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Cinq geeks à la mer

La geekette en moi a le trac : dans moins d’un mois, elle passe à la télé. Un documentaire au titre éloquent, Fantasy Stars : auteurs de fantasy et gamers, sera diffusé à partir du 6 juin sur la chaîne Nolife, ainsi que sur le site de la chaîne. J’y apparaîtrai en compagnie de Fabrice Colin, David Calvo, Mathieu Gaborit et Laurent Genefort. Les questions portaient à la fois sur la fantasy et ses définitions, sur l’évolution du jeu vidéo et sur nos meilleurs souvenirs de jeu. Le hasard du timing ayant voulu que le tournage ait lieu alors que je venais à peine de récupérer ma PS3, je n’aurai pas pu parler des claques qu’on été Heavy Rain et surtout Silent Hill. À la place, vous aurez droit à World of Warcraft, L’Arche du Capitaine Blood et autres jeux sur Amstrad.

 

Petit bonheur du week-end, au retour d’une belle journée aux Futuriales d’Aulnay-sous-Bois : le très attendu épisode de Dr Who scénarisé par Neil Gaiman, « The Doctor’s Wife », est une petite merveille. Typiquement un de ces épisodes dont on hésite à parler en détail pour ne pas gâcher la surprise des autres. Disons simplement qu’il y avait une idée très simple et très belle à laquelle personne n’avait pensé – vous en rêviez, Neil Gaiman l’a fait. C’est du pur Dr Who et du pur Gaiman à la fois, avec plein de jolies répliques et de moments poétiques.

 

Et pendant ce temps, retour de vieilles questions existentielles : pourquoi suffit-il d’une nouvelle qui refuse de se laisser retravailler pour réveiller la peur de ne plus jamais réussir à écrire ? Je continue à retravailler la nouvelle commencée en février mais il y a longtemps qu’un texte ne m’avait pas donné autant de mal. Je finirai par avoir le dessus – enfin je l’espère – mais ça soulève pas mal de questions. Je m’interroge beaucoup notamment sur le rapport entre l’évolution d’une personne et celle de son écriture. Je suis de plus en plus persuadée que l’on n’est réellement plus la même personne d’une année sur l’autre. Partant de là, de quelle manière évolue l’écriture ? Je finirai peut-être par trouver la réponse un jour. En attendant, je réfléchis à des moyens de faire exister ce texte-là. Chaque chose en son temps.

 

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Des lectures, des aiguilles et des guitares

 

Pour ceux qui n’ont pu assister à la récente soirée de lancement d’Ainsi naissent les fantômes de Lisa Tuttle chez Scylla, et qui souhaiteraient feuilleter le livre pour s’en faire une idée avant de le commander, sachez qu’il commence à être disponible dans différents points de vente : la librairie Les Quatre Chemins à Lille, la librairie Sauramps à Montpellier, et pour les Parisiens, L’Antre-Monde et le Virgin des Champs-Elysées. Il devrait y en avoir également des exemplaires disponibles le samedi et le dimanche aux Imaginales d’Epinal. Les Imaginales où sera remis le prix du même nom, pour lequel Kadath est finaliste dans la catégorie « Prix spécial ». Il est également finaliste du Grand Prix de l’Imaginaire remis début juin, dans la même catégorie. Croisons les doigts et les tentacules.

 

Sur une note plus personnelle, ceux qui me connaissent de plus ou moins longue date ricaneront en apprenant qu’au moment de me faire retirer un petit angiome sur l’abdomen en clinique dermato, nonobstant ma quasi-phobie des aiguilles, du médical et la perspective de la piqûre d’anesthésie et des points de suture, ma principale contrariété aura été de me voir priver de sport pour un mois. Ne dirait-on pas qu’on change en vieillissant, et pas toujours comme on s’y attendrait. C’est qu’une fois lancé, on prend goût à la séance de piscine hebdomadaire et aux exercices de muscu devant Dr Who ou Game of Thrones. D’accord pour arrêter la piscine, mais les exercices avec mini-haltères, c’est peut-être négociable quand même ? (Et là, je vois mon moi non-sportif d’il y a dix ans qui me regarde et qui ricane.)

