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Carnaval sans images

 

Entre un emploi du temps chargé et un gros coup de fatigue précédant les vacances, vous aurez échappé à pas mal de développements envisagés sur ce blog puis écartés par manque de temps ou d’énergie. Sur Silent Hill que j’ai enfin terminé, et ma fascination pour la figure tragique et fuyante d’Alessa. Sur Black Swan, que j’ai tout de même chroniqué sur le Cargo. Sur mes lectures récentes : le Peter Pan de Barrie que j’ai trouvé étrangement déprimant, et Au risque de se perdre, excellent polar de Cathi Unsworth découvert presque par hasard, qui se déroule dans le milieu de la critique rock et du cinéma, et où Londres devient l’aimant de paumés en tous genre, de personnages blessés par la vie qui cherchent à oublier les drames vécus dans de petites villes aux histoires sordides. Et sur Londres, justement, où je serai dans une dizaine de jours et où j’ai déjà prévu beaucoup trop de choses à voir et faire – à commencer par l’exposition Doctor Who Experience pour laquelle je viens d’acheter ma place. La geek en moi ne peut pas résister à l’envie de voir en vrai les costumes de la série et un authentique décor du Tardis période David Tennant.

 

Ce que je ne pouvais pas manquer de poster ici, en revanche, c’étaient les photos du carnaval de Dunkerque, plus précisément de la bande de Malo-les-Bains dimanche dernier… Sauf que c’est précisément le jour que choisit Over-blog pour planter à répétition quand je cherche à poster des photos. En attendant de résoudre le problème et de pouvoir illustrer cette entrée, je vous renvoie à ma page Flickr où j’ai posté une partie des photos.

 

La fin de semaine sera marquée par le Salon du Livre (je signerai Kadath ce vendredi de 17h à 20h sur le stand Mnémos) et le passage en France de Kelley Armstrong dont j’ai traduit cinq romans pour Bragelonne. Et ensuite, il sera enfin temps de compter les jours me séparant des vacances.

 

 

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The West’s asleep

 

Et la fangirl en moi de se demander s’il sera très judicieux, le mois prochain, d’arpenter les rues de Londres vêtue d’un T-shirt qui annonce « Let England Shake ». Avouez que c’est tentant. Vous noterez au passage sur la gauche une tentative féline de sabotage de séance photo.

 

Parlons-en, de Let England shake. Quasiment chaque fois que PJ Harvey sort un nouvel album, je prends des leçons de créativité. Sa capacité à partir expérimenter là où on ne l’attend pas m’impressionne de plus en plus. Et fait souvent écho aux questions que je peux me poser sur mon rapport à l’écriture et les moyens d’éviter de tourner en rond. Pour un avis plus détaillé concernant ce très bel album, voir la chronique que j’ai postée sur le Cargo (lequel a été récemment relifté grâce à un site tout beau tout neuf). J’ai aussi eu la chance, ces deux dernières semaines, d’entendre trois fois ces chansons-là sur scène. D’abord dans le cadre hyper intimiste de la Maroquinerie, un concert de toute beauté. Puis deux soirs de suite à l’Olympia, pour un résultat plus inégal. Ayant l’impression d’avoir déjà beaucoup écrit ailleurs sur le sujet, je vous renvoie aux compte-rendus également postés sur le Cargo (cliquer sur les liens ci-dessus).

 

Bientôt un mois que je n’avais rien posté ici : je n’ai quasiment pas vu passer février. De début de crève qui s’éternisait en semaines chargées, la nouvelle que j’évoquais récemment a fini de s’écrire par petits bouts. Je n’ai encore aucune idée du résultat. Tout ce que je sais, c’est qu’après une phase où mes nouvelles paraissaient de plus en plus concises, je viens de rédiger mon texte le plus long depuis des années. Et je suis encore incapable, à ce stade, de dire dans quelle mesure il explore des territoires familiers ou s’aventure sur de nouveaux. Il faudra du recul et quelques regards extérieurs pour m’en faire une idée.

 

En attendant, je participerai ce samedi au salon « Encres vives » de Provins, pour ceux qui souhaiteraient venir y faire un tour.

