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Les 48h du Mans

 

L’énigme du jour : comment se fait-il que je me traîne comme un zombie alors que ça fait deux semaines que j’émerge quasi systématiquement deux heures après le déclenchement du réveil ? Dans ces périodes-là, il n’y a aucune solution qui marche, et c’est comme ça qu’on se retrouve à perdre les deux heures de la journée où l’on est le plus efficace – du coup, la journée de boulot commence mal. Il doit y avoir un rapport avec ce que j’appellerais l’humeur changeante des salons : le samedi matin, je me réveille toute guillerette à 6h ou 7h du mat pour filer à la gare et je suis toute contente de revoir les copains et de partir en vadrouille. Le dimanche soir, je m’endors dans le train au retour, je ne rêve que d’un week-end peinard où dormir dix ou douze heures d’affilée et j’ai même la flemme de rentrer chez moi en métro.

 

Ce week-end au Mans, c’était ma dernière grosse expédition Bragelonne. Avec dans les rôles principaux : Laurent Genefort qui était au programme des trois quarts des salons que j’ai faits cette année, Adriana Lorusso que j’avais surtout vue à Nancy, et Anne Guéro (moitié de l’auteur bicéphale Ange) qui commence la promo de son nouveau bouquin et qui va prendre le relais maintenant que je ralentis la promo des miens. Anne était d’ailleurs ma voisine de signature et ça m’a fait bien plaisir de pouvoir bavarder avec elle, vu qu’on s’est peu croisées cette année. On a un numéro d’« ennemies jurées de trente ans depuis trois ans » qu’on ressort de temps en temps (longue histoire), mais on n’a pas poussé très loin cette fois-ci. On a un peu le temps aussi de sympathiser avec deux auteurs jeunesse que je n’avais croisés que de loin ailleurs, Loïc Le Borgne et Carina Rozenfeld. Quelques photos de tout ce beau monde :


Anne moitié d’Ange incognito et Loïc Le Borgne en arrière-plan

Carina Rozenfeld, c’est écrit dessus

Laurent Genefort et Adriana Lorusso au travail


Anne fait la promo de son livre

Du coup, je contre-attaque :


 

Que dire du Mans sinon que la ville est très jolie, le salon très fréquenté, et que j’ai eu une forte impression de déjà vu en débarquant sur les lieux et en y croisant tout un tas de visages déjà aperçus au salon de Nancy. J’ai revu Elisabeth Barrière, ma voisine de table du Livre sur la place, entrevu Richard Bohringer, reconnu sur les stands des couvertures de livres déjà vues là-bas. C’était assez troublant, comme si on avait simplement changé le décor autour de nous. Et puis au Mans, on mange aussi très bien. Il y a un chouette restau africain nommé le « Baobab » où j’ai découvert entre autres les alocos (morceaux de bananes plantain frites). Pour l’anecdote, on venait d’évoquer divers gags de Gaston Lagaffe avec Anne quand on est arrivés devant le restaurant. Est-ce que la photo ci-dessous ne vous rappelle pas certain fauteuil inventé par Gaston ?

 

À ma grande surprise, vu que je lis peu en ce moment, je me suis retrouvée en train de commencer non pas un mais deux livres ce week-end. Après un dernier calva au bar de l’hôtel avec les collègues, je décide de lire les premières pages de Mystic river de Dennis Lehane avant extinction des feux, histoire de ne pas être trop crevée le lendemain. Et puis je me laisse happer et je décide d’aller jusqu’au bout du prologue – c’était la partie du film de Clint Eastwood que je me rappelais le mieux . Et hop, une demi-heure de sommeil en moins. Ce n’est rien de dire que c’est prenant, même quand on connaît déjà l’intrigue. J’aime beaucoup notamment la façon dont Lehane évoque l’aliénation de Dave, un gamin déjà paumé à la base, après son enlèvement par deux pédophiles. C’est juste, bien vu, efficace et pudique à la fois. J’ai hâte de lire la suite.

