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Veronica Mars, saison 1

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En attendant la nouvelle saison de Game of Thrones et parce que Lost m’avait, si j’ose dire, perdue une nouvelle fois en cours de route vers la fin de la saison 5, il fallait bien se mettre autre chose sous la dent. Une série datant d’il y a déjà quelques années et qu’on m’avait souvent conseillée s’est alors rappelée à mon bon souvenir. Sur le papier, l’histoire d’une adolescente dont le père est détective privé et qui mène des enquêtes dans son lycée n’est pas forcément très engageante, mais la série est beaucoup plus intelligente et habile qu’elle n’en a l’air au premier abord. Par beaucoup d’aspects, elle m’a rappelé Buffy, sans atteindre toutefois la richesse de la série de Joss Whedon. L’aspect physique et la voix de l’héroïne y sont peut-être pour beaucoup.

 

Passé les premiers épisodes où on se perd un peu dans les différents protagonistes, la série dévoile progressivement son jeu. Les personnages, justement, sont presque tous très réussis. Il y a une belle galerie de personnages secondaires, parfois assez ambigus. Keith Mars, le père de Veronica, qui se débrouille comme il peut avec sa fille adolescente depuis le départ de sa femme ; Weevil, délinquant latino plein de ressources ; Aaron Echolls, star du cinéma égocentrique et insupportable ; la richissime famille Kane dont l’histoire est étroitement liée à celle de la famille Mars ; ou encore Mac, petite génie de l’informatique, personnage très secondaire même si un très bel épisode lui est consacré, incarnée par Tina Majorino que certains se rappelleront peut-être comme enfant actrice dans les années 90.

 

Deux personnages m’ont semblé un peu moins réussis, et c’est mon seul reproche à l’encontre de cette saison 1. Veronica elle-même est un personnage parfois bancal. Parce que le côté « héroïne volontaire qui agit au lieu de broyer du noir » est un peu forcé, ce qui empêche d’éprouver la moindre empathie pour elle. Or, dans les derniers épisodes de la saison qui reviennent sur une mésaventure assez glauque qu’elle a subie, il aurait justement fallu qu’on en éprouve. Par ailleurs, j’ai du mal à la voir comme la paria qu’on nous décrit, détestée par les trois quarts des lycéens et qui redoute chaque jour de se rendre au lycée : à part quelques épisodes où elle s’en prend effectivement plein la figure, on nous montre en fait une gamine bien dans sa peau et beaucoup mieux intégrée que la plupart des ados auxquels elle vient en aide. L’autre personnage qui me gêne, c’est Lilly Kane, sa meilleure amie, qui a été assassinée lorsque débute la série. C’est d’ailleurs autour d’elle que tourne l’intrigue principale de la saison 1. La famille Mars comme la famille Kane ont été détruites par le drame. Keith Mars, persuadé qu’on a arrêté le mauvais homme, a vu sa carrière détruite ; sa femme est partie peu de temps après, et Veronica elle-même est tombée en disgrâce au lycée. Lilly apparaît dans de nombreux flash-backs au cours desquels on veut nous faire sentir un lien très fort l’unissant à Veronica. Or, on nous montre surtout une ado un peu vulgaire qui n’est pas très différente de toutes les petites garces du lycée que Veronica déteste. C’est pour moi le défaut principal de la saison 1.

 

En revanche, l’intrigue tournant autour du meurtre de Lilly est particulièrement habile et réussie, jusqu’à un dénouement qui m’a fait bondir plusieurs fois. Je suis toujours admirative devant les œuvres de fiction qui réussissent à faire passer pour des digressions des éléments qui se révèleront plus tard essentiels à l’intrigue. C’est souvent le cas ici, et ça fonctionne à la perfection. Sans compter que la résolution elle-même est réellement surprenante et satisfaisante.

 

J’ai beaucoup apprécié également l’aspect social développé en filigrane. L’histoire se déroule à Neptune, en Californie, où vivent des familles richissimes. Beaucoup d’épisodes tournent autour de la notion de lutte des classes : il y a d’un côté les vieilles familles de Neptune, qui s’accrochent à leurs privilèges établis jusque dans le fonctionnement du lycée, et de l’autre des familles beaucoup plus modestes qui survivent comme elles le peuvent dans ce système et qui cherchent parfois à prendre leur revanche. C’est le moteur d’un certain nombre d’affaires sur lesquelles enquête Veronica. Il y a quelque chose de très américain, d’ailleurs, dans la façon dont la série présente le lycée comme une micro-société impitoyable régie par des rites immuables et qui devient le théâtre de rivalités cruelles.

 

La saison 1 se dévore en un clin d’œil, et on garde en tête toute la journée la chanson des Dandy Warhols qui lui sert de générique.

 

 

 

 

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