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Liévin en images (un peu floues)

 

Avant tout, une annonce. Si vous ne savez pas quoi faire de votre samedi 4 octobre (c’est-à-dire samedi prochain), n’hésitez pas à venir faire un tour au Kata Bar (37 rue Fontaine, métro Blanche) à partir de 17h30. J’y participerai à un café littéraire sur le thème « Les monstres : aimer les haïr, haïr les aimer » avec Charlotte Bousquet du blog d’à côté et l’illustrateur Alain Mathiot. Le vernissage d’une expo d’Alain Mathiot qui sera présentée un mois au Kata Bar aura également lieu à 19h. Venez nombreux, il y aura (forcément) à boire.

(Note : Fablyrr, illustrateur méchant comme vu ci-dessous, sera certainement dans les parages. On vous aura prévenu qu’il était méchant.)

 

Nous sommes lundi, journée qui a tendance à baigner dans un flou artistique les lendemains de retour de salon, pour cause d’horaires de sommeil un tantinet aléatoires. Quelques images pour vous donner une idée de l’ambiance de ce festival de Liévin. Veuillez pardonner le flou non moins artistique de certaines photos, ce n’est même pas que j’avais bu mais la lumière n’était pas terrible.

 

Michel Robert, imperturbable.

 


Karim Berrouka se fait des amis 

 

 
Le marcassin qui surveillait la place de ma voisine Claire Panier-Alix

La minute geek : Pierre Grimbert serait-il lui aussi un WoW addict ? En tout cas, il porte les couleurs de la Horde (et ça fait marrer Audrey Françaix).

Samedi midi : des illustrateurs à table.

Fablyrr, illustrateur méchant.

Karim Berrouka et Catherine Dufour se défoulent.

Catherine Dufour, Fabien Clavel et Karim Berrouka jouent à un jeu de cartes hongrois (authentique) sous l’oeil vigilant de Fablyrr.


Samedi soir : Catherine disséquant un spaghetti pour tenter de déterminer s’il est creux.

Parfois, Karim et Fabien ont aussi l’air sérieux. Mais pas souvent.

On fait tout de suite des autoportraits moins fringants le dimanche matin après cinq heures de sommeil. Même les murs ont du mal à tenir debout.

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Expions en musique

Puisqu’il paraît que je dois expier pour mon entrée d’hier, je vous offre quatre minutes de Giand Sand, juste parce que je suis en train d’écouter leur nouvel album qui a l’air très chouette (et qui contient une très belle reprise du Desperate kingdom of love de PJ Harvey que j’avais déjà entendue en live l’an dernier). La chanson ci-dessous est tirée du sublimissime album Chore of enchantment sorti en 2000 et les plus observateurs reconnaîtront Joey Burns (l’homme aux éternelles chemises à carreaux) et John Convertino (le batteur le plus gracieux que j’aie jamais vu sur scène) de Calexico qui font de la figuration. J’ai mis longtemps à accrocher à Giant Sand, mais j’adore décidément la voix de Howe Gelb.

Et pendant que j’y suis, je rappelle que je participerai ce week-end avec plein de petits camarades au salon qui se tiendra à Liévin, tous les détails sont ici.

Maintenant que j’ai fini d’expier, je retourne bosser.

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Coming out musical, vingt ans plus tard

 

Dans une entrée précédente, alors que je galérais pour terminer une traduction de Kelley Armstrong dans les temps, j’avais parlé du phénomène des recherches qui dérivent sur autre chose. On passe sa journée à chercher sur une liste de termes sur Google et on se retrouve en train de consulter des pages qui n’ont strictement rien à voir. En juillet, je m’étais repenchée sur les films de Christine Pascal. Aujourd’hui, alors que je planchais sur la traduction du nouveau Graham Joyce, entre deux recherches sur William Blake et sur la guerre du Golfe, je me suis retrouvée en train de regarder des vidéos d’Abba sur YouTube. Et ça me pose un sérieux problème.