 

Rebelote le lendemain sur le stand de la librairie. Je décide de feuilleter Le grand pays, le nouveau livre d’Ange dont la couverture m’a tapé dans l’œil. Il faut dire qu’assortie à la nappe rouge, elle en jette encore plus. La première phrase m’intrigue : « À 11 heures, ils demandèrent à Malïn de se suicider ». Je m’enfile la première page dans la foulée. Une ou deux heures plus tard, j’ai englouti cinquante pages. J’ai lu un tiers du livre sur la journée entre deux signatures. J’irais jusqu’à dire que ça se lit vraiment très bien. Le tout début, notamment, est particulièrement prenant et joliment écrit. Et me voilà avec un livre de plus sur ma pile (déjà bien entamé, cela dit).

 

Et maintenant, la rubrique que vous attendiez tous impatiemment sans le savoir : le retour des autoportraits dans les chambres d’hôtel. Je ne pouvais pas y couper cette fois-ci. D’une part, je ne vais plus avoir beaucoup d’occasions dans les semaines qui viennent. D’autre part, je venais d’avoir une discussion sur le sujet avec Jesse Sykes après la session de mercredi au Père-Lachaise (voir entrée précédente), vu qu’elle fait la même chose quand elle loge à l’hôtel en tournée. Elle me disait qu’elle trouvait ça intéressant comme instantané d’un moment donné. De mon côté, je trouve assez ludique d’essayer de faire chaque fois quelque chose de différent à partir d’une même consigne de départ, même si les circonstances ne permettent pas souvent de faire des trucs plus originaux comme se photographier en double (cf salon de Nancy). Si ça intéresse des gens, la série se trouve sur Flickr.





(Vous aurez bien sûr reconnu le couvre-lit caractéristique des hôtels Ibis.)
 

Toujours à propos de photos, si je trouve le temps, je vais essayer cette semaine de remettre à jour deux pages de mon site : l’album photos des signatures et salons, et la collection de T-shirts. C’est pas gagné.

 

Prochaine signature : samedi prochain à Reims. Ça se passera à la librairie « Au comptoir des rêves » (6, rue du Barbâtre) avec aussi Claude Mamier. De 15h à 17h, lecture d’extraits de nouvelles par Julien le libraire, Claudio et moi-même suivie d’une dédicace. J’ai choisi un extrait de « La cité travestie » et un autre de « Mémoire des herbes aromatiques » et il devrait y en avoir un troisième en ce qui me concerne. A 18h, Claudio donnera également un spectacle de contes inspiré par les écrits de Neil Gaiman. Je l’avais entendu il y a quelques années réciter sous forme de conte le « Dream of a thousand cats » tiré de Sandman et le résultat était très chouette. Venez nombreux, etc, etc.
 

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Où trois journées à forte teneur musicale vous transforment en ballon à l’hélium

 

Premiers concerts depuis deux mois et je redécouvre coup sur coup 1) le pied pas possible qu’on prend le soir en rentrant chez soi et en découvrant ses photos sur écran, et 2) le gros ras-le-bol qui vous tombe dessus au terme de plusieurs heures passées à bidouiller sous Photoshop pour sélectionner/retoucher/mettre en ligne. C’est quand même largement le 1) qui prédomine, mais j’avoue que dans la mesure où j’ai fait fort au niveau du volume cette semaine, mon temps de travail en a légèrement pâti. Comme on dit : demain, j’arrête. Jusqu’à la prochaine fois. Mais ça en valait la peine.

 

J’attendais le festival Fargo All Stars avec impatience : l’affiche était très belle, entre les artistes que j’attendais de revoir et ceux que j’étais curieuse de découvrir. Sans compter que c’est toujours un plaisir particulier de revenir deux soirs de suite dans la même salle : pendant la journée qui suit, c’est comme si on n’en était pas réellement parti.

 

Les deux seuls sets que je n’ai pas tenté de photographier sont aussi les deux qui m’ont le moins marquée. Olle Nyman, de la folk sympa mais relativement classique. Et Chris Garneau qui avait visiblement ses fans. Il faut reconnaître qu’il a sa griffe, que ses chansons sont plutôt jolies dans un genre rêveur et mélancolique, mais ce n’est pas trop mon truc. Le fait qu’il m’ait été quasiment impossible de le voir derrière son piano depuis ma place au premier rang n’a pas dû aider à me faire entrer dans l’ambiance.

