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London calling back

 

Londres, octobre 2009. Où l’on découvre que partager son appartement avec un chat change votre rapport aux animaux. Je m’étais déjà aperçue que j’avais désormais une conscience différente de la présence des autres chats quand je les croise, comme si je reconnaissais quelque chose de diffus qui m’est désormais familier. Mais je ne m’attendais pas à retrouver des attitudes que j’associe à Savannah chez les écureuils de Hyde Park ou les cygnes et canards de la Serpentine. Lesdits écureuils se sont prêtés au jeu des photos avec une remarquable absence de timidité : j’ai rarement vu de bestioles aussi peu farouches.

 

(Et moi, je devrais m’absenter plus souvent : depuis hier soir, notre-dame-aux-écailles-de-tortue ne décolle plus de mes genoux, où elle ronronne en boucle depuis une bonne demi-heure alors que j’écris ces lignes.)

 

C’était en quelque sorte ma première vraie visite de Londres. Mon premier séjour touristique de quatre jours en solitaire, aussi. Je m’étais promis de me remettre à la photo pour l’occasion. Et j’étais étonnée de retrouver la ville aussi familière, aussi peu intimidante. Première fois sans doute que je n’étais pas gênée par mon statut de touriste ni par mon accent – ce qui doit expliquer que je me sois sentie aussi à l’aise avec la langue anglaise pendant ces quatre jours (quoique les échanges aient été réduits au minimum). La ville est plus belle, plus paisible et plus aérée que dans mon souvenir. La bouffée d’air frais que représente la traversée de Hyde Park le long de la Serpentine n’a pas son équivalent à Paris.

 

Autre grand moment, le deuxième jour : la découverte de Camden. On m’en avait beaucoup parlé mais je ne savais pas à quoi m’attendre. Pas à ça, en tout cas. Ça commence comme une visite des puces de Clignancourt en plus aéré et coloré, et puis un peu plus loin, on bascule dans tout autre chose. Des enseignes multicolores en relief, des boutiques un peu plus originales, des échoppes de nourriture asiatique, une cour tranquille bordée de boutiques, de pubs et de cafés, au centre de laquelle des stands proposent de la nourriture mexicaine, éthiopienne ou polonaise. Sous le soleil, l’endroit avait un je ne sais quoi d’exotique et d’épicé qui me rappelait La Nouvelle-Orléans. J’ai réussi de justesse à ne pas claquer tout mon fric – les tentations étaient nombreuses. Bilan des courses à Camden : un manteau violet lacé dans le dos, plus long derrière que devant, avec plein de boutons (pas sûre qu’il soit de très bonne qualité vu le prix et la matière, mais j’ai craqué) ; une écharpe un peu habillée à porter avec des robes ; une tenue de lutin (pantalon noir et ample, haut noir et vert à capuche pointue) ; et deux ou trois autres bricoles. J’y suis revenue le dernier jour pour une dernière balade, histoire de m’imprégner encore un peu de cette ambiance particulière.

 


Troisième jour, un peu mal réveillée, le moral au diapason du ciel redevenu gris, je décide de me balader au bord de la Tamise, au départ de Charing Cross. Je marche sans but en écoutant Bowie et PJ Harvey, un peu ailleurs, sans arriver à opter pour une destination précise. Le moment, finalement, a un charme flou, un peu onirique, surtout quand la musique entre en adéquation avec le décor. Je passe devant Big Ben et Westminster sans m’y arrêter, avec une pensée pour Notre-Dame que j’adore voir de nuit depuis les bords de Seine, sans jamais avoir envie de la visiter, juste de savoir qu’elle fait partie du décor. J’aperçois de loin Buckingham Palace qui me renvoie à une scène de Mémoires d’un maître faussaire de William Heaney/Graham Joyce, où l’un des personnages s’enchaîne aux grilles du palais. Revenue vers Picadilly, je m’arrête pour photographier les vitrines kitschissimes du grand magasin Fortnum & Mason, avec leur sirène et leur manège multicolores. Et puis, selon l’expression, j’ai vu de la lumière et je suis entrée. L’ambiance très vieille Angleterre est surannée à souhait – les toilettes y sont désignées comme « Ladies’ Powder Room » (j’en rigole encore). Je traîne un moment dans le rayon alimentation assez impressionnant, notamment les étalages de thé et de biscuits du rez-de-chaussée. Je repars avec une boîte de thé de Noël et d’autres bricoles du même genre – c’est l’heure de la fermeture, mais j’y serais volontiers restée une heure de plus.

