pile au moment où j’entreprends de remplir les cartons. Ça a un petit côté Sisyphe, quand on y pense. Je viens de me plonger simultanément dans Les filles mortes se ramassent au scalpel de Gudule (qui se dévore toujours aussi vite, même dans les périodes où je ne suis pas trop branchée lecture) et Le Déchronologue de Stéphane Beauverger que je commence à peine et dont tout le monde me dit le plus grand bien. J’en profite pour signaler que Stéphane Beauverger répond aux questions des internautes sur ActuSF jusqu’à vendredi. Un troisième bouquin me fait de l’œil depuis ma table et je résiste vaillamment à la tentation de me jeter dessus. Ça fait des années que je me promettais de relire Carson McCullers ; je viens d’acheter Le Cœur est un chasseur solitaire en VO. J’avais lu ce roman en français vers 18/20 ans et il m’avait fait très forte impression. Surtout pour son ambiance et ses personnages : je me rappelle des scènes davantage que des intrigues. J’étais toute surexcitée rien qu’en relisant la première phrase (« In the town there were two mutes, and they were always together. ») J’ai envie de redécouvrir, avec le recul et un regard d’adulte, le personnage de l’adolescente Mick Kelly qui m’avait tellement marquée à l’époque, et dans lequel j’ai toujours supposé que l’auteur se reconnaissait pas mal. Un personnage moins dérangeant, dans mon souvenir, que Frankie Addams dans The Member of the wedding, autre lecture marquante du même auteur – un des romans les plus justes que j’aie lus sur l’adolescence, qui a le courage de mettre en scène une ado un peu antipathique qu’on finit par prendre en grippe tellement on s’y reconnaît. On éprouve pour Frankie autant d’empathie que d’agacement, ce qui est un exercice littéraire assez balèze (ce qui me rappelle que j’avais relu le roman avant d’écrire Trois pépins du fruit des morts où il est question d’une ado pas moins paumée et pas tellement plus sympathique). Je me demande combien de temps je vais encore résister avant d’ouvrir Le Cœur est un chasseur solitaire. J’espère ne pas être déçue à la relecture.
Côté musique, l’un des albums que j’ai le plus attendus ces dernières années est enfin sorti. Depuis hier, cette chanson tourne en boucle chez moi tandis que je fais des bonds partout en essayant de ne pas trébucher sur les cartons. Je vous préviens, c’est… un peu spécial.
Première réaction en découvrant ce morceau hier, un mélange de « C’est quoi ce truc ? » et « Oh mon Dieu, ils ont fait du Captain Beefheart ! ». Que PJ Harvey et John Parish soient fans de Captain Beefheart, ce n’est pas nouveau – d’ailleurs les paroles de l’album To bring you my love de PJ Harvey sont bourrées de références et de clins d’œil (dès la phrase d’ouverture, « I was born in the desert », empruntée à Sure ’nuff ’n yes I do). Mais entendre Polly Harvey chanter avec le phrasé de Don Van Vliet, je ne l’avais pas vu venir et ça surprend. Avec le recul, je ne trouverai peut-être pas la ressemblance si flagrante, mais j’ai pensé à tout un tas de chansons de Captain Beefheart en l’écoutant, celle-ci notamment :
Trop tôt pour parler de cet album, évidemment. Les premiers extraits m’avaient fait attendre un album plutôt en demi-teinte, mais je le trouve en fin de compte assez énergisant. Et sacrément barré : les gens qui trouvaient leur album Dance hall at louse point expérimental ne vont pas être déçus du voyage. Mention spéciale à la chanson postée ci-dessus, que je trouve vraiment excellente. Quand on en arrive à la partie instrumentale (100% John Parish, donc), je suis limite en transe. Mais je leur tire mon chapeau sur deux points en particulier : ils ont réussi à ne pas répéter ce qu’ils avaient fait sur Dance hall at louse point en 1996 – et plus difficile encore, ils ont réussi à me surprendre. Sachant à quel point j’ai écouté et épuisé le répertoire des deux zouaves depuis une douzaine d’années, ce n’était pas gagné.
(NB : Pour ceux qui voudraient en savoir un peu plus sur John Parish, je lui avais consacré un zoom sur le Cargo il y a quelques temps.)
Et j’ai enfin réussi à boucler ma chronique d’Artificial fire d’Eleni Mandell pour le Cargo. Pas totalement convaincue par le résultat : j’ai un peu la tête ailleurs, et pas encore assez écouté l’album pour vraiment le cerner. Mais je voulais lui donner un coup de projecteur, et si possible avant le concert du 25 avril dans le cadre des « Femmes s’en mêlent ». Je vous laisse avec un extrait de l’album. Je ne suis pas très fan du clip, qui a un côté poseur qui ne ressemble pas du tout à Eleni telle qu’on peut la voir sur scène, où elle est au contraire d’une sincérité absolue. A ma grande frustration, c’est extrêmement difficile de trouver de bonnes vidéos d’Eleni Mandell sur le Net (et je ne parle même pas d’essayer de trouver ses chansons sur Deezer ou autres); Pas évident pour partager mon enthousiasme pour ses albums et surtout ses apparitions scéniques : elle fait partie de ces artistes que je ne manque sous aucun prétexte, tellement certains de ses concerts m’ont marquée. Mais ça vous donnera déjà une petite idée.
PS : Et à part ça, je suis contente, j’ai fait du featuring sauvage sur le blog de Régis.