 

Bilan un peu mitigé en ce qui me concerne pour Jesse Sykes & The Sweet Hereafter. J’ai déjà dit ici à quel point j’ai été chamboulée par l’album Like, love, lust and the open halls of the soul qui a entre autres nourri la nouvelle « Fantômes d’épingles » de mon deuxième recueil et inspiré un autre texte encore inédit, « L’été dans la vallée ». Sur scène, je trouve le groupe plus inégal. Peut-être parce que les arrangements sont moins subtils, la voix étrange de Jesse moins mise en avant, toujours est-il que la sauce ne prend pas de la même façon. J’ai trouvé le concert en dents de scie, avec quand même de très beaux moments – comme une version de Spectral beings accompagnée de cordes, qui retrouvait l’ambiance grave et mystérieuse qui rend la chanson si belle sur disque. Malgré mes réserves, j’ai toujours plaisir à revoir le groupe. Sans compter qu’il planait dans l’air une question en attente dont la réponse m’a été fournie un peu plus tard ce soir-là – j’y reviendrai plus loin.

 

Joseph Arthur, qui passait juste après, m’a soufflée. J’irais jusqu’à dire qu’il a cassé la baraque. Je l’avais vu une fois, mais de loin et dans des conditions particulières comme je l’expliquais récemment : j’étais tombée dans les pommes pendant le set précédent et avais regardé le sien d’un œil distrait. Je me rappelais un grand type au crâne rasé qui jouait en solo une musique globalement très calme. Huit ans plus tard, je retrouve un très grand type à l’allure pas possible, aux cheveux en bataille, entouré d’un groupe et dont les chansons donnent une pêche incroyable. Pour avoir un peu écouté l’album Come to where I’m from sans y accrocher totalement, je savais qu’il s’agissait d’un grand bonhomme – la chanson History, que j’ai beaucoup écoutée en boucle, suffisait à me le prouver. Je ne pensais pas pour autant le voir aussi à l’aise en live. Malgré la configuration assise de la Cigale, j’ai vu des gens danser debout sur les côtés de la scène.


La jolie surprise du festival a été pour moi Clare & The Reasons. J’avais écouté distraitement l’album The Movie sans trop savoir si cette pop aérienne et mélodique me plaisait. Je me suis aperçue pendant le concert que je l’avais mémorisé bien mieux que je ne le croyais – les trois quarts du temps, j’étais toute guillerette de reconnaître les morceaux. Pluto et Rodi en particulier sont entêtantes et jolies comme tout. Clare Muldaur tout de rouge vêtue, avec ses allures de starlette hollywoodienne, est charismatique à souhait. J’ai été frappée par la ressemblance physique entre elle et Shara Worden qui allait lui succéder un peu plus tard. Ça tient peut-être à leur goût pour les coiffures sophistiquées et les tenues recherchées, mais elles partagent en tout cas le sens du spectacle – en plus de partager un groupe sur cette tournée commune.

 

Et My Brightest Diamond… La grâce à l’état pur. Ça ne s’explique pas, ce que fait Shara Worden sur scène, il faut le vivre pour comprendre. J’ai remarqué à plusieurs reprises une connivence entre les gens qui ont vu et aimé ses concerts, comme une étincelle dans le regard. On sait qu’on a vécu quelque chose de magnifique qu’on est incapable d’expliquer, mais on sait aussi que la personne qu’on a en face comprend. On sait qu’on est en admiration béate devant ce minuscule bout de femme gentiment allumé. Une petite fée espiègle au sourire irrésistible et dont la voix prend une ampleur impressionnante en concert. Elle est heureuse d’être là. Sa joie est contagieuse, même lorsqu’elle ne dit rien – je l’ai trouvée beaucoup moins bavarde que lors du concert solo vu au Point FMR en avril, un des très grands moments de l’année pour moi. Elle joue une musique belle et grave qui se teinte de légèreté quand elle l’interprète sur scène. J’ai trouvé Dragonfly toujours aussi magnifique, j’ai adoré entendre en live Black and costaud, un morceau assez ludique dont les paroles en franglais sont tirées de L’enfant et les sortilèges. Et je ne peux plus entendre Apples sans l’imaginer en train de grimper dans un arbre (pour ceux qui n’ont pas suivi, l’explication en images ici).

