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Don’t be afraid of the dark

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Au sujet de ce film, le dernier Mad Movies disait : « (….) preuve une fois encore qu’un récit d’épouvante ne peut fonctionner s’il n’est pas aussi un (mélo)drame. » Phrase qui a achevé de me convaincre de regarder ce film qui m’intriguait déjà beaucoup. C’est depuis toujours mon credo en matière de fantastique, et la raison pour laquelle tant de films du genre m’exaspèrent ou me déçoivent. Voir Livide, autre sortie récente en DVD, qui retrouvait les défauts que je reproche trop souvent aux films fantastiques français (voir Saint-Ange ou le Silent Hill de Christophe Gans) : esthétisant mais désespérément creux, avec une absence de logique interne qui m’empêche d’adhérer.

Plutôt que de logique, je devrais peut-être parler d’échos. Don’t be afraid of the dark en est une illustration habile. Dès les premières scènes, la situation est posée. D’un côté, une immense bâtisse ancienne hantée par un drame du passé. De l’autre, une petite fille ballottée entre des parents divorcés qui s’en contrefichent. La rencontre des deux ne peut qu’ouvrir une brèche sur le surnaturel et sur un drame potentiel. Ce qui est terrifiant ici, ce ne sont pas ces minuscules créatures qui hantent le sous-sol de la maison. C’est la démission des parents de Sally, l’indifférence d’adultes qui ne cherchent ni à la comprendre, ni à l’écouter. Dès le départ, elle est doublement seule face à l’indicible. « Ma mère m’a donnée à mon père », dit-elle à sa belle-mère avec une effrayante lucidité. Toute la force du film est là : dans ces échos, précisément. Développer une mythologie interne avec ses règles propres est une chose ; mais elle ne fonctionnera que si des liens se créent avec le réel, avec les personnages. L’échec de Livide, comme de tant d’autres films fantastiques, était là pour moi.

Le film est classique dans son intrigue et dans son ambiance comme dans sa progression. Il ne prétend pas révolutionner le genre, simplement proposer une variation habile sur des thèmes connus. C’est sa densité émotionnelle qui offre ce « petit truc en plus » qui le distingue. La terrifiante solitude de la petite Sally (interprétée par l’épatante Bailee Madison), mais aussi la relation qui se noue peu à peu avec sa nouvelle belle-mère (incarnée par Katie Holmes), la seule qui cherche à établir un dialogue et la considère comme autre chose qu’un bibelot un peu encombrant. Visuellement, le film offre de jolies trouvailles, notamment dans sa façon d’adopter le regard d’une petite fille qui mène une existence nettement distincte de celle des adultes : leurs routes se frôlent la plupart du temps sans se croiser (voir la scène de la réception, vers la fin, où la dichotomie saute aux yeux, chacun des personnages étant alors enfermé dans sa propre histoire). On regrettera peut-être quelques plans trop rapprochés sur les créatures qui fascinaient beaucoup plus quand elles n’étaient que des ombres furtives dans les recoins. Mais tout le fantastique que j’aime est là. Dommage que le film de Troy Nixey soit sorti directement en DVD. Plus que La Dame en noir, autre film classique mais raté aux trois quarts, c’est Don’t be afraid of the dark que j’aurais aimé voir sur grand écran.

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Des livres en mots et en images

Un immense merci à René-Marc Dolhen et Anna Valenn pour avoir respectivement filmé et enregistré certains passages de ma présentation à la librairie Charybde en tant que « Libraire d’un soir ». D’autres vidéos devraient suivre un peu plus tard.

Je rappelle que les sept livres seront disponibles tout le mois de juillet chez Charybde. L’occasion, si vous ne la connaissez pas encore, de découvrir cette librairie conviviale tenue par une équipe de passionnés.

 

 

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Nouvelles à la pièce

Récemment créé par les éditions Bragelonne, le label Brage est consacré à la publication sous forme numérique de nouvelles à la pièce. L’occasion de lire des textes courts pendant les transports et/ou de découvrir un échantillon de l’univers d’un auteur avant de se lancer dans tout un recueil. Sont disponibles pour l’instant des nouvelles de Fabrice Colin, Erik Wietzel, Michael Marshall Smith, Nancy Kress, Alastair Reynolds… et deux des miennes : « Serpentine » et « Villa Rosalie ». « Mardi gras » devrait suivre prochainement, et d’autres textes ensuite. Ce qui porte pour l’instant à quatre le nombre de mes nouvelles disponibles sous forme numérique, les deux autres étant « Le Jardin des silences » dans le numéro 3 de la revue  Angle Mort, et « Miroir de porcelaine » disponible chez  ActuSF.

Pour en savoir plus, les sorties de la collection Brage, tout comme celles du catalogue Bragelonne/Milady/Castelmore en numérique, sont régulièrement annoncées sur le blog de Bragelonne.

