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Une relique d’écriture

C’était il y a vingt ans, passés en un clin d’œil. Une récente visite de la collection de manuscrits de la BNF, sur l’adorable invitation de Catherine Dufour, m’a rappelé l’existence de cette relique soigneusement conservée depuis. Un cahier d’écolier à carreaux, rempli d’une écriture que je reconnais à peine – je m’entraînais à la modifier pour la rendre moins brouillonne, j’y ai renoncé peu après à la faveur du traitement de texte. Deux dates y figurent à l’encre noire, au début et à la fin du texte. Il fut commencé le 6 juillet 1998 et terminé le 19, soit treize jours, bien plus que je n’en prends désormais pour rédiger le premier jet d’une nouvelle.

L’été 1998, période de transition, de canicule, de concerts et de promenades dans un Paris adoré que j’habitais depuis un an. La fin des études, le début d’une période de chômage, de petits boulots et d’incertitude. J’écrivais depuis environ quatre ans mais au cours de cette année de DESS de traduction littéraire pour laquelle je m’étais installée à Paris, j’avais quasiment cessé ; le regard porté par mes professeurs sur la littérature, et toute cette année passée à travailler pour ainsi dire les mains dans le cambouis, m’avaient sans doute intimidée

Mais pendant cet été-là, une nouvelle est née. Elle s’appelait « Le Nœud cajun ». Quand je la relis aujourd’hui, elle me rappelle les goûts qui étaient alors les miens. J’écoutais Nick Cave, Tarnation et Sixteen Horsepower ; elle en garde des traces visibles de moi seule. Je rêvassais de ce Sud mythique des États-Unis découvert dans les livres et films ; son versant littéraire chez Carson McCullers ou gothique chez Poppy Z Brite, dont ce texte porte résolument la marque (celle des Contes de la fée verte en particulier). J’avais eu envie, par jeu, de m’essayer à ces ambiances moites et lourdes, et tellement visuelles. Une image était née à l’écoute d’une chanson de Tarnation : un homme, Eugene Ellis, assis devant chez lui, par un été de canicule, l’expression sévère et le fusil à la main. Il attend quelque chose ou quelqu’un. Un drame est arrivé. Tout est parti de là : de l’envie de savoir moi-même ce qui avait bien pu se dérouler sous le toit de cette petite maison perdue dans la campagne, dont les habitants s’isolaient soudain. Quelque chose d’affreux, forcément ; mes goûts me portaient encore vers ce fantastique-là.

C’est le dernier texte que j’ai jamais écrit à la main ; c’est aussi le premier que j’ai vendu, trois mois plus tard. J’avais senti intuitivement en le rédigeant que quelque chose s’était dénoué en moi, sans doute nourri par le travail sur l’écriture effectué tout au long de cette dernière année d’études. Les mots coulaient différemment et sonnaient plus nettement. Je prenais un plaisir immense à les agencer, puis à les relire à haute voix. Si je me replonge dans cette nouvelle aujourd’hui, je la trouve un peu naïve dans sa vision du monde, un peu tape-à-l’œil dans ses effets ; mais je sais qu’à sa façon, elle fonctionnait plutôt bien. Deux ans plus tard, en juin 2000, elle paraissait dans l’anthologie De minuit à minuit et commençait à m’ouvrir des portes. Je n’oublierai jamais l’euphorie absolue de cette soirée d’octobre 1998 où j’ai trouvé sur mon répondeur le message de l’anthologiste Daniel Conrad m’apprenant qu’il souhaitait publier ce texte ; c’est un de ces moments qui font qu’une vie bascule. On croit, sur le moment, que cette première publication est une fin en soi. En réalité, c’était le début d’une longue histoire. Il y a vingt ans cet été, j’ai appris à écrire. Vingt ans plus tard, j’apprends toujours.

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Pleine lune sur Manderley

Bifrost77

Cette fois, ça est : le numéro 77 de la revue Bifrost, dans lequel m’est consacré un dossier, vient de paraître. Vous y trouverez une longue nouvelle inédite, “La clé de Manderley”, qui parle de cinéphilie et du rapport qu’on entretient à ses souvenirs d’enfance, ainsi qu’une interview kilométrique réalisée par Richard Comballot, qui revisite mes 38 années d’existence sur 40 pages, photos d’époque comprises. Ce numéro propose aussi des nouvelles de Stéphane Beauverger et Greg Egan, des chroniques de livres et les rubriques habituelles.

Notez que Le Bélial, à cette occasion, propose gratuitement pendant tout le mois de janvier la version numérique de ma nouvelle “Le Dit de la pleine lune”, parue à l’origine dans la revue Mythologica.

Quelques news récentes en vrac : je devrais bientôt vous reparler des adaptations musicales de mes nouvelles ; je participerai le 7 et 8 mars au salon des Oniriques de Meyzieu, avec un concert des Deep Ones prévu le samedi en fin d’après-midi ; et parmi les chroniques récentes consacrées au Jardin des Silences, j’ai été particulièrement touchée par celle de Pierre Pelot reprise depuis dans Le Républicain Lorrain.

Et pendant ce temps, j’apprends en temps réel qu’écrire des paroles de chansons pour un projet musical existant ressemble à une partie de Tetris où l’on tenterait de faire entrer des contraintes de narration dans des contraintes de rythme. Exercice instructif, mais pas simple.