 

Dans la foulée, réveillée à trois heures du matin par la cicatrice qui tiraillait un peu, j’en ai profité pour terminer Mrs Dalloway acheté à Londres et lu par petits bouts ces trois dernières semaines. J’ai toujours eu l’intuition que Virginia Woolf était un auteur pour moi, mais je n’avais jamais osé me lancer. Je ne prétendrai pas avoir tout compris à Mrs Dalloway : ça reste une lecture exigeante par ses choix stylistiques. Mais le fameux stream of consciousness qui nous balade dans les pensées des différents protagonistes est un sacré tour de force. Je me suis régulièrement demandé en cours de lecture comment il était possible, concrètement, de planifier un roman pareil. Je suis passée à côté d’une grande partie du livre, faute d’avoir la concentration nécessaire, mais il m’a fait la même impression que The Waste Land de T.S. Eliot lu récemment : celui d’une œuvre qu’on peut également apprécier en y piochant des bribes sans forcément appréhender l’ensemble. De temps à autre, on tombe sur une phrase, une métaphore, qui dit quelque chose qu’on n’avait jamais vu décrit avec une telle justesse. L’intrigue est banale, en somme : une journée dans l’existence de personnages ordinaires. Mais la manière d’explorer ces existences l’est nettement moins. C’est un de ces romans qui vous donnent par moments l’impression de toucher du doigt à l’essence de l’expérience humaine, et d’y être soi-même relié. L’impression aussi, plus confuse, de comprendre plus de choses sur le(s) fonctionnement(s) de l’être humain qu’on n’en avait conscience. J’avais le sentiment à certains moments que je n’aurais pas reçu ce roman de la même manière il y a encore deux ans, parce que je n’étais pas la même personne et que je n’y aurais pas entendu les mêmes choses. L’effet est assez troublant. Je vais attendre un peu avant de poursuivre mon exploration des livres de Virginia Woolf, mais je comprends maintenant pourquoi on la considère comme un grand écrivain.

 

Et maintenant, par quoi enchaîner ? Le dernier Tonino Benacquista ou la relecture de Dix petits nègres (par la faute du Docteur, évidemment) ? J’aurai justement douze heures de train à meubler la semaine prochaine, pour me rendre au salon « Le Grimoire » à Toulouse où je participerai à une rencontre le samedi midi.

 

 

 

Côté musique, quelques photos de concert sur le Cargo : cette fois, c’est Jesse Sykes & The Sweet Hereafter, souvent nettement meilleurs sur disque que sur scène – mais pas cette fois. Les chansons les plus aériennes de l’album Like, love, lust and the open halls of the soul passent parfois mal la barrière de la scène, faute d’être interprétées avec la subtilité nécessaire, mais le récent Marble son, avec ses guitares hypnotiques et sa construction en montagnes russes, semble taillé pour être joué en live. C’était court mais puissant à souhait.

 

 

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Tomboy

 

 

 

Je ne sais plus à quand remonte ma dernière incursion au cinéma, mais je me rappelle qu’une bande-annonce m’avait marquée. Une famille s’installe dans un nouveau quartier ; l’un des enfants fait connaissance avec ses voisins et se présente sous le nom de Michaël. Mais dans l’extrait suivant, on entend sa mère l’appeler Laure. Jusque là, on n’a pas mis en doute un seul instant le fait que « Michaël » soit un petit garçon. Tout le film est déjà là, dans cet enchaînement de quelques secondes. Tomboy de Céline Sciamma est un film un peu longuet dans sa première partie, qui installe les personnages à travers une suite de scènes de vie ordinaire. Les rapports entre les enfants, la complicité qui unit Laure à sa petite sœur Jeanne, les jeux de la bande de gamins sonnent juste tout du long. Ils ont un langage à eux, une logique particulière, qui ne sont pas ceux des adultes, ce que le film montre très bien.

 

Mais ces scènes ordinaires ne le sont pas tant que ça, et c’est là que Tomboy est troublant. On vit toute cette histoire du point de vue de Laure/Michaël, dont le mensonge peut être découvert à chaque instant. Les garçons acceptent sans trop de mal ce nouveau copain de jeux, et Lisa, la seule fille de son âge, s’attache très vite à ce garçon qu’elle trouve « pas comme les autres ». Plus le mensonge s’éternise, plus on sait que la chute sera rude – les vingt dernières minutes, d’une cruauté dépouillée, sont extrêmement poignantes. Elles le sont d’autant plus qu’on accepte finalement dès le départ l’existence de Michaël comme son identité véritable. C’est Laure qui ressemble à un masque. Zoé Héran, qui incarne le personnage, est stupéfiante. On ne sait jamais trop si l’on voit à l’écran une petite fille habillée en garçon, ou un petit garçon aux traits un peu féminins.