 

C’est qu’il y a toute une histoire derrière. Je n’arrive pas à décider si je voue à ce groupe une haine féroce ou si j’y garde un fond d’attachement malgré tout. Lointain, le fond d’attachement. Il faut dire que ça remonte à plus de vingt ans, bien avant que le groupe redevienne à la mode avec entre autres la sortie au ciné de Muriel et de Priscilla, folle du désert (et ça, c’était déjà il y a plus de dix ans, dans une autre vie). Reprenons les épisodes précédents. Je n’ai jamais été la personne la plus épanouie qui soit (j’en vois qui ricanent, au fond), mais l’année de mes dix ans est certainement celle où j’ai été le plus mal dans ma peau, pour des raisons que je comprends et d’autres qui m’échappent. Mes parents avaient à l’époque une poignée de 33 tours d’Abba qui sont devenus la bande-son de cette période un peu particulière. J’étais déjà monomaniaque en matière de musique : pendant un an ou plus, je n’ai écouté que ça. C’est lié à des souvenirs pas très agréables, notamment l’entrée au collège où j’ai eu beaucoup de mal à m’intégrer, mais aussi à ma découverte de la langue anglaise. Un jour où ma mère vient me chercher après les cours, j’entends cette cassette dans la voiture et je suis toute fière de lui dire que je viens de reconnaître des mots d’anglais. Je crois que c’est là que j’ai compris à quel point j’allais adorer apprendre cette langue : ce n’était pas seulement une matière qu’on apprenait à l’école, ça permettait aussi et surtout de comprendre des chansons (et plus tard les dialogues des films en VO, et encore plus tard de lire des auteurs anglophones dans le texte).

 

Le truc dont je n’avais pas conscience à l’époque, c’était la naïveté, voire la débilité, des paroles en question, que je passais des heures à décrypter avec ma connaissance rudimentaire de l’anglais. Quelques années plus tard, j’allais recevoir un autre grand choc musical en découvrant l’album Jordan : the comeback de Prefab Sprout, groupe dont j’ai été très fan vers 14/15 ans et que j’écoute toujours avec beaucoup de plaisir. J’ai toujours adoré lire les interviews dans lesquelles Paddy MacAloon explique le pourquoi du comment des textes de ses chansons, c’est souvent assez rigolo (« Un jour, je me suis levé en me disant qu’il fallait écrire une chanson sur l’an 2000 pendant qu’il en était encore temps… »). Il présentait sa chanson The ice maiden comme une sorte d’hommage à Abba dont les paroles étaient écrites dans un anglais volontairement boiteux, comme si elles étaient rédigées par des non-anglophones. De fait, je n’ai plus jamais entendu une chanson d’Abba sans y repenser, et je suis morte de rire à chaque fois. Évidemment, à dix ans, je ne pouvais pas me rendre compte que ça sonnait faux.

 

Cela dit, si les paroles me font rire, la musique, c’est une autre affaire. Quand j’écoute ça du haut de mes 31 ans, les arrangements me font grincer des dents, et je ne parle même pas du visuel. Globalement, j’ai envie de trouver tout ça grotesque quoique assez efficace et de tout balayer en bloc, sauf que ça remue des souvenirs. Limite si ça ne me fait pas venir les larmes aux yeux (il y a quelques années, ma soeur a passé un best-of du groupe en voiture et j’ai vraiment failli me mettre à pleurer). Pour la plupart des gens, Abba, c’est un truc disco vaguement kitsch sur lequel danser en faisant des bonds partout. Je trouve d’ailleurs intéressant que les chansons qui sont redevenues des tubes récemment (Dancing Queen et compagnie) soient des morceaux que je ne connaissais absolument pas à l’époque et dont je me contrefous royalement, même si je leur reconnais une certaine efficacité. Mais le souvenir que je garde de mes écoutes à l’époque, c’est plutôt celui d’un groupe dont la musique me touchait et me parlait vraiment, d’autant que j’étais vraiment paumée et assez solitaire. Et, détail intéressant dont j’ai pris conscience tout à l’heure : c’était aussi un groupe dont la musique me racontait des histoires, mes histoires à moi. Je crois que la toute première fois que j’ai commencé à me faire des films en écoutant de la musique, c’était avec Abba. Le début du processus qui allait me conduire à l’écriture des années plus tard : finalement, quand des idées de nouvelles me viennent en musique, c’est exactement la même chose.

 

Ce qui m’a frappée, c’est qu’en réécoutant certains morceaux, je revois très bien quel genre de trip je me faisais à l’époque, je retrouve les images, les émotions, le contexte, la totale. Je peux vous dire par exemple que ça coïncidait avec la diffusion de la série V à la télé, qui faisait pas mal travailler mon imagination (moins la série elle-même que les résumés que je lisais dans le programme télé). Le rapport entre V et Abba ? Strictement aucun pour le commun des mortels, mais les deux restent associés dans mon esprit et ça me fait marrer d’y voir un lien qui n’existe pas vraiment. Comme quand j’associe le I am the walrus des Beatles à la lecture de Lovecraft (si si, je vous jure qu’on y entend les Grands Anciens vers la fin).