 

 

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Hérouville, le retour

 

Les hasards de la géographie ou de l’organisation font que la plupart des rencontres scolaires auxquelles j’ai participé pour l’instant se déroulaient en Normandie. J’y ai chaque fois été extrêmement bien accueillie. La journée passée hier à Hérouville-Saint-Clair ne faisait pas exception. L’accueil était chaleureux, l’ambiance familiale, l’organisation très pro et les rencontres enrichissantes. C’est un zombie heureux qui vous écrit au retour d’un séjour épuisant mais intense. Pas moins de cinq rencontres réparties sur une journée. Avec des lycéens, des lecteurs, avec le public de la bibliothèque en soirée. J’ai particulièrement apprécié cette rencontre publique dont le modérateur avait vraiment bien potassé le sujet et posait des questions extrêmement pertinentes et bien vues. J’ai dormi dans une jolie chambre d’un lycée hôtelier quasi désert (pile le genre d’ambiance particulière que j’adore), mangé dans une excellent restaurant italien de Caen, parlé toute la journée et fait plein de rencontres. Pendant les pauses, j’ai réussi à faire avancer un peu une nouvelle en cours depuis quelques jours – pour une fois, j’ai envie de progresser par petits bouts au lieu d’essayer de me débarrasser très vite du premier jet que je déteste toujours autant. Au retour, j’ai vu des dragons chinois danser dans les rues de mon quartier, et je suis revenue trop tard avec mon appareil photo pour les immortaliser.

 

Et maintenant, dormir. Longtemps.

 

Si jamais elles repassent par ici, un grand merci à Sylvie, Elisabeth, Elenn et les autres pour l’organisation de cette journée riche en souvenirs.

 

 

 

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Les rues de Silent Hill

J’imagine que tous les gens se passionnant pour l’une ou l’autre forme d’art ou d’expression ont connu ça un jour : fantasmer des années sur un livre/film/album/etc sans pouvoir y accéder, au point qu’il nourrit indirectement notre imaginaire. En matière de séries, j’ai rêvé des années de Twin Peaks (depuis sa toute première diffusion, en fait) avant de pouvoir enfin m’y plonger. Du côté des jeux vidéo, il y en avait un qui m’intriguait depuis une bonne dizaine d’années. Depuis le jour où j’étais tombée sur un article décrivant un jeu d’aventure dans lequel un père recherchait sa petite fille dans une ville envahie par la brume et peuplée de monstres, j’avais eu l’intuition que Silent Hill était pour moi. Tout ce que j’avais entendu par la suite avait renforcé mon envie de voir ce jeu : la « mythologie Silent Hill » dont parlent les fans, sa réputation de jeu le plus flippant de l’histoire du jeu vidéo, la sortie du film de Christophe Gans qui ne m’avait pas totalement convaincue malgré de très belles scènes, mais qui m’avait poussée à me renseigner sur le scénario du jeu d’origine. Au fil des années, la série Silent Hill devenait un classique et je croyais bêtement qu’il était trop tard pour découvrir l’original sur les machines actuelles.

 

Quand j’ai appris tout récemment que les jeux de la première Playstation étaient compatibles avec la PS3, quel a été à votre avis mon premier réflexe ?

 

Le jeu est entré chez moi depuis deux jours. Je vous passe la grosse bouffée d’émotion en le lançant pour la première fois, sur l’air de « Non, c’est pas possible, je vais vraiment jouer à Silent Hill ? » Deux constatations dès les premières minutes : les graphismes ont vieilli – et la bande-son est grandiose. Une des plus travaillées que j’aie jamais entendu dans un jeu. Au bout de dix minutes, je comprenais déjà pourquoi ce jeu avait marqué les esprits. Ce n’est pas tant le déroulement de l’intrigue, qui reste un jeu d’aventure assez classique (visiter tel endroit, prendre tel objet, l’utiliser pour telle action), que l’ambiance et la mise en scène. J’avoue avoir bondi d’un mètre au-dessus du canapé au tout début du jeu, quand Harry Mason explore une ruelle obscure muni d’une simple torche, et que le premier monstre lui saute dessus sans prévenir. Quatre ou cinq heures de jeu plus tard, je n’ai pas connu d’autres grosses trouilles du même genre, mais il faut reconnaître qu’on joue à Silent Hill dans un état de tension constante qui est suscité avec une subtilité impressionnante. Ce ne sont pas les monstres qui font peur ; ils sont plus pitoyables qu’autre chose, surtout ces chiens écorchés qui hantent les rues et qu’on prendrait presque en pitié. C’est l’impression d’anomalie constante qui habite les lieux : les rues désertes et noyées dans la brume, qui s’interrompent parfois pour ne déboucher que sur du vide ; les fauteuils roulants et autres objets médicaux abandonnés dans les recoins ; l’étrangeté du décor fantôme dans lequel on bascule en visitant l’école de Midwich : une autre école dont le plan est identique, mais où les murs sont grillagés, où les pièces ont des murs sales couverts de rouille et de sang, où des chaînes pendent au plafond – on se croirait chez Clive Barker. S’y ajoute une bande-son magnifique et vraiment effrayante, entre les bruitages d’ambiance oppressants, le grincement des portes, et cette radio qui émet des grésillements crispants chaque fois qu’un monstre approche. L’idée de la radio m’a rappelé Aliens auquel je jouais sur Amstrad, un jeu assez moyen mais bien flippant lui aussi grâce au « bip bip » strident qui retentissait en présence de chaque Alien, et qui nous annonçait qu’il nous restait quelques secondes pour le trouver avant qu’il ne nous trouve.