 

Le film ne plaira certainement pas à tout le monde, ne serait-ce que par ce parti pris de s’attarder sur le quotidien dans la première partie sans développer d’intrigue autre que ce qui découle de ce jeu de masques. Mais il y a dans la plupart des scènes une très belle façon de filmer les êtres de près, de s’attarder sur les corps et les visages. Et le personnage de Laure/Michaël est poignant dans sa quête d’identité. Au point qu’il continue d’exister, et de nous hanter, après la fin du film.

 

 

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Un bon angle est un angle mort

Tel le brin de muguet moyen, les salons fleurissent en mai, et les week-ends se remplissent les uns après les autres pour les deux mois à venir. Attendez-vous à m’en voir annoncer quelques-uns incessamment. Pour le mois de mai, je participerai aux Futuriales d’Aulnay-sous-Bois le samedi 14, aux Imaginales d’Epinal du vendredi 27 au dimanche 29 (mon programme est annoncé sur le site), et je ferai un passage éclair par une autre manifestation à Toulouse entre deux, que j’annoncerai plus tard.

 

En attendant, la revue électronique Angle Mort vient de publier son troisième numéro. J’y partage le sommaire avec Léo Henry, Kij Johnson (dont j’avais autrefois traduit une superbe nouvelle pour un des Emblèmes de l’Oxymore) et Sara Genge. Ma nouvelle, « Le jardin des silences », était parue en 2008 dans une revue assez confidentielle et je suis ravie que ce texte, auquel je suis vraiment attachée, ait une deuxième vie. Il est disponible en ligne et au téléchargement sur cette page.

 

Pour finir, quelques photos de concert. Budam est un drôle d’oiseau originaire des îles Féroé, qui déploie sur scène tout un dispositif ludique : une tête d’éléphant, une intrigante boule métallique ou encore une chaise à laquelle il s’attache d’une seule jambe (ce qui l’oblige à se contorsionner pour atteindre le micro). Sur disque, je trouvais sa musique plutôt mélancolique ; sur scène, elle devient grisante et euphorisante. Pour vous en donner un aperçu, j’ai posté quelques photos sur le Cargo. Mais celle-ci en dit sans doute déjà beaucoup :

 

 

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Arsenic sans vieille dentelles

 

En ce vendredi 29 avril où d’aucuns suivront religieusement le mariage royal qui se déroulera de l’autre côté de la Manche, d’autres viendront passer un bout de soirée à la librairie Scylla. C’est en effet demain qu’aura lieu le lancement du recueil de Lisa Tuttle, Ainsi naissent les fantômes, que j’ai dirigé et dont j’ai déjà parlé ici. Si vous êtes intéressés, vous êtes donc attendus à partir de 17h au 8 rue Riesener, 75012 Paris, métro Montgallet. En plus de ce recueil, il y aura mes livres et les ouvrages précédents de Lisa (ainsi que les anthologies Territoires de l’inquiétude où elle a souvent été publiée). Il y aura aussi à boire et à grignoter. En guise d’argument de vente, j’ai des cookies au chocolat en train de cuire au four. Je n’exclus pas d’apporter d’autres gâteaux si j’ai le temps de les préparer demain.

 

J’ai eu envie ces derniers jours de parler de trucs en vrac que j’ai laissés passer : le plaisir de retrouver Dr Who dont la saison 6 commence assez fort (mais j’attends la fin du double épisode pour me faire un avis plus précis) ; la tristesse d’apprendre le décès de l’actrice Elisabeth Sladen, qui incarnait Sarah Jane Smith dans la série, et dont le personnage m’avait surtout marquée pour un épisode très touchant de la série récente, School Reunion ; ou encore un étonnant film finlandais, Rare Exports, sans doute l’histoire de Père Noël la plus originale et la plus flippante que j’aie jamais vue (d’où l’intérêt d’avoir des amis amateurs de films improbables, qui vous font parfois découvrir de très bons films entre deux nanars). Au lieu de tout ça, vous aurez droit à un remix non moins improbable du « Pudding à l’arsenic » d’Astérix et Cléopâtre (que la plupart des gens ayant été enfants dans les années 80 doivent connaître par cœur). Histoire que je ne sois pas la seule à avoir ce truc qui me tourne dans la tête. Ça rejoint la thématique culinaire ci-dessus – mais je vous promets que mes cookies sont garantis sans arsenic.

 

 

 

 

 

 

 

 

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