 


Avant le concert, j’ai croisé Shara au stand de marchandises en train d’accrocher des T-shirts et d’installer tout un attirail comprenant deux chevaux en peluche. Je suis allée timidement la saluer en lui rappelant qu’on s’était croisées en avril pour filmer une session acoustique. Je suis restée quelques secondes comme une idiote sans arriver à lui dire à quel point ce qu’elle fait est magique, à quel point on sort de ses concerts en extase, tout juste capable d’aligner trois phrases et d’échanger quelques sourires. Mais on ne peut rien dire face à Shara Worden. On se contente de l’admirer.

 

Pour les Parisiens que ça intéresserait, My Brightest Diamond sera en Black Session mardi à la Maison de la radio. Les inscriptions sont encore ouvertes sur le site à l’heure où j’écris, et sinon, il y a souvent moyen d’assister aux Black Sessions en se faisant inscrire sur liste d’attente une fois sur place. Franchement, si vous avez l’occasion, n’hésitez pas : il faut voir ça au moins une fois.

 


Et l’épilogue de Fargo All Stars, ce mercredi. Il y avait un moment que j’espérais organiser une session Cargo avec Jesse Sykes mais la première tentative, en mai, avait échoué : Jesse était partante mais n’avait pas le temps. J’espérais que la deuxième serait la bonne. La demande était en attente et j’ai compris qu’il allait se passer quelque chose de chouette quand je suis allée parler à Jesse après son concert lundi soir. On échange quelques mots sur des histoires d’emploi du temps et voilà qu’elle me lance, tout enthousiaste : « We should do this in the graveyard ! » Petit moment de flottement. Je comprends quelques minutes plus tard que son hôtel se situe près du Père-Lachaise et que l’endroit la fascine.

 

La suite ? Elle sera sur vos écrans dans quelque temps.


 

Je dirai juste qu’on a vécu un moment irréel en plein milieu du Père-Lachaise, que ça devrait donner une jolie session, que c’était un bonheur de croiser Jesse dans des circonstances moins speed que d’habitude, de discuter avec elle et de la photographier à la lumière du jour. Elle est souvent très mal éclairée en concert, ce qui est dommage dans la mesure où elle est particulièrement photogénique. C’est cool, d’avoir un webzine musical comme jouet. C’est chouette de pouvoir balader une chanteuse qu’on aime bien dans les allées du Père-Lachaise et de l’écouter chanter pour trois pékins au milieu des tombes.

 

Tournons la page musicale pour parler écriture, salons et parutions. Prochain déplacement ce week-end, pour ma dernière grande expédition Bragelonne avant un moment : je serai au Mans pour la 25ème Heure du Livre, avec aussi Laurent Genefort, Ange et Adriana Lorusso. Pendant ce temps, à Paris, se tiendra le Salon de la revue, où sera présenté le premier numéro d’une revue baptisée Et donc, à la fin consacrée au fantastique et au sommaire de laquelle figure une de mes nouvelles, « Le jardin des silences ». Je sais que la revue sera disponible par correspondance sur un site encore en cours de construction et qu’il est possible également de la commander aux coordonnées données sur cette page. J’en reparlerai quand j’aurai plus de détails.

 

Ça me laisse deux jours pour redescendre sur terre. Certaines semaines où j’enchaîne les concerts, je me fais l’effet d’un ballon à l’hélium collé au plafond. Je crains que ça ne fasse que commencer.

 

 

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Addendum : les photos du cousin Machin

Puisque on vient de m’y autoriser, je m’apprête à dévoiler des photos exclusives aux yeux du monde ébahi. Suite au café littéraire d’hier sur les monstres, j’eus la surprise d’assister à la métamorphose de Charlotte Bousquet du blog d’à côté en cousin Machin de la famille Addams (ou comment se mettre dans la peau du personnage pour mieux écrire du point de vue des monstres).

