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Les fantômes de l’appartement 302

Ceux qui auraient suivi la saga de mon exploration des rues brumeuses de Silent Hill se rappelleront peut-être que je m’étais récemment perdue dans les méandres du quatrième jeu de la série, baptisé The Room. Je l’abordais comme étant peut-être mon tout dernier Silent Hill, The Room étant considéré par beaucoup de fans comme le dernier très bon jeu de la série – le dernier, si j’ai bien compris, à avoir été développé par l’équipe japonaise d’origine avant que Konami ne confie la série à une équipe américaine. Par ailleurs, je ne suis équipée pour jouer ni à Origins (qui m’intrigue pourtant pas mal), ni à Shattered Memories, et Homecoming a la réputation d’un ratage intégral. Reste à voir ce que donnera Downpour, le huitième jeu dont la sortie est annoncée prochainement.

 

The Room, donc. Développé à l’origine comme un jeu indépendant, avant d’être rattaché en cours de développement à la saga Silent Hill. Ça se sent assez nettement, tant dans le gameplay que dans le scénario, ce qui a le mérite de renouveler un jeu qui aurait pu tourner en rond. Le point de départ est assez original (et m’a curieusement rappelé le roman de Serge Lehman Le Haut-lieu). Depuis trois jours, Henry Townshend ne peut plus quitter son appartement. Les fenêtres sont coincées, la porte couverte de chaînes cadenassées, le téléviseur en panne. Deux trous sont apparus dans les murs : le premier donne sur la chambre de sa voisine Eileen tandis que l’autre, dans la salle de bains, débouche sur une série de mondes de plus en plus inquiétants : un métro désert peuplé de monstres, une forêt qui cache en son cœur un orphelinat abandonné… Peu à peu, l’histoire de l’appartement 302 commence à trouver une explication, qui semble tourner autour d’un petit garçon et d’un étrange personnage aux cheveux longs que Henry croise régulièrement au cours du jeu.

 

 

The Room m’a laissée perplexe. Il y a d’excellentes idées, des ambiances glauques à souhait, des moments assez flippants, et le scénario est vraiment intriguant. Mais il manque le grain de folie qui donnait envie de crier au chef-d’œuvre dans chacun des trois jeux précédents. Par ailleurs, le gameplay est un peu pénible à prendre en main, même si l’idée de l’alternance entre l’appartement et les différents mondes est vraiment intéressante. Et si le jeu est un peu long à se mettre en route, pour devenir passionnant à partir du troisième monde, il devient carrément crispant dans sa dernière partie, où le niveau de difficulté redouble d’un seul coup sans véritable justification. Henry se retrouve contraint de revisiter tous ces mondes les uns après les autres, ce qui serait déjà fastidieux s’il ne fallait en plus traîner une Eileen blessée qui ne peut pas grimper aux échelles, échapper aux coups de feu du mystérieux (et increvable) Walter Sullivan, et exorciser les phénomènes paranormaux qui envahissent désormais l’appartement. Chacun des lieux a son importance dans le scénario (règle de base des Silent Hill où les lieux reflètent toujours la psyché ou l’histoire des personnages), mais rien ne justifie qu’on ait à les retraverser, sinon pour prolonger artificiellement la durée de jeu. Sauf qu’à ce stade, on ne désire plus que connaître le fin mot de l’histoire et passer à autre chose.

 

Un autre regret, minime celui-là, c’est de voir le scénario se construire autour d’une idée réellement barrée (qui n’est dévoilée que dans la dernière heure du jeu), mais se développer malgré tout d’une manière relativement classique. Le fait que les personnages, Walter excepté, soient plutôt fades n’arrange pas vraiment les choses.

 

 

Ceci étant dit, ça reste un très bon jeu au scénario fouillé, qui réussit à faire le lien avec la mythologie de Silent Hill sans se contenter de copier les jeux précédents. Les défauts seraient plutôt d’ordre technique. Pour le reste, il y a quelques scènes assez dérangeantes : le visage géant d’Eileen découvert dans une pièce de l’hôpital, le combat final très réussi, les fauteuils roulants vivants qui remplacent les traditionnelles infirmières-zombies, et quelques fantômes glaçants. Mais l’ensemble est long, beaucoup trop long. J’avoue être une gameuse assez paresseuse qui aime découvrir un jeu et son scénario dans leur ensemble, mais se décourage très vite face à la difficulté. Dans la deuxième partie, j’ai vite renoncé à ma résolution de jouer sans consulter la solution : ça devenait vraiment trop crispant.

 

Toujours dans l’idée d’explorer des classiques qui m’auraient échappé, je viens de me laisser tenter par le premier Resident Evil – en partie parce que le fait qu’il ait été le rival direct du premier Silent Hill à l’époque ait piqué ma curiosité. Je n’ai vu que quelques minutes du jeu, juste assez pour noter une certaine parenté dans le gameplay (époque oblige) et une différence très nette dans les intentions affichées : là où le générique de Silent Hill désarçonnait le joueur en lui montrant ce qu’il n’attendait pas (une suite de scènes intriguantes mais pas spécialement inquiétantes, sur un petit air de mandoline), Resident Evil le rassure en lui montrant très exactement ce qu’il est venu chercher là : des monstres, de l’action, de l’angoisse. Curieuse de voir comment le jeu se déploie ensuite.

 

Pour ceux que cette débauche de monstres et de zombies auraient incommodés, quelques photos de mon nouveau voisin (que nous appellerons Rex Abdaloff pour préserver son anonymat). Je sais, je suis faible : mon objectif ne résiste jamais à l’appel de la kawaïtude féline.

 

 

 

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