 

Jusque ici, chaque fois que j’ai tenté de réécouter une chanson d’Abba pour voir quel effet ça me faisait après tout ce temps, j’ai grincé des dents en entendant les arrangements ringards et les paroles débiles et j’ai laissé tomber avant la fin. Globalement, tout ça a quand même atrocement mal vieilli. Mais je suis tombée tout à l’heure sur plusieurs morceaux que je me suis surprise à trouver pas si mal. J’irais jusqu’à dire qu’il y en a un ou deux qui m’ont touchée. Dans les chansons plus calmes et plus dépouillées où les voix féminines sont mises en avant, on se rend compte par moments qu’il se passe quand même un truc assez joli. Sans que j’arrive à décider s’il y a réellement un talent mélodique derrière le côté kitsch ou si c’est juste un gros coup de nostalgie qui me tombe dessus, parce que d’un seul coup j’ai à nouveau dix ans et l’impression de redécouvrir un langage que je n’ai pas parlé depuis vingt ans mais dont je retrouve spontanément le vocabulaire. Je ne peux pas être objective sur ce groupe, de toute façon. Mais avant aujourd’hui, je n’avais jamais constaté à quel point j’ai cette envie de tout détester en bloc, et en même temps la tentation d’y revenir « juste pour voir ».

 

Tout ça pour dire que l’effet de mode de la période Muriel/Priscilla folle du désert, en plus de me laisser perplexe, m’avait passablement agacée : c’est bizarre de songer que j’ai voué un culte à ce groupe pendant un an de ma vie, en plein milieu d’une période où personne ne paraissait s’y intéresser, au point que des gens de mon entourage trouvaient mon engouement franchement bizarre. C’est une des raisons pour lesquelles je parlais rarement musique au collège (s’il y a une période où on est jugé en fonction de nos goûts musicaux, c’est bien celle-là). Même si, après vérification, le groupe était séparé depuis à peine quatre ou cinq ans lorsque je m’y suis intéressée. Mais finalement, écouter un groupe totalement passé de mode et anticiper avec huit ans d’avance la période où tout le monde va s’y remettre en vous infligeant du Dancing Queen à longueur de soirées et autres mariages… est-ce qu’on ne pourrait pas appeler ça une forme d’avant-gardisme ? J’étais balèze, à dix ans, mine de rien.

 

 

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Nancy, ville gastronomique

Comme annoncé la dernière fois, ce passage à Nancy à l’occasion du « Livre sur la place » fut très gastronomique. Trois restaurants testés et approuvés ce week-end. D’abord « Chez Tony », traiteur italien que nous avions déjà repéré la dernière fois dans un marché couvert et où j’avais regardé des collègues de Bragelonne s’envoyer des parts d’un tiramisu franchement alléchant. J’ai testé les pâtes aux épinards et au basilic avec sauce au fromage (slurp), le pain à l’huile (re-slurp) et la panna cotta (idem). Restau officiellement approuvé par notre camarade Adriana Lorusso qui s’y connaît en la matière vu qu’elle est italienne. Samedi soir : la « Table du bon roi Stanislas » (filet de sandre pané, massepain aux cerises avec mousse au chocolat). Dimanche midi : « L’Arrosoir » plus près de la place Stanislas (poulet mariné au gingembre et un nougat glacé au coulis de kiwi que vous pouvez admirer ci-contre) – à noter que le menu affiche près de l’irish coffee un irish mirabelle dont l’intitulé m’a laissée songeuse. On y trouve également une pizza « Jean-Claude Duss ». J’ai aussi goûté des meringues à la mirabelle et rapporté un petit stock de bonbons à la bergamote. J’ai un peu l’impression de faire ma Poppy Z. Brite, mais ça me donne faim rien que de rédiger ces lignes.

 

(Veuillez pardonner cette interruption mais l’auteur de ce blog vient de s’absenter pour aller fouiller dans le frigo.)