Etonnant, non ?

Notez le T-shirt « Je suis méchante » qui fait écho à celui de Fablyrr montré ici-même la semaine dernière.

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Meet ze monsta

 

Nous sommes dimanche matin (14h, c’est encore l’aube) et je suis chez moi. Ça fait tout drôle. J’ai un peu pris l’habitude cette année d’être en vadrouille le week-end et de me réveiller le dimanche à l’hôtel à des heures pas possibles (genre 7h la semaine dernière à Liévin) pour aller retrouver les collègues et choper le petit déjeuner à temps. Donc, disposer de mon dimanche pour faire la grasse matinée, glander en écoutant de la musique, trier des photos, faire la cuisine, voire jouer à WoW, c’est très agréable. Peut-être même que je prendrai un moment pour m’occuper de mon site, la page de l’album photos des salons et celle de la collection de T-shirts attendent d’être remises à jour.

 

C’était donc hier que se déroulait le café littéraire organisé par l’association Muses et merveilles sur le thème des monstres. Déjà, je ne pouvais qu’être ravie du choix du Kata Bar. Je n’y étais allée que deux ou trois fois mais j’adore la décoration. Un bar où l’on croise un cercueil juste à côté des toilettes ne peut pas être fondamentalement mauvais. Je ne sais pas pourquoi, mais alors que je m’extasiais sur les chaînes accrochées aux mur et sur les tabourets au motif léopard en disant que ça me rappelait la déco de mon appart, on m’a regardée bizarrement. Quelqu’un a émis la suggestion que c’était parce que mon studio aussi est très sombre (je vous rassure, il ne l’est quand même pas à ce point, même si l’absence de lumière commence à me donner de sérieuses envies de déménagement). Franchement, vous ne trouvez pas une ressemblance entre ça :

 

 

Et ça ?

 

 


 


Note : le Kata Bar, ce sont les photos du haut, et mon appart celles du bas. Je précise au cas où. Le dragon m’a bien éclatée, il y a exactement le même dans les locaux de Bragelonne et je crois qu’ils viennent tous deux de l’ancienne librairie Arkham.

 

Le café littéraire lui-même s’est très bien passé. J’avoue qu’on appréhendait au début de nous retrouver à parler devant une salle quasi vide – ça fait partie des risques de ce genre d’événement, on a déjà tous connu ça. Mais la petite salle du sous-sol du Kata Bar était finalement plutôt bien remplie. L’endroit et la lumière créaient une ambiance vraiment particulière, parfaite pour parler de monstres. On a un peu tâtonné au départ avant de trouver nos marques, mais la discussion a bien décollé ensuite. On a pas mal parlé du « monstre » intérieur, du rejet de l’autre différent qu’il incarne, du fait qu’il soit finalement beaucoup plus rassurant de considérer le monstre comme totalement mauvais – une créature dangereuse et « pas comme nous » − plutôt que de nuancer les choses, voire d’essayer de le comprendre. Charlotte Bousquet parlait notamment de la figure du vampire et du fait qu’on puisse choisir d’adopter le point de vue de la proie, et le voir alors comme un monstre sanguinaire, ou au contraire son point de vue à lui : il est comme ça, c’est sa nature. J’ai aussi trouvé très intéressant d’écouter Alain Mathiot parler des monstres en tant qu’illustrateur, du fait de réfléchir à l’anatomie des créatures en étant obligé de respecter une certaine logique et de bien réfléchir aux détails. Je me suis fait la réflexion que c’était beaucoup plus facile pour nous, en tant qu’auteurs, de pouvoir décrire un monstre en quelques lignes allusives sans forcément rentrer dans les détails. J’ai été amenée à parler aussi de la femme-araignée qui apparaît dans une des nouvelles de Notre-Dame-aux-Ecailles, en expliquant que non seulement je ne sais pas pourquoi c’est une araignée qui s’est imposée, mais que je la trouve finalement plus belle que monstrueuse.