 

Pour moi qui m’intéresse au fantastique, à son imagerie et à la manière de le mettre en scène, Silent Hill est particulièrement impressionnant à cet égard : il a une identité visuelle très forte, malgré des graphismes assez limités, et la travail sur le son est particulièrement subtil. Les scénaristes se sont d’ailleurs amusés à baptiser les rues d’après des auteurs classiques du genre : Bradbury, Bloch, Levin, Bachman… Un peu plus loin, une autre référence m’a fait sourire, musicale celle-là : une liste de professeurs mentionnant les noms « Ranaldo, Moore, Gordon ». Visiblement, des fans de Sonic Youth sont passés par là.

 

À l’heure qu’il est, j’ai survécu à l’épreuve de l’école (non sans avoir rejoué dix fois le même passage avec une jauge de vie dans le rouge, plus de munitions, et des couloirs que je traversais dans le noir pour éviter les monstres). J’ai tué le monstre du sous-sol, retrouvé la lumière du jour, rencontré Dahlia Gillespie dans l’église. Je ne vais plus tarder à visiter l’hôpital. J’appréhende un peu d’y retourner. Ce n’est vraiment pas un jeu confortable à jouer, mais c’est ce qui fait sa force. Je suis heureuse qu’il ne m’ait pas déçue. J’aime découvrir un jeu qui ne se contente pas d’être distrayant, mais qui offre un véritable travail de création. Et qui rappelle que le jeu vidéo, à sa façon, est lui aussi une forme d’art.

 

Et pendant ce temps, chaque semaine apporte de petites et grandes joies. Des rencontres scolaires ; une nouvelle qui semble se débloquer pour de bon et que je devrais bientôt pouvoir écrire ; une très belle critique de Notre-Dame-aux-Écailles par Serge Lehman dans Le Monde, qui fait de ce recueil une lecture qui m’a beaucoup touchée. Et vendredi prochain, le 4 février, une journée à Hérouville-Saint-Clair, près de Caen, pour diverses rencontres avec des lycéens et des lecteurs. Une rencontre publique aura lieu à 19h à la bibliothèque. L’organisation est particulièrement efficace et enthousiaste, le programme alléchant, la journée devrait en valoir la peine.

 

 

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Sur une note moins joyeuse

 

J’avais posté l’entrée précédente depuis quelques secondes à peine quand est tombée une nouvelle que j’ai encore du mal à digérer : le décès ce matin de Trish Keenan, chanteuse du groupe Broadcast, des suites d’une pneumonie. Vous aurez donc aujourd’hui deux entrées pour le prix d’une.

 

Le plus triste, c’est qu’on ne peut jamais savoir quand un concert sera le dernier. La dernière fois que je les ai vus sur scène, j’espérais réellement revoir bientôt Lhasa, Grant McLennan des Go-Betweens, ou bien Broadcast. Un groupe que je voulais tellement aimer, au départ, sans y parvenir vraiment, emballée par une poignée de singles merveilleux mais déroutée par des albums un peu arides sur la longueur. Fascinée par le timbre et le phrasé uniques de Trish Keenan, qui aurait pu être énervant mais qui était souvent magique. Et puis en insistant un peu, le miracle s’est produit : un album parfait de bout en bout, baptisé Tender Buttons. Un concert électrisant comme on en voit peu, alors que le premier m’avait déçue, avec une Trish Keenan charismatique au possible – j’ai souvenir d’avoir dansé à en perdre haleine sur Michael : A Grammar. Je ne savais bien sûr pas que ce serait le dernier.

 

Peut-être les artistes qu’on a vus en live sont-il ceux qu’on arrive le mieux à se représenter comme des personnes réelles ; ce sont en tout cas, me semble-t-il, ceux dont on fait le deuil le plus personnel.

 

 

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