 

À Nancy, à part les restaurants, il y a donc le festival « Le Livre sur la Place » où l’on voit défiler beaucoup de visiteurs en se disant qu’ils ne s’arrêteront jamais pour regarder vos livres, et où l’on se surprend finalement à discuter avec pas mal de lecteurs – j’ai parlé à un certain nombre de personnes déjà croisées aux Imaginales d’Épinal en mai, et ça, mine de rien, ça fait vraiment plaisir. Parmi les faits notables (ou pas) du week-end :

 

Laurent Genefort et Adriana Lorusso ont connu quelques moments de solitude lorsque leurs livres ont servi d’accoudoir à la file venue photographier Richard Bohringer au bout de notre table, et accessoirement lui acheter ses livres. Dans ce genre de salons qui invite des pointures, l’effet « vu à la télé » a toujours quelque chose de surréaliste, entre la façon dont les gens sortent leur portable pour prendre une photo souvenir, même de loin, et la familiarité dans le ton de certains quand ils s’adressent aux vedettes. C’est quelque chose que je peux comprendre, pour l’avoir vécu quand je rencontrais des musiciens que j’admire et avoir éprouvé cette impression de familiarité bizarre et forcément factice. Mais c’est assez curieux à voir dans les salons où signent des vedettes de la télé (je l’ai un peu constaté samedi, lorsque j’ai eu Pierre Bonte comme voisin de signature pendant deux heures et que tout le monde lui parlait du Petit rapporteur).

 

J’ai eu quelques discussions avec ma très sympathique voisine Elisabeth Barrière sur notre expérience des salons et sur nos « bizarres » respectifs. Par bizarres, comprenez : la galerie de personnages décalés ou carrément à l’ouest qu’on croise dans ces manifestations. Les gens qui vous posent des questions hallucinantes (comme ce type qui m’affirme que si j’écris du fantastique, « c’est parce que vous êtes jeune, ça ne se faisait pas à mon époque », et moi de me retenir de lui balancer Maupassant à la figure). Ceux qui vous racontent leur vie. Ceux qui vous confondent avec un panneau indicateur parlant (« Il est où M. Bohringer ? » « Vous avez des livres sur la bière et la limonade ? »). Ceux qui passent une heure à vous détailler leur culture SF sans jeter un œil à vos livres et qui cherchent à vous refiler leur collection de cassettes Mad Max (celle-ci est dédiée à Jess Kaan s’il passe par là, ça lui rappellera des souvenirs). Un jour, il faudra qu’on recense les cas les plus gratinés, c’est toujours distrayant. Rien qu’au salon de Nice cette année, on en a collectionné quelques magnifiques spécimens avec Pierre Pevel.

 

J’ai reçu la visite d’un lapin cénobite tout droit sorti d’une version animalière et miniature de Hellraiser. Sa maîtresse m’a d’ailleurs montré la photo de trois autres lapins cénobites existants – épatée, que j’étais. Pour l’anecdote, vous le voyez poser ici sur la magnifique couverture de Vélum de Hal Duncan, que venait de me donner sa traductrice Florence Dolisi qui fait rien qu’à dire que c’est vachement bien. Ladite couverture est signée de Daylon qui fait rien qu’à dire que c’est vachement bien. Ils finissent par donner envie de le lire, à force. Pour avoir croisé Hal Duncan à la convention mondiale de Glasgow en 2005, je garde un bon souvenir du bonhomme, ce qui a toujours tendance à faire remonter un livre sur ma pile de lecture. Même quand il pèse 666 pages (authentique).

 

– Alors que je me disais que ça faisait un bail que je ne m’étais pas amusée à faire des autoportraits dans des chambres d’hôtel, collection commencée à Saint-Malo en mai, j’ai eu la surprise de découvrir dans ma salle de bains deux miroirs perpendiculaires qui permettaient de se photographier en double. On doit pouvoir obtenir de bien meilleures photos que celles que j’ai faites samedi soir, mais je me suis bien marrée à tester les différents angles. Il a quand même fallu que je m’arrête à un moment donné, j’aurais eu l’air très con si je m’étais mise en retard pour le restaurant à cause d’une histoire de photos dans le miroir de ma salle de bains. J’en posterai certainement quelques-unes sur Flickr.

 

En un mot comme en cent, c’était vraiment chouette de reprendre les salons. La semaine prochaine, retour à Liévin (je me demande d’ailleurs si ce n’était pas là qu’avait eu lieu l’incident dit des « cassettes de Mad Max » il y a trois ans).