 

La soirée s’est poursuivie par le vernissage de l’exposition d’Alain Mathiot – je vous conseille vivement d’aller y jeter un œil, il y a de très belles choses. J’ai été impressionnée notamment par le jeu d’ombres et lumières qui créait un relief intéressant sur l’un des grands tableaux. Pour vous en donner une idée plus précise, vous pouvez jeter un œil à son blog. L’exposition se tiendra tout le mois d’octobre au Kata Bar (37 rue Pierre Fontaine, métro Blanche). Pour en revenir au vernissage, il a donné lieu à quelques moments surréalistes tandis que nous admirions la déco et les tableaux en buvant du punch. Un écran géant diffusait le Frankenstein de James Whale avec des sous-titres en russe, et quelle ne fut pas notre surprise de voir des personnages se mettre à danser en s’alignant précisément sur le rythme de la chanson qui passait. Ce qui prend tout son sel quand on sait qu’il s’agissait du Cannonball des Breeders. Très bon point au passage pour la musique diffusée au Kata Bar : moi, quand la première chanson que j’entends en remontant du sous-sol est Ain’t it strange de Patti Smith, suivie un peu plus tard par A forest de Cure, je suis sur un nuage. Je suis un être simple et facile à contenter. Enfin de temps en temps, après un verre de punch.

 

Plus tard dans la soirée, j’eus l’occasion non moins surréaliste de croiser le cousin Machin de la famille Addams, mais ceci est une autre histoire. J’ai des photos mais c’est top secret (à moins que la propriétaire du cousin Machin ne m’autorise à les dévoiler).

 

Un grand merci en tout cas à l’association Muses et merveilles pour l’organisation de ce café littéraire (ils en ont d’autres en projet, affaire à suivre), à Antoine Desroches (en photo ci-dessus) qui animait le débat, et aussi à ceux qui étaient venus nous écouter.

 

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Des séries Z et des mariachis


On me signale une exposition qui pourrait intéresser les Nancéens et dont le vernissage a lieu ce vendredi 3 octobre à 18h30. Ceux qui sont allés aux Imaginales d’Epinal en mai dernier se rappelleront sans doute l’exposition de Dylan Pelot, qui présentait des affiches et photos tirées de son projet de fausse encyclopédie des films Z. L’année précédente, toujours pendant les Imaginales, Dylan avait embrigadé pas mal d’auteurs, éditeurs ou illustrateurs pour les grimer en personnages de séries Z et les photographier dans le Lavoir théâtre où il avait entreposé tout un tas de costumes et d’accessoires. J’ai posé en Viking avec le casque, la hache et la perruque rousse pour Night of the viking dead. Parmi les autres films notoires au sommaire de l’encyclopédie : L’île du docteur Morteau (avec Pierre Pelot déguisé en bouseux brandissant un fusil), La machine à voyager dans le thon (avec Pierre Bordage en capitaine de vaisseau), Les dents de Mémère, Les canons de la patronne et autres La revanche des moines trappistes de Shaolin-sur-Moselle. Vous imaginez le résultat. L’expo se tiendra donc du 3 au 24 octobre à la MJC Bazin de Nancy. Si j’étais dans le coin, j’irais y faire un tour sans hésiter, histoire de piquer les mêmes fous rires que devant les photos exposées à Epinal.


Et comme je parlais de Giant Sand récemment, j’ai eu envie de poster cette fois des vidéos de Calexico. Pour ceux qui se demandent quel est le lien, Joey Burns et John Convertino ont été un temps la section rythmique du groupe de Howe Gelb. Je les ai d’ailleurs vus une fois sur scène à un concert de Giant Sand, où ils m’avaient bluffée en s’alignant sans aucun problème sur les improvisations d’un Howe Gelb en roue libre. J’appréhende un peu le concert du 14 octobre à la Cigale, en même que je suis impatiente de revoir sur scène ce groupe que je suis depuis dix ans et de contempler le jeu de batterie d’un John Convertino à la gestuelle fascinante, qui donne l’impression de ne jamais faire deux fois les mêmes mouvements – cet homme a la classe absolue. Quand je dis que j’appréhende, c’est seulement que je suis restée sur une impression mitigée lors de leur dernier passage au Bataclan. C’était la première fois que je les voyais rompre l’équilibre magique sur lequel a toujours reposé la magie de leurs concerts, et qu’illustrent les deux vidéos suivantes.