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Mille-feuille numérique

Anniversaire

À l’occasion des 20 ans de l’excellente librairie toulousaine Bédéciné, et à l’initiative de la non moins indispensable Cathy Martin, le blog de la librairie publie un « mille-feuille » de courtes nouvelles offertes par des amis auteurs. Parmi elles, ma nouvelle « Emily » qui avait connu une première publication en 2008. La liste des textes disponibles est visible à partir de ce lien. N’hésitez pas à farfouiller, il y a du beau monde. Joyeux anniversaire Bédéciné !

Bragelonne, de son côté, fête une autre occasion : celle du million d’exemplaires vendus dans le catalogue numérique de l’éditeur. Les détails de l’opération spéciale lancée pour marquer l’événement, baptisée OP1000K, sont disponibles sur le site officiel. Bragelonne propose notamment une collection gratuite baptisée les « Essentiels » qui présentent des extraits de romans regroupés par genre. Les premières pages d’Arlis des forains sont au sommaire des Essentiels du fantastique #1, aux côtés d’extraits d’ouvrages de Kim Newman, Jeanne Faivre d’Arcier, Tim Powers, Pierre Pelot, Christopher Golden, Mathias Moucha, Cécile Duquenne, Silène Edgar et Sarah Pinborough. À partir de demain et jusqu’à dimanche, l’opération proposera également un certain nombre de romans en numérique au prix modique de 0,99 €. Affaire à suivre.

Pendant ce temps, mon Jardin des silences approche tout doucement de son premier mois d’existence. Quelques avis fleurissent ici et là sur des blogs et sites : sur Yozone, sur les blogs Parcelles brillantes, Reflets de mes lectures, Bibliocosme et sur celui de Richard Ely.

Selon l’expression consacrée : jusqu’ici, tout va bien.

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Agenda de printemps

 

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Quoi de plus agréable que de voir coïncider ma période préférée de l’année, celle où les premiers rayons de soleil commencent à dissiper l’hiver, avec le moment où ce que sera mon année 2014 commence à se préciser ? Beaucoup de choses petites et grandes bougent en sous-marin depuis quelques semaines. Il est trop tôt pour en parler, comme souvent, à ma grande frustration. Je me contenterai d’évoquer une nouvelle à paraître dans quelques mois, deux invitations à des salons avant l’été dont l’un en compagnie des Deep Ones, un projet d’écriture un peu particulier, une nouvelle expérience intéressante à vivre cet automne. Pour le reste, motus en attendant que les choses se confirment. Mais l’année promet d’être aussi chargée sinon plus que le fut 2013 (dite « l’année des grandes premières et du jonglage de casquettes »).

 

Ce que je peux vous annoncer officiellement, en revanche, c’est la parution d’une nouvelle inédite, « Le dit de la pleine lune », dans le numéro 2 de la revue  Mythologica. Le numéro en question étant consacré à Lovecraft, avec un dossier coordonné par Christophe Thill, la consigne de départ était que la nouvelle présente un lien même ténu avec son œuvre. J’ai choisi de jouer sur l’ambiance et les thématiques lovecraftiennes plus que sur des référents directs qui auraient fait pencher le texte vers le pastiche. Une voyante, un tirage de cartes, un client qui en sait plus qu’il n’y paraît – et il se passe, bien entendu, des choses indicibles.

 

Je peux également annoncer ma présence au festival Zone Franche le samedi 5 avril, où je participerai aussi au quatrième concert des Deep Ones. Celui-ci se déroulera à la médiathèque de Bagneux et nous y accueillerons un nouveau membre en la présence de Laurent Kloetzer. Entrée libre mais réservation obligatoire.

 

Je signale également au passage la parution quasi simultanée de deux de mes traductions récentes. Légion, novella loufoque de Brandon Sanderson qui m’a valu quelques fous rire en cours de traduction ; et Le Dernier hiver de Dani Lancing de P.D. Viner, polar vaguement teinté de fantastique qui n’est peut-être pas totalement exempt de quelques défauts de débutant, mais qui m’a vraiment touchée par sa manière d’aborder le thème du deuil impossible qui détruit la vie des proches d’une jeune fille assassinée.

 

 

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Les Profonds prennent la route

Bouclage de traduction précédant un bouclage de valise, où l’on se demande combien d’imperméables emporter et quelle robe s’assortit le mieux aux bottes de caoutchouc. En d’autres termes : Epinal J-1. Je serai aux Imaginales du jeudi après-midi au dimanche soir. J’y participerai à deux tables rondes (« Le fantastique » le samedi, « Un dernier pour la route » le dimanche) et j’y présenterai une nouvelle au sommaire de l’anthologie toute neuve Coups de cœur des Imaginales parue chez ActuSF. La nouvelle s’intitule « Trois renards », on y croise des musiciens, des animaux, et une narratrice confrontée à un moment-clé de sa vie. ActuSF m’a d’ailleurs posé quelques questions à ce sujet.

 

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Demain soir, ce sera aussi l’occasion d’une grande première avec le concert du projet The Deep Ones, qui proposera des lectures sur fond d’improvisations musicales. L’idée étant que tous les participants, lecteurs ou musiciens, appartiennent au milieu de l’édition. J’ai fait hier quelques essais de lecture sur des suggestions de thèmes musicaux : l’expérience est encore plus grisante que je ne m’y attendais. Il y a aura des tâtonnements, bien sûr, sans doute des ajustements nécessaires, mais il devrait aussi se passer de belles choses.

 

Rendez-vous demain à 20h au Magic Mirror 2 pour ceux qui voudront tenter l’expérience. Les autres, à dans quelques jours ici même pour en reparler.

 

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