Le 26 juin dernier, quelques mots publiés ici même ont changé ma vie en profondeur. J’ai dévoilé une partie de mon histoire que je gardais secrète jusqu’alors et, ce faisant,
reçu de nombreuses réactions que je n’attendais pas, qui m’ont chamboulée et poussée à prolonger ma réflexion sur les sujets abordés : la norme et la différence, le regard des autres, le célibat, la solitude et les présupposés qu’on y attache, la difficulté de se construire quand on n’est “pas comme les autres”. À plus forte raison lorsqu’on ne vous croit pas, parce que vous correspondez à un cas de figure qui ne porte pas de nom précis et n’apparaît jamais dans les médias ou la fiction. Il y en avait d’autres comme moi, et je ne le savais pas.
Au cours des semaines qui ont suivi, un autre texte est né, qui prolonge ce billet. Un court livre de non-fiction, du format d’une novella, qui est une sorte de témoignage personnel. Il parle aussi, entre autres choses, d’écriture, de la façon dont on s’y dévoile ou non lorsqu’on passe sa vie à cacher ce que l’on est, et de ce qu’une prise de parole transforme ensuite dans votre rapport aux autres. C’est une forme de cliché de dire qu’un texte s’écrit tout seul mais ce fut le cas de la première version de celui-là, rédigée en moins de dix jours. Ce qui m’a d’autant plus étonnée que je me trouvais depuis un an dans une période de blocage pour l’écriture de fiction.
Ce texte s’apprête maintenant à voir le jour. Il sera publié cet automne chez Dystopia Workshop avec qui j’ai déjà collaboré à deux reprises, d’abord sur le recueil de Lisa Tuttle, Ainsi naissent les fantômes, dont j’avais sélectionné et traduit les nouvelles, puis sur le projet collectif Adar – Retour à Yirminadingrad. Il s’appellera Nous qui n’existons pas. Il sera illustré par Stéphane Perger et agrémenté d’une postface de Léo Henry, dont la route revient régulièrement croiser la mienne depuis nos débuts autour de l’an 2000 et qui a fait partie des tout premiers lecteurs de ce témoignage.
Bien que Dystopia, jusqu’à présent, n’ait publié que des ouvrages de fiction, il leur a semblé que ce texte s’inscrivait malgré tout dans leur ligne éditoriale car il rejoint les thématiques abordées par d’autres auteurs maison. Ils s’en sont expliqués il y a quelques jours sur leur blog.
Je suis ravie que l’occasion me soit ainsi donnée de vous présenter ce texte un peu hybride, un peu étrange à définir, et forcément très particulier pour moi. Je me réjouis d’autant plus de le savoir en de si bonnes mains et d’être entourée par l’équipe de Dystopia pour tenter cette expérience nouvelle, pour moi tout autant que pour eux.
Rendez-vous cet automne, donc. J’ai hâte que vous puissiez lire ces pages.