 

Une visite de librairie plus tard, où j’achète L’affaire Jane Eyre de Jasper Fforde (depuis le temps qu’on m’en parle) et The Graveyard Book de Neil Gaiman, j’entre dans un pub proche du West End pour le dîner : chicken tikka masala accompagné d’une pinte de bitter. Le serveur est français et reconnaît mon accent, on discute un peu, il travaille à Londres depuis un an et ne se lasse pas de la ville. Puis retour à Earl’s Court où se situe mon hôtel et où j’ai pris mes petites habitudes en quatre jours, notamment les courses tardives chez le Marks & Spencer et le Sainsbury’s ouverts jusqu’à onze heures. Ou comment une journée mal commencée est finalement devenue une succession de jolies surprises et de petits plaisirs improvisés.

 



Dernier jour, après le retour à Camden pour le déjeuner (et l’achat du manteau violet susmentionné), je décide sur un coup de tête d’aller voir ce qui se trouve au 221b Baker Street. L’idée me trotte dans la tête depuis que j’ai noté l’existence d’un arrêt de métro Baker Street. L’endroit est facile à trouver : les touristes s’y font photographier devant une plaque à l’effigie de Sherlock Holmes. Juste à côté, un musée et une boutique de souvenirs kitsch où je ne m’attarde pas longtemps. Sur la porte de la boutique, une fausse annonce de police parlant de meurtres survenus en 1888 à Whitechapel. Je trouve toujours aussi fascinante l’idée qu’un personnage de fiction comme Holmes ait acquis une existence assez forte pour que les touristes se fassent prendre en photo devant chez lui et qu’une plaque annonce qu’il a vécu en ces lieux. À deux pas du musée, deux autres lieux de culte populaire : une boutique consacrée à Elvis, l’autre aux Beatles. La juxtaposition ne manque pas de sel.

 

Quelques heures plus tard, après de petites galères diverses (train presque manqué à cause d’un mauvais calcul de ma part, puis arrêt de l’Eurostar sur les voies pendant plus d’une demi-heure), me voilà avec une Savannah ronronnante sur les genoux et une infusion citron/gingembre de chez Tesco, en train de trier les dizaines (ou plutôt centaines) d’images que j’ai rapportées – dont un bon quart de photos d’ambiance de Camden. Ça fait un bien fou de me remettre enfin à la photo. Londres m’appelle à y revenir, de toute façon : je suis loin d’avoir acheté toute la nourriture que j’aurais voulu, par manque de place dans ma valise, et visité tout ce que je voulais. J’aurais bien aimé revoir le Shakespeare’s Globe visité il y a neuf ans. Ce sera forcément pour une prochaine fois.

 

(Pour ceux que ça intéresse, les photos sont en ligne ici.)

 

 

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London calling

De mon point de vue, le plus difficile quand on est indépendant, ce n’est pas de trouver du travail en continu, ni la question financière : c’est la gestion de la séparation travail/loisirs. Chaque jour de la semaine, chaque heure de la journée, représente potentiellement du temps de travail. Les loisirs, les week-ends, les congés, il faut au contraire prendre la décision de les fixer. En essayant d’ignorer la petite voix sournoise qui chuchote en permanence « Tu ne ferais pas mieux de bosser ? », « Tu vas te mettre en retard » ou encore « Gaffe à ne pas rentrer trop tard, tu n’arriveras pas à te lever demain ».

Je commence à peine à comprendre la nécessité de prendre le temps, régulièrement, d’obliger cette petite voix à se taire. Et de se rendre compte qu’on n’est pas une machine à cracher de la traduction, capable d’enchaîner les pages indéfiniment. Trois semaines de vacances : je ne sais pas à quand remonte le dernière fois que j’ai fait une pause si longue. A l’époque où j’étais étudiante, sans doute. Mais ça devenait vraiment nécessaire. Depuis quatre jours, je redécouvre le plaisir de passer les journées sans réfléchir en terme d’horaires, d’obligations, de nombre de pages à remplir. A quand remonte la dernière fois où j’ai pris le temps de regarder Dr House et de me revoir du Buffy après le déjeuner, de me balader en famille au Virgin de Dunkerque après le ciné et d’y acheter un CD, sur un coup de tête, juste parce qu’il me semble qu’il collera à mon humeur du moment ? (Celui de Dead Weather en l’occurrence, que j’aime beaucoup à la première écoute.)