Côté pile, les sonorités « tex mex » sublimées par les cuivres qu’ils ont imposé sur le splendide album The black light (dont est tiré cet extrait, Minas de cobre) :


 


Côté face, une musique en demi-teinte, plus lente, quasi hypnotique par moments – comme sur Fade, le titre le plus jazzy de leur répertoire et sans doute un de leurs plus beaux morceaux :


 


Au Bataclan, pour la première fois, j’avais eu l’impression de les voir privilégier le côté hispanisant au détriment du reste, moins par envie que parce que le public le leur réclamait. Dans la mesure où cette tournée accompagnait l’album Garden ruin où ils renonçaient enfin à ces sonorités qui commençaient à virer à la formule, ça m’avait déçue de leur part. Comme s’ils tentaient quelque chose de courageux sur disque pour faire ensuite marche arrière sur scène. Ce n’est sans doute pas un hasard si les deux morceaux qui m’avaient vraiment prise aux tripes appartenaient à leur veine plus mélancolique : Sonic wind et All systems red.

 

C’est vrai que The black light était un album formidable, qui a tourné en boucle chez moi pendant tout l’été 2008. C’est vrai aussi que cette réussite a été à double tranchant, en imposant un son très particulier dont le groupe peine depuis à se détacher. C’est en tout cas une impression personnelle que tout le monde ne partage pas. Mais je trouve qu’à l’exception du répertoire de The black light, la plupart de leurs tentatives pour intégrer ces sonorités hispanisantes sonnent faux, même si ça donne des chansons efficaces. Sur les albums suivants, je préfère nettement le Calexico rêveur et doux-amer de Fade, Black heart (la merveille des merveilles), Sonic wind, Woven birds ou encore du sublime All systems red au crescendo intense. J’ai l’impression que c’est en creusant cette veine-là que Calexico a désormais le plus à nous offrir.

 

À la Cigale, j’aimerais retrouver l’euphorie de ce concert de septembre 2000 au Trabendo qui reste un des plus jubilatoires que j’aie jamais vécus. Celui où on les avait vus pour la première fois, totalement sidérés, amener sur scène leurs potes les mariachis Luz de Luna. Il fallait oser, mais ça avait marché, et on s’était laissés gagner par la bonne humeur contagieuse de ces mariachis en sombrero. C’était la première fois aussi que j’avais connu la transe irrésistible que fait naître The crystal frontier jouée en fin de concert. C’était physique et jouissif au possible. J’étais entrée dans la salle pas très en forme, j’en étais sortie sur un nuage avec un sourire jusqu’aux oreilles. J’espère vraiment retrouver ça.

 

En attendant, c’est la semaine prochaine qu’a lieu le festival Fargo All Stars à la programmation alléchante (disponible ici). J’assisterai aux deux soirées qui se déroulent à la Cigale. Lundi : Jesse Sykes & The Sweet Hereafter, Joseph Arthur, Olle Nyman. Mardi : Clare & The Reasons, Chris Garneau, My Brightest Diamond. Je suis ravie de revoir Jesse Sykes dont la voix me fascine toujours autant, bien que je la sache assez inégale sur scène. Et aussi de découvrir Joseph Arthur – je l’ai vu en 2000 au Festival des Inrocks mais ça ne compte pas vraiment, vu que je m’étais fait évacuer de la fosse après être tombée dans les pommes pendant le set de Sigur Ros, donc j’avais regardé la suite de loin. Et surtout, je suis toute impatiente de revoir Shara Worden, le petit lutin facétieux de My Brightest Diamond. Une vidéo, juste pour le plaisir :

 

 

J’aime particulièrement le speech de présentation, on avait eu droit au même lors de son fabuleux concert d’avril dernier au Point FMR. Elle y avait mimé de la même façon la théière en forme de boxeur (cette chanson reprend le texte d’un passage de L’enfant et les sortilèges de Ravel, d’où ces paroles bizarres en franglais).

 

Oui, j’espère pouvoir prendre des photos de tout ça, pourquoi cette question ?

 

 

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