 

 

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Saga de la terre vaine et de l’oiseau moqueur

Un grand merci à tous ceux qui sont passés hier chez Charybde m’écouter jouer les « libraires d’un soir ». Passé le trac initial, l’exercice est vraiment grisant, et les livres les plus faciles à présenter ne sont pas ceux qu’on croit. Je ne m’étais pas attendue à prendre un tel plaisir à expliquer en quoi « The Waste Land » de T.S. Eliot est, à peu de choses près, la plus grosse claque de lecture que j’aie prise ces dernières années.

Pour ceux qui n’ont pas pu venir, ou que la liste intéresse par curiosité, la voici en détail. Les livres seront disponibles tout le mois de juillet à la  librairie Charybde (129 rue de Charenton, 75012 Paris).

Harper Lee, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur (To Kill a Mockingbird)

Un classique absolu dans les pays anglophones, curieusement peu connu chez nous. En Alabama, dans les années 30, l’avocat Atticus Finch accepte de défendre une cause perdue d’avance : celle d’un Noir, Tom Robinson, accusé à tort du viol d’une Blanche. L’histoire est vue par les yeux des deux enfants d’Atticus Finch, qui se retrouvent pour la première fois confrontés à l’injustice. Le choix de faire raconter l’histoire par la petite Scout, du haut de ses six ans, introduit une légèreté et une drôlerie qui empêchent de tomber dans la démonstration pesante.

Carson McCullers, Frankie Addams (The Member of the Wedding)

L’un des romans les plus justes que je connaisse sur l’adolescence, par un des écrivains majeurs de la littérature sudiste américaine. Frankie a douze ans, l’impression de n’être nulle part à sa place dans le monde, et traîne son mal-être dans les rues étouffantes d’une petite ville du sud des USA. À l’approche du mariage de son frère aîné, elle se persuade à tort que les mariés l’emmèneront avec eux après la cérémonie et qu’elle commencera une nouvelle vie. Pendant quelques jours, l’idée vire à l’obsession. Un roman court, lent mais très dense, tout en introspection, à l’écriture magnifique.

Dorothy Allison, L’histoire de Bone (Bastard out of Carolina)

Autre roman « sudiste » à l’ambiance magnifique et terriblement vivante, entre chronique familiale et récit semi-autobiographique. Douze ans de la vie d’une jeune fille dont l’histoire sera marquée par la violence de son beau-père et l’absence de réaction de sa mère pourtant prête à tout pour ses deux filles. Un roman âpre et violent, éprouvant par moments, mais qui réussit à n’être jamais glauque, larmoyant ni misérabiliste.

Tonino Benacquista, Saga

Le roman de plage idéal, à dévorer d’une traite. Dans les années 90, alors que les chaînes de télévision se voient imposer un quota de création française, quatre scénaristes ratés sont embauchés pour écrire une série que personne ne verra, diffusée à 4h du matin, uniquement destinée à remplir les quotas. « Faites n’importe quoi, leur dit-on, du moment que ça ne coûte pas cher. » Ils ont carte blanche, se prennent au jeu et créent une série qui ne ressemble à rien d’autre. Jubilatoire de bout en bout, avec en prime une belle déclaration d’amour à tous les raconteurs d’histoires et un hommage à l’impact qu’ils peuvent avoir sur nos vies.

Nancy Huston, Journal de la création

Un essai passionnant sous forme de journal, qui épouse pendant six mois le rythme de la grossesse de son auteur. Nancy Huston s’interroge sur le rapport conflictuel des femmes à la création, à travers notamment une série de portraits de couples d’écrivains : Sand et Musset, Sartre et Beauvoir, Virginia et Leonard Woolf, Sylvia Plath et Ted Hughes… Comme toujours chez elle, l’écriture est belle et lumineuse, et le questionnement particulièrement juste.

Patti Smith, Just Kids

Just Kids n’est pas un livre de mémoires classique, et c’est qui fait sa beauté. Avant d’être l’évocation de la jeunesse d’une icône du rock, c’est le récit d’une rencontre qui a bouleversé sa vie, celle du photographe Robert Mapplethorpe. Patti et Robert se rencontrent à New York dans les années 60, sans argent mais pleins d’idéaux, bien décidés à devenir artistes. Le livre capture magnifiquement l’ambiance d’une époque, la désillusion progressive des années 70, et se termine par l’évocation poignante de leurs retrouvailles à la fin des années 80, alors que Robert est atteint du Sida. Dans ces pages, on retrouve Patti Smith tout entière, avec sa voix, ses obsessions, sa vision du monde et sa quête permanente du sacré dans l’art et le quotidien.

T.S. Eliot, La Terre vaine et autres poèmes (bilingue)

Aujourd’hui encore, l’influence de T.S. Eliot est partout, jusque dans la culture populaire. On le cite aussi bien dans Apocalypse Now que dans le Cycle de la Culture de Iain Banks ou La Tour sombre de Stephen King. « The Waste Land », son poème le plus connu, est un collage hallucinant de fragments où se télescopent les époques, les voix, les narrateurs. On est ballotté sans cesse d’une scène à l’autre, dont le contexte reste souvent mystérieux. Surtout, c’est un poème d’une rare puissance en termes d’images et de sonorité, qui produit une fascination touchant parfois à l’obsession.

 

 

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