Et puis dans quelques jours, il y aura un bref séjour à Londres. Une éternité que j’attendais l’occasion de retourner en Angleterre, qui ne se présentait jamais. Alors j’ai décidé de la prendre. Quatre jours pour me balader dans cette ville que je connais si peu malgré ma fascination pour la culture anglaise. Envie de jouer les touristes, de loger à l’hôtel, de découvrir Camden, Hyde Park (et la Serpentine, forcément), de revoir Covent Garden, de dévaliser Marks & Spencer dont le rayon Halloween me manque tellement en octobre. Envie de parler un peu anglais, aussi. Peut-être de me remettre à la photo.

Et pour la première fois depuis une éternité, me demander au début de la journée ce que j’ai réellement envie de faire, et pas simplement de combien de temps je dispose.

Autre bande-son du moment, pour faire des bonds partout, en attendant d’écouter l’album que je n’ai pas encore acheté. Enjoy.

 

 

 

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Hibernation et publication


 


(Ci-dessus : l’auteur de ce blog en compagnie de son esprit familier. Savannah a maintenant cinq mois et si elle n’avait une fâcheuse tendance à me réveiller la nuit, ce serait la chatonne la plus parfaite du monde. Par contre, qu’est-ce qu’elle est difficile à faire poser…)

 

Ce blog ayant hiberné le gros de l’été (ce qui est quand même un comble), je passe en coup de vent le temps de relayer une info de publication et de signaler que je suis toujours en vie, comme certains se posaient apparemment des questions. La cause principale de mon silence de ces derniers temps : un gros coup de speed niveau boulot doublé d’un gros coup de fatigue qui ne va pas en s’arrangeant. En d’autres termes, mes batteries commencent à être à plat et j’attends impatiemment mes vacances d’octobre, les premières depuis une éternité, pour les recharger. En l’état, n’ayant pas énormément d’énergie à consacrer à la lecture, à la photo ou aux autres sujets dont je parle habituellement ici, je n’ai pas de nouveaux enthousiasmes à partager en ces lieux. J’espère poster un peu plus après mes vacances.

 

En attendant, je consacre mon énergie à ma traduction en cours, le premier volume de la série Mistborn de Brandon Sanderson (je peux maintenant en parler, cette parution ayant été annoncée ici). Un livre qui relève d’une fantasy plutôt classique dans ses thèmes et son écriture, mais dont la construction d’intrigue m’a impressionnée. J’y ai retrouvé le même plaisir grisant qu’à la lecture de certains Harry Potter où l’on regarde JK Rowling assembler les pièces du puzzle sans rien laisser au hasard – la dernière partie du premier volet de Mistborn réserve plusieurs moments d’euphorie de cette nature-là. Le bouquin étant par ailleurs le plus volumineux que j’aie jamais traduit, c’est d’autant plus appréciable.

 

Et l’info dont je parlais, donc, recopiée depuis le site d’ActuSF annonçant les prochaines parutions de leur maison d’édition Les Trois Souhaits :

 

D’abord une anthologie courant octobre nommée « 69 ». Nous avons demandé à une dizaine d’auteurs, hommes et femmes, de mêler Sexe et Imaginaire. Un mélange de fluides qui est peu courant en science fiction comme en fantasy. Le résultat est à la hauteur de nos attentes : éclectique, souvent fun, parfois déroutant… Au sommaire Stéphane Beauverger, Francis Berthelot, Maïa Mazaurette, Daylon, Mélanie Fazi, Sylvie Lainé, Jean-Marc Ligny… La (double) couverture est de Diego Tripodi, le surdoué argentin qui a déjà réalisé la couverture de This Is Not America de Thomas Day que nous avons publié en mars dernier.

 

J’ai très peu écrit récemment, la faute à un emploi du temps chargé, entre boulot et déménagement, et surtout au gros coup de fatigue susmentionné. Je crois n’avoir écrit qu’une seule nouvelle depuis un an, depuis « Dragon caché » qui remonte à l’été 2008. Ce texte-là n’a pas été facile à accoucher – ne serait-ce que parce que je ne voulais pas répéter ce que j’avais déjà fait avec « Langage de la peau » et « La danse au bord du fleuve », mes deux autres textes à tonalité érotique – mais je suis plutôt contente du résultat. Et très curieuse de voir comment il sera accueilli.