 

 

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Des mariages, des salons, des histoires de lumière

 

D’aucuns se plaignaient récemment que je ne mettais pas assez souvent ce blog à jour et que la tonalité en était un peu « schtroumpf grognon » sur les bords. Je profite donc d’un grand regain d’énergie saisonnier pour poster à nouveau et rappeler que les salons reprennent ces jours-ci et que je repars ce week-end à Nancy pour « Le Livre sur la Place ». L’expédition Bragelonne se composera de Laurent Genefort, d’Adriana Lorusso, de Maggie Furey et de Pierre Pevel, qui triche puisqu’il habite déjà Nancy mais qui se rattrape en nous donnant des adresses où bien manger (je sens que ce week-end va être gastronomique). Quand je ne suis pas en train de râler sur l’heure de départ très matinale, je suis impatiente d’y être. Il y a des détails qui me manquent, mine de rien : le café pris le matin dans le train avec les collègues, le petit déjeuner à l’hôtel, le simple fait de dormir à l’hôtel (j’y dors beaucoup mieux que chez moi), sans parler des salons eux-mêmes et des rencontres qu’on y fait. Enfin bref, c’est reparti pour un tour.

 

À ce sujet d’ailleurs, quelques précisions par rapport au planning annoncé la dernière fois. Le café littéraire du 4 octobre a été confirmé, il se déroulera au Kata Bar en compagnie de Charlotte Bousquet, de l’illustrateur Alain Mathiot et de Lionel du fanzine Borderline. Le thème sera : « Les monstres : aimer les haïr, haïr les aimer ». Quant à la signature du 18 octobre, elle aura lieu à la librairie « Au comptoir des rêves » à Reims en compagnie de Claude Mamier. Il devrait y avoir des animations, notamment des lectures d’extraits de nouvelles, mais je reparlerai de tout ça en temps et en heure.


À part ça, quoi de neuf ? Des mariages autour de moi, et ça me fait tout drôle. Je précise que dans mon entourage, on se marie très peu, et je n’avais encore jamais, avant cette année, assisté à un mariage d’amis. Je viens d’en enchaîner trois dans des circonstances très différentes. La première fois, je n’ai assisté qu’à une partie du repas. La deuxième fois, c’était plus informel et ça ressemblait plus à une grosse teuf entre amis (c’était d’ailleurs très cool). Et je trouve intéressant que le premier mariage d’amis auquel j’assiste du début à la fin, avec la mairie, l’église, le vin d’honneur, le repas, la totale, soit celui d’un couple que j’ai rencontré en jouant à World of Warcraft. Ce qui en dit long non pas sur ma nature de geek mais sur la façon dont les jeux vidéo ont évolué ces dernières années. On en a l’image d’une activité qui isole alors qu’il arrive qu’elle rassemble (cela dit, à l’époque du collège, échanger des disquettes de jeux sur Amstrad faisait partie des rares activités qui me permettaient de socialiser un peu). Ce qui m’a frappée ce week-end, comme la première fois où j’avais rencontré en chair et en os plusieurs membres de ma guilde de WoW, c’est l’impression de familiarité et de complicité immédiate. On croise d’abord des gens sous forme d’un tas de pixels, ensuite on découvre leur visage en photo, on apprend à connaître leur voix quand on parle sous Teamspeak lors des raids et des instances, et puis on se fait une image de la personne qui se cache derrière le personnage. Une image qui se révèle incroyablement juste quand on la rencontre « en vrai » pour la première fois. De fait, on partage pas mal de choses, de gros délires et de bons moments, avec des gens qu’on a assez peu rencontrés mais dont on a réellement fait la connaissance à travers le jeu. Certains peuvent même devenir des amis. Je trouve ça fascinant.

 

Je vous laisse imaginer ce que peut être un repas de mariage qu’on passe à une table de geeks particulièrement remontés. On a dû passer pour une tablée de gros débiles, mais il y a longtemps que je ne m’étais pas autant marrée. Le mariage lui-même était très chouette (même pour moi qui n’ai jamais bien compris l’intérêt de ce genre de fête). Un détail m’a bien amusée : au milieu d’une décoration très soignée, très jolie et vraiment personnalisée, découvrir la petite touche geek apportée par des plans de table dessinés façon Star Trek, vu que les mariés et plusieurs de leurs témoins ont beaucoup pratiqué le jeu de rôle. Chacune des tables portait le nom d’un vaisseau, chaque personne se voyait attribuer un grade. J’adore quand les gens sont capables de faire des trucs absolument pas sérieux le plus sérieusement possible. Pour moi, c’était la petite touche qui donnait tout son sel à l’ensemble. (Pour ceux qui se poseraient la question, la « photo » ci-dessus représente ma démoniste en grande tenue la fois où elle a assisté au mariage de deux de ses camarades taurens. Oui, on a déjà fêté des mariages dans WoW. On est geek ou on ne l’est pas.)