 

 

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A crash course for the ravers

 

Le juke-box du jour, parce que je suis retombée sur cette vidéo récemment et que je ne m’en lasse pas : une de mes chansons préférées de David Bowie, tirée de l’album Aladdin Sane (pas mon préféré, je suis plutôt Ziggy Stardust ou Hunky Dory, mais il contient quelques perles dont celle-ci). Et en plus, c’est de la SF.

 


 

Après cet intermède musical, une rubrique audio/autopromo. Le podcast Utopod, qui diffuse des lectures de nouvelles de SF, fantasy et fantastique, accueille cette semaine ma nouvelle « Rêves de cendre » tirée de Serpentine. Je ne l’avais pas relue depuis longtemps et ça m’a fait quelque chose de l’entendre lue par quelqu’un d’autre. C’est un texte qui me met toujours un peu mal à l’aise, moins à cause des thèmes que de ce que je lis entre les lignes, des souvenirs de l’époque où je l’ai écrit, mais j’y reste assez attachée. Il est en écoute ici. Un grand merci à Lucas Moreno pour avoir choisi ce texte, et à Sylvain Demierre qui en assure la lecture.

 

Le site ActuSF, de son côté, a mis en ligne les enregistrements du colloque sur la fantasy qui s’est tenu le mois dernier à Villetaneuse. Je participais à deux des tables rondes : sur les auteurs en marge du genre (avec Francis Berthelot, Jérôme Noirez et Pierre Pevel), et sur la traduction (avec Damien Bador, Jacques Baudou, Alain Névant et Audrey Petit). L’ensemble est en écoute sur cette page.

 

À mesure que juillet s’écoule, je constate que certains rituels ont la peau dure : n’ayant pas l’occasion cette année de choisir mes lectures de vacances (pas de congés cet été pour cause de mauvais timing), je me suis retrouvée en train de choisir soigneusement mes lectures de terrasses de café. Et la lecture d’été par excellence pour moi, c’est forcément Stephen King – comme lorsque j’avais seize ans et que je dévorais Ça ou Différentes saisons pendant les vacances. Je viens de terminer Duma Key, un très bon cru. Pas forcément très original pour qui a beaucoup lu King, mais on referme le livre avec un sentiment de nostalgie qui continue à résonner un bon moment. Le tout début est particulièrement émouvant à relire à la lumière du reste du roman. Duma Key m’a rappelé Sac d’os, où il était question d’écriture au lieu de dessin comme ici, et aussi Histoire de Lisey, pour la façon dont on entend King, en filigrane, parler de son accident d’il y a quelques années. Je lui reproche souvent de gâcher l’aspect fantastique vers la fin de ses romans, parce qu’il en dévoile trop alors qu’il suggérait avec énormément de talent jusque là, et parce que la confrontation finale est moins passionnante que ce qui a précédé. C’est vrai ici aussi, mais il y a malgré tout une poésie qui compense cette impression. Sa créature surnaturelle est plutôt convaincante, et la dernière scène fantastique est très belle. Les chapitres intercalaires consacrés à une histoire passée qui explique les événements présents sont particulièrement prenants. Et puis il y a cette phrase, tout à la fin, cette profession de foi que je trouve sublime de simplicité : « When I made pictures, I fell in love with the world. When I made pictures, I felt whole. » Je me demande toujours comment King parvient à parler aussi magnifiquement de l’acte de création. C’est une des raisons qui font de lui un de mes auteurs fétiches, dans les livres duquel je reviens me ressourcer à différentes périodes de ma vie.

 

 

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L’écho des savanes

Quelques envies de meurtres ces derniers jours pour des raisons liées à la canicule et à la difficulté de faire un courant d’air dans mon appart en présence d’un quadrupède à fourrure qui adore s’approcher des fenêtres quand il entend les bruits de la rue.

Ledit quadrupède doit avoir des envies de meurtre en voyant son humaine lui tourner autour avec ce drôle de boitier noir qui fait clic et qui fait bzzzz. Un partout, balle au centre.

Nouvelle activité préférée en cas de gros coup de fatigue additionné d’un gros coup de chaleur : marathon Dr House en compagnie du quadrupède. Toujours aussi accro, mais je me sens très bête de m’être enfilé une saison toute entière avant de remarquer que le personnage était calqué sur Sherlock Holmes. (Avant qu’on me le fasse remarquer, dois-je préciser pour plus d’honnêteté.) Ce qui me rend la série encore plus sympathique, si besoin était.

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