 

Comme on peut s’y attendre, j’ai passé une bonne partie de la journée à prendre des photos. Ce qui m’a fait prendre conscience d’une légère frustration : j’ai l’impression d’être coincée à un stade intermédiaire dans l’apprentissage, qui occasionne pas mal de dialogues de sourds. Notamment avec les gens qui ne s’intéressent pas forcément à la photo ou qui se servent de leur appareil uniquement pour garder des souvenirs, sans s’intéresser aux cadrages, à la composition, etc. De fait, j’ai l’impression que je supporte de moins en moins de me faire vanner parce que je mitraille sans arrêt, ou encore parce que je refuse d’utiliser mon flash. Je n’arrive pas toujours bien à faire comprendre que si je le fais, c’est pour une raison précise. C’est comme si on me demandait « à quoi ça sert d’écrire trois pages si c’est pour en couper une ensuite ? » Je suis très loin d’être au point, surtout quand je vois certaines personnes, dans mon entourage, qui en plus d’avoir du meilleur matériel et une plus grande expérience, possèdent aussi un regard, un style et un talent vraiment personnels. Je sais que je n’atteindrai jamais ce stade-là, et quelque part, je ne le cherche pas vraiment. Mais j’ai une idée de plus en plus précise de ce que j’essaie de faire, je tâtonne pour y arriver, j’y parviens de temps en temps, et ça m’énerve un peu qu’on me vanne là-dessus sans comprendre que ça fait partie de l’apprentissage. C’est peut-être excessif, mais je fonctionne comme ça. Si je prends douze photos pour n’en garder qu’une, c’est parce que je sais qu’à ce stade il me faut au moins ça pour obtenir la bonne combinaison d’expression/lumière/réglages qui donnera une photo où il se passe réellement quelque chose – sans parler du facteur aléatoire qui fait survenir les détails les plus improbables pile au moment où l’on prend la photo (surtout dans le cas particulier des concerts).

 

Mon obsession du moment, qui explique mon refus du flash dans un premier temps, c’est la lumière et le relief. C’est curieux comme l’apprentissage de la photo fonctionne par déclics : à un moment donné, je comprends intuitivement un truc qui m’avait échappé jusque là et je tourne en boucle pendant des mois jusqu’à avoir acquis un semblant de maîtrise. Depuis cette année, peut-être depuis que j’ai reçu mon Canon G9, j’ai l’impression d’avoir appris à voir la lumière différemment. C’est à la limite du sixième sens : j’entre dans une pièce et je vois immédiatement la façon dont la lumière se pose sur les objets, les gens, l’ambiance qu’elle crée et les photos qu’on pourrait faire (le fait que j’envisage de déménager pour un appartement moins sombre que mon cagibi du rez-de-chaussée doit y être pour quelque chose). Du coup, j’ai des moments de frustration absurde quand je suis fière comme un pou d’une photo qui a pile le relief que je voulais, parce que j’ai réussi à capturer pile la bonne lumière, mais que je suis la seule à le voir. Le plus rigolo, compte tenu du fait que je sois très loin d’être au point, c’est que je me découvre un côté élitiste face aux photos des autres, notamment dans le regard hyper critique que je porte que les photos faites au flash – pas le flash maîtrisé des pros, mais le flash utilisé n’importe comment et qui donne des photos sans relief et aux couleurs fades. Quelque part, je vois que j’ai progressé. Pas encore assez, mais c’est un début.

 

Et maintenant, la rubrique musicale du jour. L’album d’Amanda Palmer avec lequel je rebats les oreilles de tout le monde depuis que j’ai interviewé la dame en juin vient de sortir, il est largement à la hauteur de mes attentes et j’en parle plus en détail ici. Je suis aussi en train de jeter une oreille sur le nouveau Calexico mais je ne sais pas encore ce que j’en pense. Aucun de leurs albums ne m’a autant marquée que The Black Light il y a dix ans, mais je trouve intéressant de voir leurs diverses tentatives pour échapper à l’image qui leur colle à la peau – on dirait qu’après avoir créé un son vraiment reconnaissable sur The Black Light, à base de cuivres et d’un mélange d’americana et de sonorités hispaniques, ils ont passé dix ans à tâtonner pour éviter de tourner en rond, et c’est finalement cette impression de recherche qui rend leur musique si attachante. Le dernier concert que j’avais vu d’eux au Bataclan m’avait laissée sur une impression mitigée, comme si une démarche autrefois spontanée tournait à la formule, mais j’ai hâte de les revoir à la Cigale le mois prochain. Ne serait-ce que pour admirer une fois de plus le jeu de batterie fluide et hypnotique du génial John Convertino.

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